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« On n’arrive plus à dormir » : après la faillite des constructeurs, le désarroi des clients des maisons inachevées

Nexity, premier promoteur immobilier français, a annoncé ce jeudi la suppression de 502 postes.
Une décision prise au moment où les faillites d’entreprises du BTP se multiplient : déjà plus de 300 depuis le début de l’année.
Du coup, les clients se retrouvent avec des maisons inachevées, et comme plusieurs en témoignent à TF1, c’est un cauchemar.

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Achat immobilier ou travaux : aide aux propriétaires

Chaque fois qu’elle revient à Bonnemain, en Ille-et-Vilaine, Charlotte Thibault examine sa maison inachevée. Cette fois, elle voit des gouttes d’eau tomber du toit. « Je pense à une infiltration où la gouttière était mal installée, et ça fuit sous les ardoises. Aujourd’hui, je viens de constater ce nouveau problème d’infiltration d’eau », déplore la jeune femme dans le reportage de TF1 ci-dessus.

Avec ses deux enfants et son compagnon, elle aurait dû s’installer ici il y a un an. Mais depuis quatre mois, le chantier de la maison n’avance pas. Le constructeur « BLM 35 » est en redressement judiciaire. « L’anxiété est permanente. On ne dort plus la nuit, on perd l’appétit. On essaie d’imaginer l’avenir, mais on n’y arrive pas. Nous, notre maison, qu’est-ce qu’elle va devenir ? Est-ce qu’elle va être finie un jour ? »continue-t-elle.

C’est triste de voir une maison comme celle-là dans laquelle on ne peut pas vivre, sachant qu’il faut louer un appartement à côté.

Kathy Tessier, cliente du constructeur en faillite « Carréneuf »

Entre-temps, la maison subit des dégâts, car elle n’est pas complètement isolée : la laine de verre n’a pas résisté aux intempéries. « On voit que c’est mort. Ça a pris l’eau, c’est pourri, c’est noir. Tant que la rénovation ne se fait pas sur les parpaings, évidemment l’eau va s’infiltrer à travers les parpaings et tout de suite, c’est la laine de verre qui prend. On voit même des champignons sur la charpente. La charpente est mouillée, les blocs de béton à l’intérieur sont verts et la laine de verre est désormais pourrie aussi., elle explique. Le cas de Charlotte est loin d’être isolé. En trois ans, les liquidations et redressements judiciaires de constructeurs de maisons individuelles ont doublé. En cause : un secteur en crise après la hausse des coûts de construction et celle des taux d’intérêt bancaires.

Autre exemple, un quartier des Ponts-de-Cé, près d’Angers, est sous mandat d’arrêt depuis quinze mois. « Ce qui est inquiétant, c’est qu’on ne voit aucun artisan venir sur place, ni pour observer, ni pour faire des expertises », explique Hervé Schalle, l’un des clients du constructeur « Carréneuf » en faillite. De la maison à la rue, tout est resté tel quel. « Cela fait plus d’un an que nous payons nos maisons à 90, 95 % » dénonce Sylvie Michel, une autre cliente du même constructeur.

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De son côté, Kathy Tessier dépense chaque mois 1 200 euros en loyer et en entreposage, en attendant que la situation se règle. « La salle de bain est laissée telle quelle, presque terminée. C’est triste de voir une maison comme ça dans laquelle on ne peut pas vivre, sachant qu’on doit louer un appartement à côté. Et là, on a un problème, c’est que notre le prêt débutera en août et nous ne pourrons pas payer le loyer plus le remboursement de la maison, ce n’est pas possible »proteste-t-elle.

Contactés par TF1, les constructeurs n’ont pas répondu. Tous les propriétaires rencontrés attendent désormais leur garant. Car en cas de faillite commerciale, chaque acheteur est protégé par cet organisme, qui doit automatiquement reprendre le chantier. « Le garant est tenu d’achever la construction au prix initial convenu avec le client. Il a tout intérêt à terminer le chantier rapidement puisque chaque mois qui passe lui coûte un peu plus de 1 000 euros de pénalités de retard.« , explique Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles. Selon le cabinet Altares, il y aura une centaine de défaillances de constructeurs de maisons individuelles chaque mois en 2024.


VF | Reportage TF1 : Manon Monnier, Sébastien Guerche et Renan Hellec

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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