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on a vérifié sept idées reçues sur l’alcool et la conduite

Lors des fêtes de fin d’année, la consommation d’alcool a tendance à augmenter : 83% des Français déclaraient se préparer à en boire, à raison de 3,5 verres en moyenne le soir du réveillon du Nouvel An, selon le baromètre 2023 de l’association Prévention routière. Pourtant, les fêtards ne sont pas assez nombreux à s’organiser pour rentrer chez eux une fois la fête terminée. Certains prennent le volant alors qu’ils sont alcoolisés, malgré les risques. « Le facteur alcool est bien plus présent dans les accidents en période de fêtes », confirme à franceinfo l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR).

Toujours selon cette source, « les 1ers janvier matins 2022, 2023, et 2024, les trois quarts des décès sont intervenus à l’occasion d’un accident où au moins un conducteur avait un taux d’alcool supérieur au taux légal ». En France, il est interdit de conduire avec un taux d’alcool dans le sang supérieur ou égal à 0,5g/L dans le sang, rappelle la Sécurité routière. Mais à chaque réveillon, certains pensent avoir trouvé une astuce pour boire et conduire. Mauvaise idée. Franceinfo a vérifié sept idées reçues sur l’alcool et la conduite pour vous le prouver.

1 Boire en mangeant atténue les effets de l’alcool : faux

Manger a bien une influence sur la façon dont l’alcool est absorbé par le corps. Se nourrir a le mérite de rendre plus progressive l’absorption de l’alcool dans le sang, mais « n’en annule pas les effets », confirme auprès de franceinfo Christophe Cutarella, psychiatre et addictologue. La nourriture n’accélère en outre pas l’élimination de l’alcool, qui reste un processus lent.

Il est toutefois déconseillé de boire de l’alcool à jeun, car l’ivresse arrive beaucoup plus rapidement. Lorsque le corps est privé de nourriture, la concentration d’alcool est maximale au bout de quarante-cinq minutes, contre quatre-vingt-dix minutes si la boisson est consommée lors d’un repas, détaille le site de l’Assurance-maladie. « On peut dire que c’est deux verres maximum à table », conseille Christophe Cutarella. Il est également recommandé de bien s’hydrater, avant de se coucher et dès le réveil, pour compenser les effets diurétiques de l’alcool.

2 Les hommes ressentent moins les effets de l’alcool que les femmes : vrai

C’est une phrase que l’on entend souvent, et qui est en partie vraie. Selon l’ONISR, l’homme élimine entre 0,10 et 0,15 gramme d’alcool par litre de sang en une heure, tandis que sur la même durée, une femme n’élimine que 0,085 g/l à 0,10 g/l. Une étude parue en 2008 dans la revue Travail, genre et sociétés établit le même constat : « A poids et consommation égale, le taux d’alcoolémie d’une femme est 1,2 fois supérieur » à celui d’un homme pour une consommation équivalente, avancent les chercheurs.

Selon ces derniers, les femmes élimineraient moins bien l’alcool en raison d’une masse adipeuse importante, ce qui favorise la concentration de l’alcool dans les organes. Enfin, les cycles hormonaux et les contraceptifs jouent également un rôle, d’après les chercheurs. 

« Beaucoup de facteurs expliquent qu’une personne ‘tienne’ plus ou moins l’alcool » ajoute Christophe Cutarella. C’est empirique et très changeant en fonction des personnes, de leur métabolisme et de leurs habitudes de consommation », constate l’addictologue. Par ailleurs, être « bien portant » n’équivaut pas à résister aux effets de l’alcool, assure-t-il. Outre le sexe et le poids par rapport à la taille, « la masse musculaire » et « la génétique » entrent également en jeu, détaille le médecin. 

Les hommes boivent aussi plus fréquemment que les femmes. D’après le rapport sur l’alcool (document PDF) publié en novembre 2024 par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, 10,4% des hommes adultes déclaraient consommer de l’alcool quotidiennement en 2023, contre 3,8% des femmes.

3 On peut conduire une heure après avoir arrêté de boire de l’alcool : faux

Chaque personne métabolise l’alcool à un rythme différent. Pour un individu en bonne santé, l’alcool est progressivement éliminé à 95% par le foie, et à 5% par les reins, la peau, la salive et les poumons, rappelle l’Assurance-maladie. Un verre d’alcool servi dans un bar fait monter en moyenne l’alcoolémie à environ 0,25 g/l dans le sang. Après le pic d’alcoolémie, qui survient autour d’une heure après la consommation, le taux d’alcool dans le sang diminue petit à petit.

Le site gouvernemental québécois Educ’alcool met à disposition des internautes un calculateur pour connaître son alcoolémie selon son sexe, sa morphologie, le type et la quantité d’alcool consommé. Selon leur estimation, il faudra approximativement deux heures à un homme de 70 kilos pour éliminer totalement un verre standard d’alcool, contre trois heures pour une femme de 50 kilos.

