Pour son 60ème anniversaire, la clinique du Château de Vernhes à Bondigoux organise une journée scientifique sur le thème de l’obésité. Le professeur Patrick Ritz, spécialiste en nutrition et maladies métaboliques, expliquera pourquoi on parle aujourd’hui d’une révolution dans le traitement de l’obésité.
Le professeur Patrick Ritz, spécialiste en nutrition et maladies métaboliques au CHU de Toulouse, interviendra vendredi 27 septembre lors de la journée scientifique de la clinique du Château de Vernhes à Bondigoux, spécialisée depuis 60 ans dans le traitement de l’obésité.
Vous parlez d’une « révolution en cours » pour le traitement de l’obésité, expliquez-nous…
Quand j’ai commencé à travailler sur l’obésité il y a 30 ans, les patients devaient changer leur comportement, point final. Il n’y avait pas de médicaments ni de chirurgie. Aujourd’hui, la chirurgie a prouvé son efficacité en termes de perte de poids (25 à 30 % du poids) et d’amélioration de la mortalité. Et des médicaments très efficaces arrivent, ils permettent de perdre jusqu’à 20 % de son poids. Deux molécules sont en cours d’évaluation pour une autorisation de mise sur le marché. Notre centre spécialisé a pu proposer le sémaglutide en accès précoce, on a vu comment cela a changé la vie des patients.
Cela signifie-t-il que le support est en train de changer ?
A noter que pour les patients concernés, il faut aussi changer leurs habitudes de vie (alimentation, activité physique) mais désormais on a quelque chose de plus à proposer, on s’éloigne du « bouger plus, manger moins ». Il est important que les patients sachent qu’il existe un traitement pour leur maladie et de leur proposer autre chose que des injonctions ou des renvois à des jugements de valeur. L’objectif aujourd’hui est de pouvoir prendre soin de chaque personne qui souffre, tout en s’intéressant à sa détresse.
Quelle forme prend l’obésité aujourd’hui, qui est concerné ?
La prévalence a doublé en vingt ans, elle est aujourd’hui stable et concerne 17 % de la population en France. On retrouve souvent les personnes les plus défavorisées socialement et celles touchées par des troubles de santé mentale (50 % sont obèses). Les interactions sont complexes entre le tissu adipeux et le cerveau : l’inflammation du premier va faciliter la dépression, comme si le cerveau était touché et que le problème tournait en rond. L’enjeu est très important.
Comment prévenir le surpoids et l’obésité ?
Plus tôt on agit, mieux c’est, il est plus facile de perdre 5 kg que 15 kg et au-delà. D’expérience, la meilleure stratégie est de maintenir son poids dans une fourchette raisonnable grâce à l’activité physique, la lutte contre la sédentarité et une alimentation variée et équilibrée. Mais, sur ce dernier point, c’est devenu compliqué : aujourd’hui, l’alimentation est certes très diversifiée mais elle est aussi très riche et surtout très disponible. Des études ont montré que le contenu des placards de cuisine a augmenté avec les générations et quand on a un réfrigérateur ou un placard rempli, il est facile de céder à une envie, surtout sous l’effet d’une émotion.