Les premières mobilisations, décidées dans chaque canton, sont annoncées cette semaine du 11 novembre dans les Côtes-d’Armor. « Des actions pour prendre le pouls de la base », comme l’explique Mathieu Lozac’h, vice-président FDSEA 22. « Nous, sur le canton de Callac, partons ce jeudi 14 novembre, à 19 heures » Une action pour prendre la température. Mais on l’imagine déjà…
Au printemps 2024, le producteur de vaches allaitantes de Plourac’h annonçait déjà des actions pour cet automne. Alors que les annonces de l’époque n’ont pour la plupart pas donné suite, pour cause de dissolution, Mathieu Lozac’h prévient : « Les agriculteurs sont en colère contre le Mercosur
ce qui accentuera encore davantage une concurrence jugée déloyale. »
« Ils veulent nous épuiser »
« En résumé, avec cet accord, l’État vend ses agriculteurs en échange de voitures, avions et hélicoptères allemands exportés vers l’Amérique du Sud. On savait déjà que le poulet brésilien arrivait en Europe. Mais là, si la porte est grande ouverte… On parle de 100 000 tonnes par an. C’est énorme ! D’autant qu’ils utilisent des OGM, des produits interdits ici depuis quinze à vingt ans. Évidemment, nous ne pourrons jamais lutter contre cela. Nous ne pourrons jamais fabriquer de la viande au même prix qu’eux. »
Autre sujet de colère, les promesses obtenues l’année dernière et non tenues. « On nous dit ‘il ne faut pas dire qu’on a rien’ mais en fait, on n’a eu que l’avance GNR et TIPP mais c’est vraiment tout, relativise Mathieu Lozac’h. Ils veulent nous épuiser mais je ne suis pas sûr qu’ils se rendent compte de l’état dans lequel se trouvent les agriculteurs. Cette année, nous avons prévenu que nous ne parviendrons pas à retenir les gars. Ce qui arrive arrivera… »
« Il faut s’attendre à des actions coup de poing »
Car la colère gronde dans les exploitations agricoles du secteur. « Pendant les travaux du maïs, les gens ne parlaient que de ça : « On en a marre. Ils ne se soucient pas de nous. Quand repartons-nous ? » » » relaye le responsable syndical.
La saison dernière, certaines actions des agriculteurs se sont déroulées sur plusieurs jours, comme sur le rond-point du Kernilien, près de Guingamp. « Une action sur trois jours, c’est fatiguant. Alors, est-ce la bonne solution ? Je ne sais pas, mais cette fois, des choses qui échappent à notre pouvoir en tant qu’organisations syndicales pourraient se produire. Il faut s’attendre à des actions musclées », prévient le vice-président de la FDSEA 22.
Si, pour l’instant, il faut « chauffer sans chauffer », prédit le dirigeant syndical, les agriculteurs étant actuellement occupés aux semailles, quand, début décembre, ils se pencheront sur la comptabilité pour faire les comptes, « ce sera quelque chose autre « …
* Accord commercial entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud qui doit être signé lors du prochain G20, les 18 et 19 novembre.