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« On ne crée pas une culture d’entreprise en pyjama »

Après « Facebook m’a tué », « Open space m’a tué », vous regardez la vidéo… et elle vous a aussi « tué ». Êtes-vous entré en guerre contre le télétravail ?

Non pas du tout. J’ai néanmoins voulu montrer l’envers du décor du télétravail dont le discours est un peu trop idyllique et un peu trop naïf, à mon avis, et ce, en me basant sur…

Après « Facebook m’a tué », « Open space m’a tué », vous regardez la vidéo… et elle vous a aussi « tué ». Êtes-vous entré en guerre contre le télétravail ?

Non pas du tout. J’ai cependant voulu montrer l’envers du télétravail dont le discours est un peu trop idyllique et un peu trop naïf, à mon avis, et ce, à partir de témoignages réels racontés dans des sketches humoristiques. Une révolution certes bien installée aujourd’hui et sur laquelle on ne reviendra pas, mais qui a quelques effets pervers.

À commencer par notre rapport au travail ?

Le travail à distance était la promesse de la liberté de passer son temps depuis son jardin ou un grand appartement. En réalité, pouvoir travailler de n’importe où signifie que le travail est partout. Il devient omniprésent : depuis son lieu de vacances, la salle d’attente du médecin, le TGV ou un salon de massage ! La pratique de la distanciation a réduit l’espace de travail dans certaines grandes entreprises. Nous supprimons les bureaux désignés (le « flex office »), ce qui réduit le sentiment d’appartenance et les repères pour créer un collectif. Et quand on n’a plus notre place au bureau, on peut se demander si on a notre place… au travail. Nous nous retrouvons également « désynchronisés » avec nos collègues. Au point que les salariés créent des groupes WhatsApp pour pouvoir venir au bureau les jours où les collègues qui leur plaisent sont là…

Des effets qui ont un coût humain pour le monde du travail ?

Oui, car avec la vidéo et le travail à distance, on se prive de moments informels, entre deux réunions, à la cafétéria, devant la machine à café. Des rencontres fortuites qui peuvent être fructueuses et sources d’émulation, de créativité, de spontanéité. Tous ces effets inquiètent les employeurs qui souhaitent conserver leur personnel. Vous ne créez pas une culture d’entreprise en pyjama.

La promesse de liberté s’est-elle réalisée ?

Nous pensions qu’avec le télétravail, nous pourrions nous éloigner de la supervision des managers mais les outils utilisés comme Teams ont ajouté une horloge moderne à la vidéo : le point vert que l’on se sent obligé d’activer pour prouver que nous sommes actifs. De même, WhatsApp propose une fonction qui vous permet d’informer les autres que vous écrivez…

La vidéo a fait entrer la vie professionnelle dans la vie privée. Quelles sont les conséquences pour le couple et la famille ?

Il n’est pas neutre d’être entouré de sa vie privée lorsqu’on travaille. On découvre notre partenaire avec une personnalité que l’on ne connaît pas et que ce dernier n’a pas forcément voulu exposer. Pour les enfants, papa est là, mais en réalité, il n’est pas présent car il est en vidéo. Le travail des parents n’est plus un mystère. Il existe même aujourd’hui des jouets qui sont des kits de télétravail pour les enfants !

La vidéo a pris place au bureau et même en recrutement…

Même si c’est devenu une manière de travailler établie, on peut se demander si pour certaines situations on ne pourrait pas le mettre de côté et ainsi s’efforcer d’y répondre. Parce que voyager est déjà un engagement.

« La vidéo m’a tué » Alexandre des Isnards, Éditions Allary, 20,90 euros.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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