4 Boire un café ou prendre une douche froide annule les effets de l’alcool : faux

« L’alcool n’est pas digéré, donc contrairement à certaines idées reçues, la durée d’élimination de l’alcool ne peut être réduite en buvant du café salé, de grands verres d’eau ou une cuillerée d’huile ! », rappelle l’Assurance-maladie. Même son de cloche du côté de l’ONISR : « Aucune astuce ne permet d’éliminer l’alcool dans le sang plus rapidement. Le temps est la seule solution. »

Boire du café, une boisson stimulante, ou encore prendre une douche froide, bénéfique pour la circulation sanguine, contribuera au mieux à une sensation d’éveil et de fraîcheur, mais n’aura aucun effet sur l’alcoolémie. Les effets néfastes de la substance, tels que « des réflexes et une vision altérés » synonymes de « risques routiers », seront toujours présents, souligne Christophe Cutarella.

A ces symptômes s’ajoutent un champ visuel rétréci, une perception modifiée du relief, de la profondeur et des distances, une diminution de la vigilance et de la résistance à la fatigue, une sensibilité à l’éblouissement plus importante, une coordination des mouvements perturbée, une sous-évaluation des risques et une surestimation de ses capacités, détaille l’ONISR.

5 Si on ne boit pas d’alcool fort, on peut conduire : faux

Tout est bien sûr une question d’alcoolémie, et non de type de boisson consommée. Les scientifiques du monde entier raisonnent d’ailleurs en termes de « verre standard » contenant une unité d’alcool, soit 10 grammes d’alcool pur. Compter le nombre d’unités ingérées est simple, car les doses sont « normalisées dans les débits de boissons » pour correspondre, chaque fois, à « un verre standard », expose la Sécurité routière. Un demi de bière à 5°, 12,5 cl de vin de 10 à 12° et 3 cl d’alcool distillé à 40° (whisky, anisette, gin) équivalent ainsi à un « verre standard ».

Si vous avez bu une pinte (50 cl) de bière à 5°, vous serez donc deux fois plus alcoolisé qu’une autre personne n’ayant bu qu’un verre de vin servi dans un bar. Un comparateur du site québécois Educ’alcool permet de visualiser la taille d’un « verre standard », en fonction de l’alcool choisi et de son degré.

6 Un bonbon à la menthe peut brouiller le test d’alcoolémie : faux

C’est une rumeur qui a la vie dure. Dans les années 1990, l’histoire d’un homme qui aurait réussi à masquer son alcoolémie grâce à un bonbon de la marque Croibleu s’est popularisée, rapportait à l’époque Libération. Le bonbon à la menthe aurait réussi à tromper un éthylotest. C’est bien sûr tout à fait faux. Comme l’éthylomètre, l’éthylotest se base sur l’air expiré des poumons, et non sur l’haleine. Alors, que vous ayez l’haleine fraîche ou non, si vous avez consommé de l’alcool, le test sera positif. « Un bonbon n’aura aucun effet », assure Christophe Cutarella.

Par ailleurs, estime l’addictologue, même si cette « astuce » fonctionnait, elle ne pourrait pas tromper les gendarmes et policiers, rompus à reconnaître les comportements qui trahissent la consommation d’alcool. « Certains signes ne trompent pas, comme lorsqu’une personne est désinhibée, parle fort ou proche du visage, fait des gestes peu précis La personne ne s’en rend pas compte, mais son comportement est révélateur ».

7 Boire de l’eau entre deux verres d’alcool permet de rester sous le taux légal pour conduire : faux

Si cette technique a l’avantage d’atténuer les effets de la déshydratation, et donc de réduire la sensation désagréable causée par l’alcool, elle n’influe en aucun cas sur la quantité consommée. Tout comme le fait de boire en mangeant n’empêche pas l’alcoolisation, « la quantité ingérée reste la même et le test d’alcoolémie sera positif », explique Christophe Cutarella.

« Même à petite dose, l’alcool agit directement sur le cerveau et diminue le temps de réaction ou la vision. Cet effet n’épargne personne, pas même les plus habitués » , assure la Sécurité routière à franceinfo. En cas de consommation d’alcool, le risque d’être responsable d’un accident de la circulation mortel est multiplié par huit, selon Santé publique France. Plus la consommation augmente, plus ce risque est important : il est multiplié par six pour un taux compris entre 0,5 (taux maximum légal) et 0,8 g/l, et par 40 pour un taux supérieur à 2 g/l.

Selon l’ONISR, il est essentiel de « prévoir des boissons non alcoolisées » pendant les repas. En plus de prendre les clés des véhicules des invités et de prévoir des éthylotests, l’organisme conseille d’« annoncer le menu du brunch du lendemain pour inciter les invités à rester dormir » et leur éviter de prendre le volant. 


L’alcool est à consommer avec modération. En cas de difficultés rendez-vous sur alcool-info-service.fr ou appelez le 0 980 980 930.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
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