Nuits des étoiles 2024 : « on devrait pouvoir observer à l’œil nu de belles étoiles filantes dans le ciel de l’Hérault »
L’astrophysicien montpelliérain Éric Josselin nous explique ce qui va se passer dans le ciel dans les prochains jours, et comment profiter du spectacle.
Éric Josselin est astrophysicien et membre du laboratoire Univers et Particules de l’Université de Montpellier.
Les Nuits des Étoiles sont prévues les 9, 10 et 11 août. De quoi parle-t-on exactement ?
Il s’agit d’un événement qui incite le grand public à lever les yeux vers le ciel et à s’intéresser à ce qui s’y passe. Historiquement, il a été choisi de le placer en même temps que les Perséides, une période propice à l’observation de la voûte céleste. Dans les prochains jours, on devrait pouvoir observer à l’œil nu de belles étoiles filantes dans le ciel héraultais.
Comment expliquer ce phénomène ?
Les Perséides désignent une pluie de météores qui semble provenir de la constellation de Persée, d’où son nom. Ces pluies de météores n’ont en réalité rien à voir avec de véritables étoiles. Il s’agit de grains de poussière de tailles diverses qui, en plongeant à grande vitesse dans l’atmosphère, commencent à brûler. C’est cette incandescence qui est visible à l’œil nu.
Sera-t-il visible depuis Montpellier et ses environs ?
Depuis Montpellier, c’est difficile, puisqu’une des conditions pour une bonne observation est d’être à l’abri de toute pollution lumineuse. Il faut aussi compter sur un ciel sans nuages. Si le phénomène est visible partout en France, notre région part, sur ce dernier point, avec un petit avantage. Selon les dernières estimations, le pic d’activité et donc de visibilité des étoiles filantes devrait se situer entre le 12 et le 13 août.
Quelles zones recommandez-vous pour éviter la pollution lumineuse ?
Le plus proche de Montpellier est sans doute la zone autour du Pic Saint-Loup. On y trouve de nombreux espaces ouverts en pleine nature propices à une soirée d’observation des étoiles. On peut également citer, dans la vallée de l’Hérault, l’observatoire d’Aniane ou le secteur des Argelliers. Si vous allez un peu plus loin, vous pourrez vous diriger vers les Grands Causses ou, mieux encore, vers le Parc national des Cévennes. Depuis août 2018, il est labellisé Réserve internationale de ciel étoilé.
Comment réussir son observation ?
La lumière est évidemment le pire ennemi de quiconque souhaite observer les étoiles. Une fois votre spot isolé sélectionné, Éric Josselin conseille de vous allonger confortablement sur le dos et de commencer par chercher la constellation de Persée. C’est là que devraient apparaître les étoiles filantes. « Au début de la nuit, il devrait être au nord-est »explique l’astrophysicien. Pour le repérer, le plus simple est de se procurer une carte du ciel. « C’est un accessoire que l’on trouve assez facilement en magasin et qui peut même être imprimé sur internet. » Une version actualisée est disponible sur le site du photographe spécialiste de l’Hérault Guillaume Cannat : leguideduciel.net.
Au-delà des étoiles filantes, quelles merveilles le ciel nous réserve-t-il en ce moment ?
Pour en finir avec les étoiles filantes, il est important de rappeler que les observations peuvent être réalisées sans aucun équipement. Au contraire, la rapidité du phénomène rend l’utilisation d’un télescope peu intéressante. Or, si vous disposez de cet instrument, même un modèle grand public, le ciel d’été nous offre un beau spectacle.
Côté planétaire, Saturne est visible en début de nuit mais très bas, presque sous l’horizon. Jupiter et Mars seront plus accessibles, mais il faudra veiller jusqu’à 4 heures du matin environ. Je conseille plutôt de se concentrer sur la galaxie d’Andromède, bien visible depuis l’hémisphère nord, et sur les deux nébuleuses planétaires de la constellation de la Lyre et du Petit Renard.
Et si vous avez vraiment de la chance, vous pourrez peut-être apercevoir une nova. Cet événement très rare ne se produit que tous les 70 ans. Dans les prochains jours, une étoile actuellement invisible à l’œil nu pourrait exploser partiellement et devenir extrêmement brillante, aussi brillante que l’étoile polaire.