« On est tellement Hugo que quand on en rencontre un autre, il ne se passe rien »

Hugo David est né en 2000, à Tours. À l’époque, les Hugo faisaient fureur dans les actes de naissance. Ses parents, Caroline et Rodolphe, hésitaient à l’appeler Enzo, autre prénom populaire au tournant du millénaire. «Je les soupçonne d’avoir pris mon prénom dans une liste des prénoms les plus courants en France. Je ne m’appelle pas Hugo en référence à Victor Hugo »dit l’intéressé.

L’apogée de popularité de ce prénom l’a amené, dès son plus jeune âge, à côtoyer d’autres Hugo. Selon l’Insee, 7 694 d’entre eux sont nés en 2000, ce qui en fait le quatrième prénom le plus répandu de l’année. A l’école primaire, les classes sont pleines d’Hugo et Thibault. Pour différencier les doublons, l’enseignant appelle les élèves par leur prénom, suivi de la première lettre de leur nom de famille. Sur son porte-manteau, Hugo s’appelle Hugo D. Un alias auquel il s’habitue vite. Lorsqu’on lui demande quel est son nom, il répond «Hugo D.».

Au collège et au lycée, le jeune homme a toujours eu un « alter Hugo ». Aujourd’hui encore, deux de ses amis proches portent son prénom. La présence d’autres Hugo l’a toujours obligé à se définir par son nom. « Quand je suis avec des amis, on part en week-end et on est répartis dans les voitures, le premier Hugo reste Hugo. Le second doit préciser son nom de famille, il explique. Cela crée une distance, redevenir Hugo David juste parce qu’il y a trop de Hugo. »

Hugo est attaché à la sonorité de son prénom et à la lettre H, qui le différencie d’Ugo. Mais il regrette de ne pas en porter un plus rare. « Votre prénom est un peu moins le vôtre si, chaque jour, on vous rappelle que vous n’êtes pas le seul à le porter »dit-il. Ce prénom partagé lui donne l’impression de faire partie d’une communauté d’anonymes, dont le seul point commun est de partager un prénom très commun. « Nous sommes tellement Hugo que quand on rencontre un autre Hugo, il ne se passe rien. A l’inverse, si vous vous appelez Raymond, et que vous croisez un autre Raymond, vous êtes obligé de faire le point sur la situation. Comment vivez-vous votre « Raymondité » ? Comment vivre le mien ? »

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