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Oakland : Le stade le plus laid des ligues majeures est mon préféré


OAKLAND | J’ai visité 18 stades de ligue majeure dans ma vie. Mon préféré est sans conteste celui des Oakland A’s.

Je parle ici de mon expérience de supporter, pas de journaliste. J’ai visité tous ces stades en tant que supporter, dans les tribunes. À Oakland, j’y suis allé il y a une dizaine d’années, puis j’y suis retourné dimanche, en tant que représentant des médias.

Mais je n’ai passé que deux manches dans la tribune de presse. J’ai erré partout ailleurs pendant le reste du match.

Le stade est l’Oakland Coliseum. Il a été construit en 1966. C’est le quatrième plus ancien de la ligue.

C’est un endroit vraiment dégoûtant. C’est le stade le plus laid de la ligue. Il n’y a aucun doute.

Il est situé dans un quartier horrible. Il est fortement déconseillé de se promener seul dans ce quartier, la nuit. Oakland est l’une des villes les plus dangereuses des États-Unis et le stade est situé dans l’un des quartiers les plus dangereux d’Oakland.

Il n’y a rien autour du stade. Pas de bars, de restaurants, de parcs ou d’arbres. Il n’y a que de l’asphalte qui entoure ce gros bloc de béton laid qu’est le Oakland Coliseum.

Les égouts

Au coin de la rue se trouve la station de métro. Juste au bord de cette station, vous pouvez voir une montagne d’ordures. À quelques mètres, vous avez une immense cour ferraille. Puis, plus loin, un autre. Et ainsi de suite pendant 1 km.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

On voit des tentes partout. Il est évident que des gens vivent là. « Oui, malheureusement », me dit mon chauffeur de taxi.

Ce quartier est aussi un paradis pour les centres de stockage. C’est tellement moche.

Ensuite, on arrive un peu plus loin, toujours assez près du stade, et là, c’est le quartier abandonné des camping-cars. Encore une fois, beaucoup de monde y habite.

Plusieurs maisons sont protégées par des morceaux de métal. Il y a des détritus partout sur le bord des routes.

Mon chauffeur doit être prudent sur l’autoroute car un homme ivre a décidé de se promener sur l’une des voies.

Mon hôtel n’est pas loin du stade. A quelques mètres de ma chambre, des sans-abri dorment dans des tentes.

Dimanche soir, après le match, je suis allée dîner au centre-ville d’Oakland. C’est à environ 5 km au nord du stade. C’était mort. Presque tout était fermé. J’ai croisé 6 personnes en 30 minutes de marche. J’ai vu un joli parc pour enfants entouré, encore une fois, de tentes.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

Pas de luxe au stade

Au stade, ce n’est pas si triste, mais ce n’est pas chic. Les urinoirs sont les mêmes qu’à mon école primaire il y a 30 ans. Ça pue.

La galerie de presse ressemble à une salle d’attente dans un cabinet de dentiste des années 80. Il manque deux roulettes à ma chaise. L’ascenseur me donne la chair de poule.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

Le stade est immense et c’est un labyrinthe. Il faut grimper dans des tunnels sans fin, entourés de béton fissuré, pour monter d’un niveau. À moins de prendre l’un des trois ascenseurs effrayants.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

Les allées que nous parcourons pour aller chercher un hot-dog sont minuscules. Nous voyons des tuyaux et des fils électriques partout autour de nous. Nous avons peur de recevoir une décharge électrique si nous nous penchons au mauvais endroit.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

Mais je l’aime autant

Mais je vous le rappelle, c’est mon stade préféré. Parce qu’il n’y a pas de meilleure expérience qu’un match à Oakland.

Quand je suis arrivé il y a 10 ans, je suis allé voir un match des Giants de San Francisco un jour et celui des A’s le lendemain (c’est à 20 minutes).

Les Giants ont l’un des plus beaux stades du monde. Il est luxueux, il est situé au bord de l’eau et en plein centre-ville. Il est toujours bondé. C’est magnifique. San Francisco est une ville magnifique, de l’autre côté du fleuve, face à l’affreuse Oakland.

Mais la foule aux Giants, je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient là pour regarder du baseball. J’ai eu l’impression qu’ils étaient là pour passer un bon moment à un match de baseball. Les gens sont classe, se prennent en photo et paient 80 $ en moyenne par billet (2024).

À Oakland, il y avait environ 20 000 personnes. Les trois quarts portaient le maillot de leur équipe. Le quart marquait le match sur une feuille de papier. Ils connaissent leur base-ball. Ils ne vont pas aux toilettes quand deux coureurs sont en position de marquer.

Rien n’a changé dimanche. Il en coûte moins de 20 $ pour obtenir un billet.

Une fois assis dans les tribunes, c’est comme partout ailleurs. C’est vraiment très joli : du gazon naturel, le soleil de Californie, d’anciens vendeurs de cacahuètes et les meilleurs joueurs du monde.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

Ça sent le baseball et le pop-corn à Oakland. Ça ne sent pas l’argent ou les martinis.

Et c’est ça le baseball. C’est censé être le sport le plus abordable, le plus accessible, le plus familial…

Le baseball est censé être ouvert à tous. Tous les milieux peuvent en profiter sans se ruiner. Ce ne sont pas seulement ceux qui peuvent payer 200 $ pour un billet qui aiment le baseball.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

C’est ce qui a toujours rendu l’ambiance si agréable à Oakland. C’est exactement ça, fans. Il y avait plein de jeunes familles dimanche. Deux pères en larmes m’ont dit que c’était l’un des rares petits plaisirs qu’ils pouvaient s’offrir avec leur fils quelques fois par été.


Oakland

Photographie JEAN-NICOLAS BLANCHET

L’argent est le moteur du baseball, comme de tout le reste. Ce n’est pas étonnant. Mais le sport professionnel devient de plus en plus impitoyable et inaccessible pour bon nombre de ses fans les plus fidèles.

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Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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