Nouvelle tentative de dialogue entre la Serbie et le Kosovo sous l’égide de l’UE

Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie se réunissent samedi en Macédoine du Nord pour tenter d’apaiser leurs relations diplomatiques plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre les rebelles indépendantistes kosovars et les forces serbes.
Vers une normalisation entre Belgrade et Pristina ? Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie se retrouvent samedi 18 mars, en Macédoine du Nord, pour discuter une nouvelle fois sous l’égide de l’Union européenne (UE), qui a récemment intensifié la pression à la normalisation entre vieux ennemis.
La réunion sur les rives du lac d’Ohrid, dans le sud-ouest du petit pays des Balkans, intervient après l’échec le mois dernier des pourparlers à Bruxelles, où un plan de paix européen a été dévoilé.
Une fois de plus, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, tentera de convaincre le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vucic, de concilier leurs positions, plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre les indépendantistes kosovars et Forces serbes.
Le document européen, qui compte 11 articles, stipule que les deux parties « reconnaîtront mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs » et qu’elles n’utiliseront pas la violence pour régler leurs différends.
Le texte prévoit également que « la Serbie ne s’opposera pas à l’adhésion du Kosovo à une organisation internationale ». Il propose également d’accorder « un niveau approprié d’autonomie » à la minorité serbe du Kosovo.
La Serbie refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d’habitants, majoritairement d’origine albanaise, comprend une communauté serbe d’environ 120 000 personnes.
Depuis la guerre, qui s’est terminée en 1999 par les bombardements de l’OTAN, les relations entre Pristina et Belgrade sont passées de crise en crise.
Après les pourparlers de Bruxelles, Aleksandar Vucic a juré de ne jamais reconnaître le Kosovo, ajoutant qu’il n’avait aucune intention d’aider Pristina à entrer aux Nations unies.
Le président serbe a de nouveau prévenu, quelques jours avant la rencontre d’Ohrid, qu’il « n’avait pas l’intention de signer quoi que ce soit ». La rencontre « ne sera ni historique ni révolutionnaire », a-t-il dit.
Le Premier ministre kosovar s’est pour sa part dit optimiste quant à la possibilité de parvenir à un accord, ajoutant toutefois que la responsabilité d’une signature incombait à la partie serbe.
Berceau national et religieux
« Que nous réussissions ou non, vous savez très bien que cela ne dépend pas que de moi », a déclaré Albin Kurti aux journalistes.
Les analystes soulignent qu’une éventuelle signature ne serait pas forcément synonyme de succès immédiat.
« Je m’attends à ce que les deux parties acceptent le projet », a déclaré Dusan Milenkovic, du Centre pour le dialogue social et l’initiative régionale de Belgrade. « Je ne peux pas dire que ce sera du lourd, car le lourd n’arrivera que lorsque le projet aura été mis en place ».
La plupart des précédents accords conclus sous l’égide de Bruxelles sont restés lettre morte.
Albin Kurti espère qu’un pacte permettra au Kosovo d’entrer à l’ONU et dans les institutions internationales, une demande cruciale pour Pristina.
Aleksandar Vucic a reconnu que son gouvernement subissait une intense pression internationale pour signer, tout en assurant son opinion publique qu’il ne céderait pas.
La question du Kosovo reste obsédante pour une partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent ce territoire comme leur berceau national et religieux, où des batailles cruciales se sont livrées au cours des siècles.
A Belgrade, des milliers de personnes ont manifesté vendredi à l’appel des partis nationalistes pour refuser un accord qui, selon eux, équivaudrait à une « capitulation ».
De nombreux membres de la minorité serbe du Kosovo refusent toute loyauté à Pristina, encouragés par Belgrade. Notamment dans le nord du territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre d’affrontements fréquents, de manifestations et parfois de violences.
Avec l’AFP