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« On ne va pas faire la guerre uniquement aux robots », estime le général Jean-Patrick Gaviard

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Elon Musk a notamment critiqué l'avion de combat F35. Photo illustrative. (SONNY TUMBELAKA / AFP)

Le bras droit de Donald Trump a attaqué lundi des avions de combat modernes, affirmant que les drones représentaient l’avenir des conflits aériens.

Des avions de combat avec un pilote submergé par les drones ? Le patron de SpaceX et Tesla, Elon Musk, a ciblé sa plateforme X « avions de combat avec pilotes » OMS « sont obsolètes à l’ère des drones ». Le milliardaire, à la tête d’une commission chargée de réduire les dépenses du gouvernement fédéral américain, s’en est spécifiquement pris au F-35, l’avion de l’armée de l’air américaine depuis son entrée en service en 2015. « Pendant ce temps, vous avez des idiots qui construisent encore des avions de combat habités comme le F-35. »dit-il.

« Les avions de chasse deviennent de plus en plus chers avec une maintenance compliquée »reconnaît le général Jean-Patrick Gaviard, ancien commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes. Mais selon lui, les drones ne remplaceront pas les avions de combat habités mais les accompagneront plutôt.

franceinfo : La proposition d’Elon Musk de remplacer les avions de combat par des drones est-elle envisageable ?

Jean-Patrick Gaviard : Je ne pense pas. Ce qui est clair pour les armées françaises et même pour les armées occidentales, c’est que les successeurs des avions de combat se traduisent aujourd’hui par des visions dites de « système de systèmes ». C’est-à-dire que l’avion de combat se trouve au milieu d’un système composé d’avions de combat, d’avions de reconnaissance, d’avions d’écoute et de drones.

Les avions de combat habités ne sont donc pas « obsolètes », comme le prétend Elon Musk ?

Non, il y a bien une priorité donnée aux avions pilotés qui contrôlent des essaims de drones. Les Américains et les Anglais y travaillent notamment. Pour le remplacement du Rafale dans les années 2040, le programme en cours s’appelle le Système aérien de combat du Futur (Fcas). Les concepteurs travaillent sur un « système de systèmes » dans lequel l’avion de combat piloté serait au cœur et entouré d’essaims de drones.

« Les drones doivent permettre au pilote d’avoir une meilleure connaissance du camp adverse, et de pouvoir réaliser des missions au profit de cet avion piloté. Mais au final, c’est le pilote qui pourra prendre ou non les décisions. « 

Jean-Patrick Gaviard, ancien commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes

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Pourquoi Elon Musk « cible » les avions de combat habités ?

Si Elon Musk dit ça, je pense que derrière c’est parce qu’il est au cœur de ce qu’on appelle l’IA, c’est-à-dire l’intelligence artificielle, ou plutôt – je préfère ce terme – l’intelligence augmentée. Pour lui, cette IA peut surpasser les humains. Il y a un intérêt, car elle est très en avance sur l’IA. Pour lui, parler de drones ouvre tout un marché. Mais je pense que les constructeurs américains d’avions de combat réagiront et ne se laisseront pas dépasser par les drones. Les constructeurs américains et européens ne joueront pas cette carte car les forces aériennes occidentales sont déjà dans des « systèmes de systèmes ».

A-t-il raison lorsqu’il explique que le F-35 a une conception « complexe et coûteuse » ?

Le F-35 coûte très cher, c’est vrai. Les avions de combat deviennent de plus en plus chers et nécessitent une maintenance compliquée. Ces avions ont des spécifications de plus en plus complexes car les systèmes sol-air deviennent également de plus en plus efficaces. C’est ce qu’on appelle un déni d’accès, ce qui signifie qu’il est très compliqué de se rendre dans un endroit lourdement défendu par des missiles sol-air. Nous le voyons aujourd’hui en Ukraine. Il faut donc disposer d’un avion très efficace pour le combat aérien et le largage d’armes mais également capable d’esquiver les défenses sol-air. Pour que ce soit le cas, ils doivent être furtifs tout en restant manœuvrables, ce qui est rarement le cas des avions furtifs. Cela devient des choses très compliquées à concevoir. Les drones sont peut-être plus facilement « utilisables », car effectivement un pilote qui tombe dans les lignes ennemies peut avoir des conséquences politiques et humaines très graves, mais on ne va pas faire la guerre uniquement avec des drones.

Pourquoi utiliser uniquement des drones est-il contraire à l’éthique ?

Les démocraties occidentales veulent être éthiquement correctes et expliquer qu’elles respectent le droit des conflits armés. Alors si vous ne combattez qu’avec des drones contre une population, vous n’êtes pas dans la vision des démocraties occidentales. L’intelligence artificielle doit être au service de l’humain et non l’inverse.

 » L’IA peut proposer des solutions au pilote, mais c’est finalement l’homme qui décidera. Selon moi, l’IA et l’homme se complètent bien pour pouvoir trouver la meilleure solution opérationnellement quand on est en un conflit. »

Jean-Patrick Gaviard, ancien commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes

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Les drones ont clairement un intérêt mais pas totalement aujourd’hui. Pour le Rafale qui sera disponible en 2030, le standard F5, il y a déjà ce concept de drone qui accompagnera l’avion au combat. Alors progressivement, on s’oriente vers cette solution du couple drone-Rafale et non du couple drone-drone.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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