« On ne tombe pas sous l’emprise d’un escroc par hasard » : Sandrine Cohen retrace la descente aux enfers de la famille Védrines dans un documentaire
Jusqu’où peut-on plonger dans l’horreur ? Pendant neuf ans, la famille Védrines a été confrontée à la question. En partie inconsciemment : le clan aristocratique et protestant se retrouve sous l’influence du gourou Thierry Tilly. Mais aussi en partie consciemment : les relations au sein de la famille étaient marquées par la trahison et la concurrence féroce entre les héritiers.
Tout a commencé en 1999, dans les couloirs du lycée professionnel Femme Stratégie, à Paris. Chargé de l’entretien des lieux au travers d’une de ses sociétés, Thierry Tilly rencontre Ghislaine de Védrines, alors directrice. Leur relation, d’abord professionnelle, se consolide. Ils finissent par devenir amis. Le piège se resserre. Éternellement mise au ban du clan car jugée trop indépendante, Ghislaine de Védrines est vulnérable.
L’arnaqueur profite de cette faille et s’impose à la famille. Les Védrine tombent sous son charme, dilapident leurs avoirs financiers et immobiliers, plongent dans la paranoïa, s’enferment dans leur maison de Talade, en Angleterre. En retraçant le fil de cette histoire, la documentariste Sandrine Cohen nous aide à comprendre les rouages de cette affaire, entre fascination et étonnement.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler sur le sort des « reclus de Monflanquin » ?
Les reportages nous en disent long sur l’état de la société. Cette histoire m’a intéressé lorsqu’elle a éclaté au grand jour, avec le procès de Thierry Tilly en 2012. Puis, je l’ai oubliée, comme beaucoup d’entre nous. C’est ma productrice, Laetitia, qui a eu l’idée d’en faire quelque chose. Je lui ai répondu : « D’accord, mais je dois commencer dès le début de l’enquête. » En revanche, je savais ce que je voulais en faire : parler d’influence. L’histoire de la famille Védrines est une manière incroyable d’aborder ce sujet qui me hante depuis de nombreuses années.