« on est en temps de guerre, c’est terrible », le cri du cœur de deux Français venus aider leur famille
Estela Rodriguez, enseignante catalane à Perpignan (Pyrénées-Orientales), et Jérémy Jodar Giménez, pompier volontaire de l’Hérault, sont arrivés à Valence (Espagne) pour y aider leur famille. Ils témoignent du désarroi et de la colère des habitants.
Il manque des adjectifs pour Estela Rodriguez et Jérémy Jodar Giménez, sont arrivés dans la région de Valencia pour aider une partie de leur famille touchée par les terribles inondations. Le professeur et le pompier volontaire donnent les moyens de répondre aux besoins des sinistrés.
Estela Rodriguez est arrivée à Horta Sud – une division territoriale de Valence – au chevet de ses proches il y a quelques jours. Hier, elle faisait partie des manifestants qui protestaient contre la mauvaise gestion des autorités pendant et après les inondations. « Si nous devons attendre quelque chose de l’administration valencienne, nous pouvons attendre assis« , déplore-t-elle cyniquement.
Depuis son retour dans le quartier où elle a grandi, elle ne compte plus les scènes de désolation dont elle a été témoin. « Nous sommes en temps de guerre, c’est terrible ce qui se passe ici. Nous faisons ce que nous pouvons« , a-t-elle lâché en nettoyant une salle familiale. « J’ai vu des maisons complètement détruites à terre. J’ai vu les rues pleines de voitures les unes sur les autres.«
Elle est partout pour aider dans la rue, auprès des bénévoles, des familles. Elle s’arrête par exemple à un point de collecte où des centaines de cartons de produits ou de denrées alimentaires jonchent le sol, attendant d’être déballés.
Quelques kilomètres plus au sud, Jérémy Jodar Giménez est arrivé ce matin à Poiporta, la commune la plus touchée par les inondations. Après plusieurs heures de route dans une camionnette surchargée, il est intervenu sur place avec deux confrères pompiers volontaires. Tous trois sont partis de leur propre gré, les pompiers français n’ayant pas été mobilisés.
« Nous sommes dans un garage souterrain d’un immeuble. Ici, l’eau a atteint le plafond » montre-t-il, vêtu d’un costume et d’un masque.
« Nous ne pouvons plus pomper car il y a beaucoup de boue et pas assez de volume d’eau. Nous le faisons avec des pelles, des brouettes, sans moyens motorisés.«
Lui aussi est témoin de la colère des habitants. Sa tante habite dans l’immeuble où il travaille. « Personne n’est venu dans ce garage, ni les secours, ni les forces de l’ordre. » regrette-t-il.
Au centre-ville, « c’est une autre photo« dit simplement Jérémy Jodar Giménez, avec des dizaines »voitures entassées« . Certains sont encore extraits des parkings, inondés d’eau et de boue.
La lueur d’espoir vient de ce mouvement national et même international, auquel participent ce pompier volontaire et l’enseignant catalan. « Je suis heureux de voir cette solidarité, les gens mobilisés, la quantité de bénévoles qui arrivent de partout » sourit Estela Rodríguez.
Un partage nécessaire face aux habitants en situation d’urgence. « Ils sont dans l’adrénaline, actifs dans l’immédiat » et ils n’ont pas « J’ai encore eu le temps d’être sous le choc » partage le professeur.
Mais un nouveau problème s’ajoute : l’hygiène, avec une eau polluée par des bactéries et une odeur de boue de plus en plus importante. « Il existe des problèmes de santé majeurs liés aux infections » reconnaît Jérémy Jodar Giménez, équipé pour sa sécurité. Des dizaines de bouteilles d’eau de Javel sont donc mises à disposition des résidents, avec combinaisons, gants et masques.
L’enseignant et le pompier volontaire devraient rester sur place plusieurs jours. Une aide nécessaire compte tenu de l’immensité de la tâche qui attend les Valenciens.
(Avec Julia Taurinya)