L’ancien ministre estime que « l’Etat est un acteur qui doit parler de manière indifférenciée à tous mais depuis plusieurs années, le sentiment s’est installé qu’il ne s’adresse qu’aux loyalistes. Le consensus n’a pas été réuni ».
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« Nous n’allons pas en Nouvelle-Calédonie en force, au risque de soulever une tempête », souligne mercredi 15 mai sur franceinfo l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, qui fut rapporteur en 2015 de la mission permanente d’information sur l’avenir institutionnel de l’archipel. Les émeutes survenues après le vote d’un texte élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie ont fait quatre morts, dont un policier.
Jean-Jacques Urvoas écrivait en septembre dernier que les propositions sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie n’allaient pas aboutir à un consensus. « De nombreuses personnes ont fait part de leurs inquiétudes au gouvernement. En Calédonie, la loi n’est pas écrite par la force »il se souvient. « L’État est un acteur qui doit parler de manière indifférenciée à tous mais depuis plusieurs années, le sentiment s’est installé qu’il ne s’adresse qu’aux loyalistes. Le consensus n’a pas été atteint »il croit.
L’état d’urgence demandé par Emmanuel Macron est « la preuve d’un échec collectif« , selon l’ancien garde des Sceaux. « Tous les négociateurs n’ont pas réussi. Les loyalistes et les séparatistes n’ont pas réussi à convaincre en dehors de leur camp.»souligne-t-il. « On a le sentiment qu’on remonte 30-40 ans en arrière sur les questions d’ordre public. »
Emmanuel Macron a annoncé que le Congrès qui doit valider la réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral ne se réunirait pas avant fin juin, pour laisser place aux discussions. Jean-Jacques Urvoas voit cette date comme un ultimatum. « Pourquoi une telle précipitation ? Nous ne sommes pas dans des semaines ou des mois. Ce qui est en jeu ici, c’est un avenir durable. »il explique. « En Océanie, le temps ne se compte pas comme en Occident. Il faut accepter que le poids de la coutume, des palabres en Océanie est déterminant, donc il faut dire qu’on va discuter.»