« On ne naît pas pervers, on le devient »
Les nouvelles les plus importantes de la journée

« On ne naît pas pervers, on le devient »

« On ne naît pas pervers, on le devient »

Suspendu depuis jeudi en raison de l’état de santé de Dominique Pelicot, le principal accusé, le procès dit des « Viols Mazan » reprend ce mardi 17 septembre. Gisèle Pelicot, victime de viols commis par des inconnus recrutés sur internet par son mari depuis dix ans, est arrivée au tribunal d’Avignon vers 8h45 entourée de ses avocats.

« Je suis un violeur »

A l’ouverture de l’audience, Dominique Pelicot a eu la parole pour savoir s’il maintenait sa reconnaissance des faits qui lui étaient reprochés, notamment le viol aggravé. « Je reconnais les faits dans leur intégralité. »

S’exprimant pour la première fois devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, Dominique Pelicot, principal accusé dans l’affaire des viols de Mazan, a reconnu être « un violeur »
« Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. Ils le savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire », a-t-il déclaré, parlant des 50 coaccusés du procès, avant d’ajouter à propos de son ex-femme Gisèle Pelicot, qu’il a droguée pour la violer : « Elle ne méritait pas ça ».

Beatrice Zavarro, l’avocate de l’accusé

« Même si c’est paradoxal, je n’ai jamais considéré ma femme comme un objet »

Il retrace son parcours de vie, ses traumatismes à 9 et 14 ans. Il raconte, d’une voix chevrotante, un viol dont il a été victime à l’hôpital. Il évoque aussi un viol collectif dont il a été témoin adolescent, sur un chantier pendant son apprentissage, « une horreur ».

Les yeux de Gisèle Pelicot sont rouges de larmes. Elle remet ses lunettes de soleil en entendant son ex-mari.

« Même si c’est paradoxal, je n’ai jamais considéré ma femme comme un objet », confie Dominique Pelicot à propos des viols subis par sa femme.

Dominique Pelicot a présenté ses excuses à sa femme, ses enfants et ses petits-enfants. « Je demande pardon, même si ce n’est pas pardonnable. » Il s’est adressé directement à elle. « Tu as été formidable. J’étais complètement à côté de la plaque. »

« Je l’ai bien aimée pendant quarante ans. Je l’ai mal aimée pendant dix ans. »

Lorsque le président lui a donné la parole, Gisèle Pelicot a répété qu’elle aimait cet homme depuis 50 ans, et qu’à aucun moment elle n’avait pu douter de lui.

De son côté, Dominique a déclaré : « J’étais très heureux avec elle. » A la question « Est-ce que vous l’aimiez ? », Dominique Pelicot a répondu : « J’étais fou d’elle. C’est devenu tout. Je l’aimais énormément, comme je l’aime toujours. »

Dominique Pelicot, accusé d’avoir livré sa femme à au moins cinquante hommes, également accusés de viol, a lui aussi déclaré dans la matinée à propos de la victime : « Je l’ai bien aimée pendant quarante ans. Je l’ai mal aimée pendant dix. J’ai tout gâché. J’ai tout perdu. Je dois payer, c’est normal. »

Il a également déclaré : « C’était la famille idéale. C’est moi qui ne l’étais pas », peu avant la suspension de l’audience.

« L’indécence que j’ai commise est abominable. »

A la reprise de l’audience, Dominique Pelicot a été interrogé sur le fait de ne pas avoir réagi, de ne pas avoir arrêté les actes qui lui sont reprochés, malgré la dégradation de l’état de santé de sa femme. « J’ai essayé en vain d’arrêter mais l’addiction était trop forte ». Il avoue : « J’aurais dû arrêter beaucoup plus tôt. Même pas commencer du tout, ça aurait été beaucoup mieux ».

Concernant les vidéos qu’il a tournées de sa femme endormie en train de se faire violer, Dominique Pelicot réfute toute idée de haine. « L’indécence que j’ai commise est abominable, mais je n’ai jamais eu de haine envers ma femme. »

« On ne naît pas pervers, on le devient », a dit cette phrase Dominique Pelicot à deux reprises dans la matinée. L’avocat de la partie civile explique que les enfants de l’accusé voulaient savoir à quel moment précis on devient pervers : « Quand est-ce que ça commence, Monsieur Pelicot ? Quand est-ce qu’on devient pervers et qu’on passe à l’acte ? » « On devient pervers quand on rencontre quelqu’un qui nous donne une opportunité, et on ne peut pas faire autrement, quand on rencontre quelqu’un sur Internet ». Il date cela de 2011.

« Je n’ai jamais touché un enfant »

Quand le procureur général évoque la pédophilie, Dominique Pelicot reconnaît avoir de nombreux défauts mais pas celui-là. Il explique que compte tenu de ce qu’il a subi étant enfant, il n’a jamais été attiré par cela. « Je n’ai jamais touché un enfant. Je n’en toucherai jamais car ce sont des bijoux. »

Dominique Pelicot a déclaré : « Je suis là pour la vérité, je ne me cacherai de rien. »

Interrogé sur sa sexualité, qui regroupe selon l’expert presque toutes les paraphilies, Dominique Pelicot la décrit comme « déviante et trop quantitative ». Sur son parcours criminel, « c’est abominable, je l’ai dit dès le départ. Je ne pensais pas en arriver là mais l’addiction m’y a emmené ».

Maître Beatrice Zavarro, l’avocate de l’accusé, évoque l’état de santé de sa cliente

hd1

Quitter la version mobile