Olivier Magne : « Lucien Mias a régné dans le rugby d’après-guerre »
Olivier Magne (ancien joueur de l’équipe de France) : « Le médecin est parti… Je l’ai rencontré à Mazamet, chez lui, en 2018. Je voulais absolument faire sa connaissance. Il faut dire que j’avais tellement entendu parler de lui… C’était un moment important pour moi et je n’ai pas été déçu. Lucien Mias était un homme d’une grande modernité, lucide et parfois espiègle. Ses opinions étaient pertinentes. Nous échangeions régulièrement par mail mais cela faisait deux semaines que je n’avais rien reçu… Il régnait sur le rugby d’après-guerre qui était parfois très violent tout en restant un homme d’esprit. Il avait le sens de la répartie sans jamais donner de cours. Quel homme admirable… »
Pierre Villepreux (ancien joueur et entraîneur de l’équipe de France) : «Je pense que Lucien Mias était un innovateur, quelqu’un qui avait une réflexion très positive sur le rugby, dans la mesure où il créait, tactiquement et techniquement. Ces créations ont duré aussi longtemps qu’elles étaient censées durer, car le rugby évolue. Certains m’ont inspiré. Je pense notamment au « demi-tour contact ». C’était une manière d’éviter de traverser le sol et de ne pas se faire bloquer. La règle de l’époque était que le joueur plaqué debout perdait possession du ballon. Cela a eu des conséquences sur le comportement des joueurs, dont celui créatif instauré par Lucien Mias.
Je me souviens de la tournée de l’équipe de France en Afrique du Sud en 1958. J’étais enfant, mon père était rugbyman et suivait les résultats de l’équipe de France. Je me souviens avoir écouté à l’époque ses exploits et ceux des Français face aux Springboks. Cela a fait prendre conscience que la France était devenue une nation crédible au niveau mondial. Plus tard, j’ai rencontré Lucien Mias lorsque je jouais au Stade Toulousain. Le comité pyrénéen a fait appel à lui pour mieux connaître les joueurs éligibles pour un match de Dublin contre Toulouse. J’ai ensuite parlé avec lui. »