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Nvidia, un empereur face aux premiers doutes sur l’intelligence artificielle

Nvidia, un empereur face aux premiers doutes sur l’intelligence artificielle
Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, s'exprime lors d'une conférence sur l'intelligence artificielle à San Jose, en Californie, le 18 mars 2024.

Le mât jaune et rouge, dressé au milieu du parking du centre commercial, brille comme un phare pour les automobilistes américains. A toute heure du jour ou de la nuit, il y a toujours un restaurant Denny’s pour accueillir les visiteurs affamés. Mais celui de Berryessa Road, à l’est de San Jose, en Californie, est devenu le plus célèbre du pays. Pourtant, il possède les mêmes tables, chaises et canapés rouges démodés que les 1 000 autres restaurants de la chaîne aux États-Unis. Dans un coin discret, au-dessus du siège d’angle, un panneau flambant neuf prévient : « C’est ici qu’est née une entreprise d’une valeur d’un milliard de dollars. (916 milliards d’euros, au taux actuel). Félicitations Nvidia ! Qui aurait cru qu’une idée lancée ici changerait le monde ?

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Le héros de cette histoire, Jensen Huang, cofondateur et PDG de l’entreprise Nvidia, est venu en personne, le 26 septembre 2023, saluer ce modeste rappel de ses débuts laborieux, comme pour mieux graver sa légende. « J’ai commencé comme plongeur chez Denny’s. »Il évoque souvent dans ses discours, un souvenir de ses années d’étudiant. Désormais, les chaînes de télévision se bousculent pour le recevoir. Il faut dire qu’avec Elon Musk, il est la personnalité la plus en vue de la Silicon Valley. L’une des plus riches, aussi. Car son entreprise, dont il possède 3,5 % du capital, ne vaut plus 1 000 milliards de dollars (906 milliards d’euros) en Bourse, comme l’indique la plaque, mais plus de 2 500 milliards. Le 18 juin, elle a même dépassé Microsoft et Apple, à l’altitude extrême de 3 300 milliards de dollars, pour devenir brièvement la firme la plus chère du monde.

Pourtant, Nvidia ne produit pas de smartphones, d’ordinateurs ou de logiciels, juste des cartes électroniques. Mais celles-ci sont magiques. Elles sont les clés du monde troublant et fascinant de l’intelligence artificielle (IA). De par leur rapidité de calcul et leur souplesse d’utilisation, elles sont actuellement sans équivalent sur le marché. Résultat, quand Microsoft, Google ou Amazon ont décidé, en 2023, d’investir des dizaines de milliards de dollars dans des centres de données destinés à entraîner des modèles d’IA, comme le robot conversationnel ChatGPT d’OpenAI, ils n’ont eu d’autre choix que de frapper à la porte de Nvidia. Et leurs milliards sont tombés directement dans la poche de l’entreprise de San José.

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En 2023 (exercice fiscal se terminant en janvier), ses ventes ont bondi de 126 %, à 61 milliards de dollars, et son bénéfice net a frôlé les 30 milliards. Du jamais vu dans le monde austère des fabricants de puces, ni même dans la technologie en général. Intel, aux heures de gloire de son monopole sur les PC avec Microsoft, n’a jamais réalisé une telle performance. Apple non plus, en pleine frénésie autour de l’iPhone. A tel point que les analystes sont perplexes face à un tel enthousiasme : feu de paille, bulle ou changement d’ère ?

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