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Nucléaire : les nouveaux espoirs de Marcoule

Viendra-t-il ou pas ? Prévue pour accueillir le projet Nuward d’EDF, développé avec TechnicAtome, le CEA, Framatome et Naval Group, aujourd’hui en suspens, Marcoule nourrit fermement l’espoir d’accueillir la construction de prototypes d’un ou plusieurs mini-réacteurs nucléaires ou SMR (pour Small Modular Reactor, en anglais).

A une trentaine de kilomètres d’Avignon, le site du CEA au bord du Rhône, dans le Gard, dispose d’atouts majeurs : des réserves foncières pour accueillir plusieurs petits réacteurs, un risque sismique limité, un écosystème de formation, ainsi qu’une culture industrielle, qui garantit l’acceptabilité du projet par la population. Deuxième bassin industriel de la région Occitanie après l’aéronautique à Toulouse, Marcoule compte 5 000 salariés sur 300 hectares, au CEA (1 500 personnes), chez Orano, Cyclife (EDF), Cisbio et Steris. L’Institut des sciences et technologies pour une économie circulaire de l’énergie bas carbone y compte 510 salariés.

« La population du Gard rhodanien sait très bien ce qu’apporte le nucléaire en termes d’emplois, de construction, de consommation, de démographie, de revitalisation des centres-villes. Et ce sont des emplois bien rémunérés, bien au-dessus du Smic », souligne Vincent Champetier, président du groupe d’entreprises Le Collectif. Une approche globale incluant industriels de l’énergie atomique, électriciens et collectivités locales reste à construire, selon une source de la Banque des Territoires. « Un peu à l’image de l’écosystème développé par la SEML Route des Lasers créée à Bordeaux pour accueillir le laser Mégajoule en 2014 », un élément du programme militaire français Simulation, précise-t-elle.

Les start-ups industrielles

Preuve de l’unité locale autour de l’implantation de cette nouvelle centrale nucléaire, les élus de l’agglomération gardoise rhodanienne ont voté à l’unanimité, le 24 juin, une motion de soutien au projet d’accueil de la mini-centrale EDF. Le conseil municipal de Bagnols-sur-Cèze a fait de même quelques jours plus tard. Depuis qu’EDF a annoncé début juillet qu’il allait revoir entièrement la conception de sa mini-centrale Nuward, les élus locaux étaient dans l’attente.

Des start-up industrielles comme Naarea, Newcleo ou Jimmy Energy se rapprochent également du Gard Rhodanien et d’Ad’Occ, l’agence de développement économique de la région. « Soutenues par Bpifrance et la Banque des Territoires, ces start-up utilisent des technologies très avancées pour la quatrième génération de petits réacteurs nucléaires et recherchent des sites », explique Jean-Christian Rey, président de la communauté d’agglomération, favorable à l’accueil d’un SMR à Marcoule. « Les SMR doivent s’inscrire dans une vision intégrée, décarbonée et économiquement viable de l’énergie », précise le CEA. « Nous sommes en contact avec toutes les parties prenantes pour tester les technologies, déposer des brevets, etc. La question du design – schéma technologique, coût économique, concurrence – prime et nécessite du temps et de l’ingénierie. »

« L’heure de la vengeance »

Dans la région, l’attente du SMR est grande, après une série d’espoirs déçus. En 2019, le réacteur de quatrième génération « Astrid » a été repoussé au moins jusqu’en 2050. Puis, l’an dernier, le site voisin du Tricastin n’a pas été retenu pour accueillir un duo de futurs réacteurs nucléaires, les EPR2, au profit de celui du Bugey, dans l’Ain.

« Ces décisions ont été vécues comme de grosses déceptions. Quels sont les grands chantiers à long terme ? », s’interroge Julien Feja, président de D&S Groupe et vice-président de l’association Cyclium, qui regroupe 70 entreprises de la filière nucléaire. « Les chantiers en cours concernent le démantèlement et la gestion des déchets. La filière est en attente de nouveaux projets, de génie civil et de conception », ajoute-t-il. « La source de Marcoule se tarit. On va bientôt arriver à la fin d’un cycle », ajoute Vincent Champetier.

Le SMR serait un catalyseur économique et démographique pour le Gard (pour Nuward, un possible projet de quarante mois coûtant près de 1,5 milliard d’euros a été évoqué). « Le nucléaire est depuis de nombreuses années le parent honteux de l’industrie. Son heure de revanche doit venir », insiste Jean-Christian Rey. L’inauguration récente d’un campus des métiers du recyclage par Orano Melox pourrait incarner ce renouveau espéré de Marcoule, créé en 1955, initialement affecté à la production de plutonium militaire, puis centré à partir de 2006 sur la gestion durable des matières et déchets radioactifs. Le CEA l’assure : « Marcoule est historiquement un lieu d’innovation dans le nucléaire. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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