Olaf Scholz limoge le ministre des Finances Christian Lindner, la coalition implose
ODD ANDERSEN / AFP
Le chancelier allemand Olaf Scholz le 6 novembre 2024.
ALLEMAGNE – Tremblement de terre politique en Allemagne. Le chancelier Olaf Scholz a provoqué la surprise en limogeant son ministre des Finances ce mercredi 6 novembre et en demandant aux députés de se prononcer sur la tenue d’élections anticipées pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve sa coalition.
Cette décision, point d’orgue de mois de querelles entre les trois partis de gouvernement, plonge la première économie européenne dans une crise sans précédent à un moment crucial pour le Vieux continent, déjà ébranlé par la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis le même jour. .
« Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays »» a plaidé le chancelier social-démocrate lors d’un discours solennel.
Scholz et Lindner règlent leurs comptes
Face à « ultimatums » de son ministre des Finances, chef du camp libéral, Olaf Scholz a jugé qu’il n’avait pas le choix : il a d’abord décidé de limoger Christian Lindner, grand financier du gouvernement et président du parti libéral FDP, puis a annoncé qu’il poserait la question aux députés de confiance. Tous les membres du FDP ont également annoncé dans la soirée qu’ils allaient quitter le gouvernement, scellant ainsi la fin de la coalition.
Les élus du Bundestag décideront le 15 janvier s’ils souhaitent que des élections législatives anticipées se tiennent avant la date prévue en septembre 2025. Cela pourrait être le cas. « au plus tard fin mars »a indiqué Olaf Scholz.
Olaf Scholz et Christian Lindner ont fait part de leurs doléances au microphone. Christian Lindner a « J’ai trop souvent trahi ma confiance »a déploré Olaf Scholz, dénonçant son comportement « égocentrique ». Le champion de l’austérité budgétaire a immédiatement réagi, accusant la chancelière de diriger le pays. « dans une phase d’incertitude » avec ça « éclatement calculé de cette coalition ».
Les Verts, sociaux-démocrates et libéraux trop divisés
Le divorce a été acté après une journée de pourparlers de crise organisée à la chancellerie pour tenter de sauver l’exécutif dirigé par Olaf Scholz depuis fin 2021. Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne et Olaf Scholz voulait mener le sien aux prochaines élections législatives prévues. pour le 28 septembre 2025.
Mais l’équipe gouvernementale est minée depuis des mois par des dissensions politiques, sur l’économie et l’immigration, et par des querelles personnelles. Les désaccords portent sur les solutions permettant de relancer la plus grande économie européenne, menacée de récession pour la deuxième année consécutive.
Les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz veulent préserver leurs priorités sociales ; Les Verts de Robert Habeck s’efforcent de lutter contre le changement climatique malgré les coûts de la transition tandis que les libéraux s’obstinent à respecter les limites constitutionnelles drastiques de l’Allemagne en matière de déficits budgétaires et de dette.
L’ombre de Trump
Olaf Scholz pensait que l’élection à la présidence des Etats-Unis annoncée le matin même du républicain Donald Trump, adepte du protectionnisme et des affrontements diplomatiques, obligerait sa fragile coalition à serrer les rangs. C’est le contraire qui s’est produit.
Le vice-chancelier vert et ministre de l’Économie, Robert Habeck, a exhorté tout le monde à reprendre ses esprits, soulignant qu’avec le retour de Trump au pouvoir, « le gouvernement doit être pleinement capable d’agir ».
Autre argument de taille contre l’éclatement de la coalition, et donc des élections anticipées : les conservateurs sont largement en tête dans les sondages et leur leader, Friedrich Merz, est le favori pour devenir chancelier. Quant au parti d’extrême droite AfD, en forte progression lors des dernières élections, il guette en deuxième position.
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