BERTRAND GUAY / AFP
Vincent Jeanbrun, député du Val-de-Marne et porte-parole du groupe « Droite républicaine » le 8 juillet 2024
POLITIQUE – Les derniers peuvent-ils vraiment devenir les premiers ? C’est un groupe réduit de députés républicains qui se retrouvera les 11, 12 et 13 septembre à Aix-les-Bains pour les journées parlementaires du « Droite républicaine « Mais malgré les sièges perdus aux législatives et le psychodrame provoqué par l’alliance du président du parti Éric Ciotti avec le RN et contre ses ouailles, le porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale Vincent Jeanbrun a bon moral.
Depuis le train qui le conduit en Savoie, le député du Val-de-Marne vante la force de son groupe politique. La nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre a remis sa famille politique au centre du jeu, et le nouveau chef du gouvernement a été invité aux journées parlementaires. A cette occasion, la participation au gouvernement, initialement écartée par le chef de file du groupe Laurent Wauquiez, a désormais reçu le feu vert des parlementaires LR.
Comment exactement ? Cette question, ainsi que celle de l’attitude à adopter à l’Assemblée nationale, seront à l’ordre du jour des discussions ce week-end. Tout se jouera en fonction du discours de politique générale du nouveau chef du gouvernement, rappelle Vincent Jeanbrun. Mais les voyants clignotent plutôt au vert pour l’instant. Entretien.
Comment abordez-vous cette rentrée après la séquence politique que nous venons de vivre ?
Vincent Jeanbrun : C’est une belle rentrée scolaire. D’abord parce qu’il y a dans le groupe » Droite républicaine « une cohésion très forte autour de la ligne décidée en juillet dernier. Ensuite, nous avons la chance d’avoir un président de groupe qui est irréprochable : sur le leadership, dans sa capacité à tenir les lignes et à négocier avec le président de la République et les autres forces de l’Assemblée, et surtout, irréprochable en termes de démocratie interne au groupe.
Vous avez recueilli moins de 6% des voix aux législatives et le Premier ministre est toujours issu de vos rangs. Les Républicains ont-ils réussi le coup du siècle ?
La droite républicaine, par sa volonté de rester dans une logique de construction, a été un élément pivot pour débloquer la situation. Quant au mot « tenir bon « … Si le Parti socialiste n’avait pas rejeté la candidature de M. Cazeneuve, il serait aujourd’hui Premier ministre. On ne peut pas nous accuser de hold-up alors que c’est la gauche elle-même qui a refusé la proposition du président de la République. Il a reconnu qu’il n’y avait pas de majorité pour éviter la censure à gauche, donc il est revenu à droite.
Comment votre groupe se voit-il dans l’hémicycle ? Etre dans l’opposition avec Michel Barnier comme Premier ministre semble difficile, serez-vous le groupe pivot de la Macronie ?
Nous sommes la formation politique pivot par nature. Pour le reste, c’est le discours de politique générale qui nous le dira. Notre ligne reste le pacte législatif (présenté comme un préalable à tout travail en commun des dirigeants LR en Macronie, Note de l’éditeur). Il comporte des lignes rouges : pas d’augmentation d’impôts et pas de ministres issus de La France Insoumise. Si ces deux lignes devaient être franchies, la censure serait immédiate. Mais si elles sont respectées et si nous retrouvons les propositions qui sont les nôtres, sur les questions de sécurité, d’accès aux services publics et surtout au travail remises au cœur des politiques publiques et du pacte social, évidemment nous avons vocation à travailler avec le gouvernement. Voire à en faire partie.
Votre parti a rompu avec Éric Ciotti en raison de son alliance avec l’extrême droite. Michel Barnier a été nommé à Matignon grâce à la promesse du RN de ne pas le censurer immédiatement. Comment ce paradoxe a-t-il été vécu dans votre groupe ?
Nous n’avons pas du tout cette analyse. Si M. Cazeneuve avait été nommé à Matignon, nous aurions eu un Premier ministre socialiste (Bernard Cazeneuve a quitté le PS en 2022, Note de l’éditeur), issu d’un petit parti à l’Assemblée et à la tête d’une coalition, le NFP. C’est pareil avec Michel Barnier : il vient d’une famille politique qui est la droite républicaine, avec un petit parti à l’Assemblée et un gros courant avec un réseau d’élus locaux. Ce n’est pas une coalition issue des législatives, mais on est quand même dans une logique de coalition.
Comment le groupe perçoit-il les débats budgétaires ?
Ce sera un test décisif. Si, comme nous l’espérons, les éléments clés du pacte législatif se retrouvent dans le budget, alors nous le soutiendrons. M. Barnier vient avec sa philosophie de négociation (il est notamment l’architecte de l’accord sur le Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni, Note de l’éditeur). Je pense qu’il fera travailler en amont tous les groupes politiques, avec comme base la feuille de route du gouvernement pour intégrer les propositions et les amendements. La version du gouvernement aura ainsi été travaillée avec les élus et s’il y a 49.3, le texte retenu aura au moins intégré le travail parlementaire. C’est une question de méthode et de style.
Michel Barnier a déclaré le 11 septembre dernier, lors des journées parlementaires Horizons à Reims, qu’il y aurait un gouvernement « la semaine prochaine ». Laurent Wauquiez doit-il en faire partie ?
C’est à lui de le dire.
Et toi ?
La question est avant tout de savoir comment je peux être utile au Premier ministre et à ma famille politique. Si quelqu’un pense qu’il peut être utile et qu’on lui propose quelque chose, il ne peut pas dire non.
Voir aussi sur Le HuffPost :
hd1