Olaf Scholz en Chine : le mercantilisme allemand contre l’Europe – par Emmanuel Sales
Jusqu’à quand l’Allemagne abusera-t-elle de la confiance de ses partenaires occidentaux ? Depuis le virage léniniste de Xi, la plupart des entreprises occidentales se sont détournées de la Chine. Les investissements étrangers plongent, la bourse chute, la crise immobilière continue de s’étendre. Surtout, pour compenser la contraction de son économie, la Chine a décidé de se tourner vers de lourdes subventions en faveur de la production de masse de véhicules électriques et de batteries, au risque d’accroître les déséquilibres mondiaux et de conduire à une crise de surproduction. , au détriment de l’industrie européenne et de la Chine elle-même.
Mais pour les grandes entreprises industrielles allemandes tournées vers l’exportation, BASF, Siemens, Volkswagen, etc., la Chine s’inscrit dans une stratégie globale qui permet de baisser les coûts de production pour échanger et vendre en Europe. Tant pis si cela nuit aux entreprises européennes ou si Pékin constitue le principal soutien de l’agression russe.
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Ceux qui comptaient sur une atténuation des risques avec la Chine seront désemparés. « Nous devons accroître les échanges commerciaux avec la Chine en tenant compte de la nécessité de diversification et d’atténuation des risques », a déclaré sans ironie un ministre allemand.
Stratégie mercantiliste. Comme en 2010, l’Allemagne a choisi une stratégie mercantiliste consistant à engranger des excédents commerciaux en comprimant sa demande intérieure… et celle de ses partenaires européens. La consommation des ménages est au plus bas depuis dix ans, les PME du Mittelstand subissent de plein fouet la concurrence étrangère, les investissements publics sont bloqués au nom de l’absurde règle du plafond de la dette.
Mais plutôt que de relancer le marché intérieur, comme le réclament les dirigeants européens et comme le dicterait la logique de l’union monétaire, Berlin s’entête à ralentir toute reprise d’activité par des hausses de taux d’intérêt et des appels à la rigueur budgétaire, espérant qu’une « paix juste » en Ukraine permettra à nouveau de bénéficier d’une énergie bon marché et de reprendre les échanges comme avant.
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Notre déficit de croissance avec le reste du monde s’explique principalement par le manque de soutien public à l’activité. La stratégie allemande a appauvri et rendu les populations européennes plus malheureuses, qui se tournent désormais vers les partis nationalistes. L’Europe ne peut pas être gérée comme un canton suisse : à l’échelle du continent, la poursuite unilatérale d’une stratégie de « compétitivité », basée sur le maintien de taux d’intérêt élevés et de coupes budgétaires, ne peut conduire qu’à la stagnation et à la contestation des équilibres démocratiques.
Emmanuel Sales est président de la Financière de la Cité.