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« On n’avait jamais vu ça » : pourquoi les Antilles deviennent-elles une plaque tournante du trafic de cocaïne ?

Ces dernières semaines, la marine française a intercepté trois cargaisons de drogue aux Antilles.
Les trafiquants sud-américains ne peuvent plus vendre leur cocaïne aux États-Unis.
Ils recherchent donc de nouveaux marchés, comme l’explique le reportage du 20 heures de TF1.

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WEEK-END 20h

Les saisies s’accumulent. Le 22 mai, un bateau de pêche sans pavillon a été arraisonné en pleine nuit à environ 1 000 kilomètres au sud-est de la Martinique, suivi par un hélicoptère et une frégate de la marine française. Dès leur montée à bord, les militaires ont interpellé les cinq occupants, comme le montrent les images infrarouges diffusées dans la vidéo de TF1 de 20 heures ci-dessus.

Les militaires ont alors saisi 1 472 kg de cocaïne. Il s’agit de la troisième hausse importante en un mois aux Antilles. Le 27 mai, les Forces armées des Antilles (FAA) ont annoncé la saisie deux semaines plus tôt de 2,4 tonnes de cocaïne sur un bateau de pêche vénézuélien au nord-est des côtes martiniquaises. Dix jours plus tôt, 1 200 kg avaient été retrouvés sur un voilier. Comment expliquer ce phénomène ?

Les trafiquants vendent moins aux Etats-Unis

Il y a deux raisons principales à cela : une augmentation de la production de cocaïne en Amérique du Sud et un changement de destination. En effet, les trafiquants ne peuvent plus écouler leurs marchandises aux États-Unis où cette drogue est progressivement remplacée par des opioïdes. Les usagers se tournent notamment vers le fentanyl, un opiacé puissant initialement prescrit comme analgésique, aux effets puissants et fortement addictif.

Les dealers doivent donc réorienter la production de cocaïne vers l’Europe en l’envoyant depuis les Antilles. « Les Antilles sont finalement les plus proches des pays producteurs. Ces pays exportent 2 300 tonnes de cocaïne par an, ce qui représente une quantité extrêmement importante.»Le colonel Marie Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale, s’est expliqué sur TF1 dans le cadre d’un de nos précédents reportages sur le sujet.

En 2023, les autorités ont saisi onze tonnes de cocaïne aux Antilles. Ils sont déjà à plus de 20 tonnes récoltées sur les cinq premiers mois de l’année. « On n’a jamais vu ça, on n’a jamais eu des crises de cette ampleur », affirme Clarisse Taron, procureure de la République de Martinique, dans le reportage de TF1 ci-dessus. Avant d’ajouter : « On faisait des saisies de 400 ou 600 kg, assez couramment. Depuis le début de l’année, il y a toujours eu des quantités supérieures à la tonne, presque.

Des bateaux plus discrets

En France, les autorités sont en alerte. Aidé par les services de renseignement étrangers, les douaniers ne surveillent plus seulement les porte-conteneurs, mais aussi des embarcations plus petites et plus discrètes, comme ce voilier arraisonné le 23 mai dans le golfe de Gascogne, incendié par les trafiquants avant leur arrestation. Le bateau de 14 mètres de long, battant pavillon polonais, transportait 400 kg de cocaïne.

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Pour Jérôme Sentenac, chef du service stratégie de l’Office anti-stupéfiants, cité par Le mondel’utilisation par les trafiquants de bateaux plus petits que les porte-conteneurs traditionnels démontre « une stratégie d’adaptation pour les groupes criminels » qui consisterait en « assurer le transport des cargaisons de cocaïne en haute mer en évitant les grands ports les plus surveillés ».


La rédaction de TF1info | Vidéo : Julien Cressens

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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