Divertissement

ode à la différence et hymne à l’amour, un délice signé Stéphanie Di Giusto et porté par Nadia Tereszkiewicz

Avec « Rosalie », son deuxième film, Stéphanie Di Giusto retranscrit avec délicatesse le désir d’une femme de vivre sa différence et d’être acceptée comme telle, en premier lieu par son mari.

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 3 minutes

Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel dans une scène du film "Rosalie" de Stéphanie Di Giusto.  (MARIE-CAMILLE ORLANDO / TRESOR FILMS / GAUMONT)

Rosalie prie pour que son futur mari l’aime. C’est l’une des premières images du dernier film de Stéphanie Di Giusto, Rosalieen salles le 10 avril. Le cinéaste pose sa caméra sur une jeune femme pas comme les autres, incarnée par l’actrice Nadia Tereszkiewicz qui offre, avec beaucoup de justesse, toute sa candeur au personnage d’une femme à barbe.

Grâce à un rasage soigné, Rosalie cache un secret que son mari, Benoît Magimel, alias Abel, découvre lors de sa nuit de noces. S’il l’épousa pour sa dot afin de faire face à ses difficultés financières, Abel espérait néanmoins vivre avec une « femme ». Rejetée par son compagnon, à qui elle confie très vite son envie d’avoir des enfants, Rosalie décide de vivre sa différence et surtout de la mettre au service du café que possède Abel et qui est en difficulté.

Pour son deuxième film, comme pour son premier, Le danceur, tous deux présentés à Un Certain Regard à Cannes, Stéphanie Di Giusto s’est inspirée d’une femme qui a existé, Clémentine Delait, célèbre femme barbue du début du XXe siècle. siècle.

La fiction construite par le cinéaste cherche à montrer comment, après s’être remise du dégoût qu’elle semble inspirer à son mari, Rosalie décide de lui être utile en utilisant son apparence pour le salut financier de son foyer. La jeune femme sait qu’elle suscitera la curiosité de la communauté dans laquelle elle vit dans cette France de 1870 et mise sur ce sentiment pour élargir la clientèle du bistrot.

Choisir d’adopter son apparence envers et contre tout

La candeur et la joie de vivre de Rosalie, enfin libérée et libre, en font une personne naturellement attachante, même si sa maladie, son hirsutisme et le physique qu’elle lui confère choque autant qu’il fascine. Le mot « monstre » est également entendu dans la petite communauté dans laquelle elle arrive. Le dégoût, démontre Stéphanie Di Giusto, est une construction sociale très relative. Le personnage d’une religieuse, s’adressant gentiment à Rosalie, lui fait remarquer : « Nous sommes tous des cas particuliers, non ? »

A mesure que Rosalie prend confiance, Abel peut la (re)découvrir et peut-être tomber amoureux de sa femme. Benoît Magimel capte bien la frustration et la curiosité qui habitent son personnage, dont le point de vue va subtilement évoluer. Comment résister à cette Rosalie dont le charme est sublimé par la photographie ? La blancheur immaculée de la robe de mariée et les tons pastel renforcent la délicatesse de l’héroïne que la caméra caresse, filmant évidemment de près. La somptueuse chevelure de Rosalie s’observe sous tous les angles, tout comme sa barbe, pour arriver à la même conclusion. : tous ses poils sont beaux même si ces derniers sont jugés disgracieux.

L’histoire met ainsi l’accent sur la beauté et la sensualité d’une femme pleine de vie. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire ses détracteurs. Le regard lubrique de Barcelin, le créancier de son mari incarné par Benjamin Biolay, en est une preuve irréfutable. En explorant la pluralité des réactions face à la différence et en s’appuyant sur le duo très convaincant et sensible Tereszkiewicz-Magimel, Stéphanie Di Giusto propose une expérience filmique délicate et poignante avec Rosalie.

L'affiche du film "Rosalie".  (GAUMONT)

La feuille

Genre : Drame
Directeur: Stéphanie Di Giusto
Acteurs: Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Anna Biolay et Juliette Armanet
Pays : France
Durée : 1h55
Sortie : 10 avril 2024
Distributeur : Gaumont

Synopsis: Rosalie est une jeune femme en France en 1870, mais ce n’est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont couverts de poils. C’est ce que l’on appelle une femme barbue, mais elle n’a jamais voulu devenir un monstre ordinaire. Par peur d’être rejetée, elle était toujours obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, un cafétéria accablé par les dettes, l’épouse pour sa dot sans connaître son secret. Mais Rosalie veut être vue comme une femme, malgré sa différence qu’elle ne veut plus cacher. Abel pourra-t-il l’aimer lorsqu’il découvrira la vérité ?

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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