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« On fait trois ou quatre tours, c’est une question de chance… » En Gironde, le casse-tête des parkings de plage

DDepuis le centre de Bordeaux, il est toujours un peu présomptueux de croire qu’en partant en milieu d’après-midi, avec le thermomètre affichant 30 degrés et le soleil au zénith, il serait facile d’arriver sans aléa ni contretemps sur les grandes plages du littoral. Outre le trafic en mode bouche-trou, avec pour seule perspective le coffre de cette même voiture que nous suivons depuis 40 kilomètres, la seule véritable inquiétude de cette journée à fort potentiel réside dans cette simple question : y aura-t-il de la place pour se garer ?

DDepuis le centre de Bordeaux, il est toujours un peu présomptueux de croire qu’en partant en milieu d’après-midi, avec le thermomètre affichant 30 degrés et le soleil au zénith, il serait facile d’arriver sans aléa ni contretemps sur les grandes plages du littoral. Outre le trafic en mode bouche-trou, avec pour seule perspective le coffre de cette même voiture que nous suivons depuis 40 kilomètres, la seule véritable inquiétude de cette journée à fort potentiel réside dans cette simple question : y aura-t-il de la place pour se garer ?

En arrivant au long parking labyrinthique de la plage du Grand Crohot à Lège-Cap-Ferret, la litanie habituelle se répète : vitesse réglée au pas, guettant de droite à gauche en espérant qu’un espace assez grand pour se glisser apparaisse comme par magie, jaloux et maudissant celui qui est devant qui a eu plus de chance. Après plusieurs tentatives, le graal arrive, on respire en ne pensant qu’aux vagues.

« On trouve toujours »

Pourtant, les vacanciers, laissant leurs soucis au pied des dunes, semblent beaucoup plus philosophes. Patrick, un Normand qui passe quelques semaines en Gironde avec sa fille, gonfle les paddles qui vont les occuper le reste de la journée. L’homme n’a pas eu trop de mal à se garer, mais a eu beaucoup plus de mal sur la route. « Entre Arès et la plage, en partant vers 11 heures, il fallait faire une heure vingt-cinq pour 25 kilomètres. C’était un peu long, mais on s’est débrouillé. Pour trouver une place, on a fait trois ou quatre fois le tour du parking, c’était une question de chance, d’autant qu’on veut toujours être au plus près. Mais on en trouve toujours un et en plus, on est là pour la plage ! »

« Si on fait plus de trois tours, on cède sa place à d’autres, ce n’est pas si grave »

Venue pour la première fois au Grand Crohot, Sylvie, originaire de Bordeaux, se perd un peu dans ce long parking à l’ombre des pins, se demandant où est l’océan. « Je me suis retournée, je suis arrivée un peu par hasard en plein après-midi, c’est normal mais on fait avec, c’est les vacances, on n’a pas besoin de stresser plus que ça. »

De leur côté, les habitués, experts du domaine, usent de stratégies pour éviter ces petits tracas. « On a trois critères pour aller à la plage : la météo, le parking et les caillebotis », énumèrent Jean-Louis et Brigitte, retraités à Andernos. « On vient selon l’horaire, jamais le week-end, ni très tôt, ni à 11h30-12h, quand les matinaux partent. » Ils sont en revanche beaucoup moins patients : « Si on fait plus de trois tours, on cède sa place à d’autres, ce n’est pas si mal. »

Situation en temps réel

Par ailleurs, la plage du Grand Crohot étant l’une des plus fréquentées du nord du Bassin, son parking, pourtant conséquent avec ses 1 900 places, a connu quelques jours de saturation la saison dernière. Ainsi, du 15 juin au 18 septembre 2023, le Groupement d’Intérêt Public Littoral (GIP) a comptabilisé quelque 197 538 entrées dans cette zone, dont 81 420 sur le seul mois d’août. Au total, le GIP a enregistré 13 pics à plus de 80 % d’occupation sur la même période et trois jours, au plus fort de la période estivale, avec un taux d’occupation atteignant des pointes à 100 %. « Il est intéressant de constater qu’il y a des saturations, mais qu’elles ne sont que de quelques heures », observé Elise Couturier, directrice adjointe du GIP. Celles-ci correspondent pour la plupart au début d’après-midi.

En ce sens, afin d’aider les vacanciers, habitués et autres baigneurs à mieux préparer leur journée, le GIP Littoral, en partenariat avec cinq communes (Lège-Cap-Ferret, Le Porge, Lacanau, Carcans et La Teste-de-Buch) et Bordeaux Métropole, a créé « Mes plages océanes », un service permettant aux automobilistes de visualiser en temps réel la situation et le taux d’occupation des zones de stationnement de huit plages des communes via un lien sur une page Facebook et Instagram. Ainsi, jeudi 8 août à 16h30, le parking du Grand Crohot était occupé à plus de 80 %, tandis que le parking de Gressier n’était occupé qu’à 54 %. « Le but n’est pas de dire aux gens où aller, mais juste de les informer qu’il y a peut-être de la place ailleurs », assure le directeur adjoint.

Plusieurs façons d’y arriver

« Les gens pourraient aussi se dire qu’au lieu d’attendre deux heures dans une voiture en pleine canicule, ils pourraient se diriger vers les forêts et les lacs du secteur », suggère Sophie Brana, maire du Porge. « Le parking de Gressier est également une impasse, il y a donc un risque que les secours restent bloqués en cas de problème. »

L’objectif de « Mes plages océanes » est aussi de diffuser des messages environnementaux, de promouvoir les bons gestes de plage et la mise à disposition de transports en commun, autre moyen rapide de se rendre de Bordeaux à l’océan. Comme Julie, qui habite à Caudéran, qui a pris le bus du Haillan à la plage de Gressier. « J’y étais en une heure, pour seulement 4 euros et sans avoir à faire des heures de route », se réjouit-elle. Tous les moyens sont bons pour se baigner.

Cammile Bussière

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