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Nouvelle-Calédonie, une histoire mouvementée depuis un siècle et demi

CHRONOLOGIE – Territoire français depuis 1853, la Nouvelle-Calédonie a connu plusieurs révoltes kanak, notamment lors des « événements » de 1984 à 1988.

Les émeutes qui ravagent la Nouvelle-Calédonie depuis lundi résonnent particulièrement avec l’histoire de ce territoire d’outre-mer, rythmée par plusieurs révoltes sur fond de revendications indépendantistes. Ce n’est que le 26 juin 1988 que les accords de Matignon, pris à l’initiative du Premier ministre socialiste Michel Rocard, mettent fin aux « événements » sanglants qui ont frappé la Nouvelle-Calédonie de 1984 à 1988. Ce premier pas vers la paix, approfondi dix ans plus tard avec l’accord de Nouméa, peu après la journée du 5 mai 1988, où l’armée lance un assaut sanglant dans la grotte de Gossanah où se trouvent des indépendantistes, responsables d’une prise d’otages meurtrière à la gendarmerie d’Ouvéa. Retour sur l’histoire mouvementée du Caillou.

● 1853 : La Nouvelle-Calédonie devient française

Le 5 mai, dans l’enceinte du centre culturel Tjibaou, Emmanuel Macron a remis au gouvernement calédonien l’acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie. Ce texte signé du contre-amiral Fébvrier-Despointes au nom de Napoléon III consacre, le 24 septembre 1853, la souveraineté française en Nouvelle-Calédonie.

Cependant, en 1774, la découverte de cet archipel fut faite par l’explorateur britannique James Cook. D’origine écossaise, il la baptisa du nom latin d’Écosse (Calédonie). Mais en pleine conquête coloniale, Paris cherche à renforcer son influence dans le Pacifique et à implanter une nouvelle colonie pénitentiaire. La garnison française installée au sud de la Grande-Terre – l’île principale – devient une ville, nommée Nouméa en 1886. On y envoie des forçats – anciens communards après la Commune de Paris en 1870, mais aussi des prisonniers d’Afrique du Nord.

● 1878-1917 : grandes révoltes kanak

La colonisation ne s’est pas déroulée sans heurts, notamment après la découverte de gisements de nickel en 1870, qui assurent depuis la richesse de l’archipel. En 1878, plusieurs tribus kanak se révoltent contre les colons – surnommés « caldoches » – venus s’installer sur l’archipel. La guérilla entraîne la mort de 200 Européens et de 800 à 1 600 Kanaks. En 1917, pendant la Première Guerre mondiale, éclate une deuxième grande révolte kanak, liée à l’envoi de « volontaires » kanak dans les rangs de l’armée française. La mémoire de ces deux événements joue un rôle important dans l’émergence de l’indépendance kanak à la fin des années 1960.

● 1968 : émergence de l’indépendance kanak

Après la Seconde Guerre mondiale, où la Nouvelle-Calédonie rejoint le camp de la France Libre en 1940, le territoire de Mélanésie connaît une forte croissance économique, liée à l’exploitation du nickel, et un début de structuration politique permise par l’abolition du code indigène en 1944. En 1968, alors que plusieurs îles du Pacifique accèdent à l’indépendance et que la Nouvelle-Calédonie échappe au mouvement de décentralisation des autres territoires français d’outre-mer, des mouvements indépendantistes kanak se structurent, notamment le Groupe 1878 ou les Foulards rouges. Pour les élections territoriales de 1979, les indépendantistes formèrent une liste commune, le Front de l’Indépendance, qui obtint un tiers des voix.

● 1984-1988 : les « Événements »

La situation se dégrade avec l’arrivée d’une majorité indépendantiste au Conseil des collectivités territoriales en 1982. Après l’élection de François Mitterrand, un an plus tôt, le secrétaire d’État aux Outre-mer, le socialiste Georges Lemoine, propose un nouveau statut d’autonomie. , adopté par l’Assemblée nationale en 1984. Mais il a été rejeté par les indépendantistes, qui ont exigé que seules les populations kanak puissent participer au référendum prévu par le texte de loi, excluant ainsi les loyalistes Caldoches.

Le Front de l’indépendance, devenu la même année Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), décide de boycotter les élections territoriales. L’une des principales figures indépendantistes, Jean-Marie Tjibaou, a mis en place unilatéralement le « gouvernement provisoire de Kanaky ». Commence alors ce que l’on surnomme pudiquement les « Événements », une vague de violences qui fait plus de 90 morts, tant du côté des indépendantistes Kanak, des loyalistes de Caldoche et de la police, jusqu’en 1988. La situation s’aggrave encore en janvier 1985 après la mort d’Eloi Machoro, qui occupait le poste de ministre de la sécurité dans le gouvernement kanak. Après plusieurs avertissements, ce militant pur et dur a été abattu par le GIGN alors qu’il occupait avec ses militants la maison d’un Européen près de La Foa. Le gouvernement français a déclaré l’état d’urgence et le couvre-feu en juin de la même année.

● 1988 : prise d’otages à Ouvéa puis accord de Matignon

Le point culminant des « Événements » est atteint en 1988. Le 22 avril, un commando indépendantiste attaque la gendarmerie d’Ouvéa, petite île de l’archipel. Quatre gendarmes sont tués, vingt-sept pris en otages. A la veille du second tour de l’élection présidentielle, le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac a ordonné l’assaut pour libérer les otages détenus dans la grotte de Gossanah, au nord de l’île. C’est un bain de sang : deux militaires sont tués, ainsi que dix-neuf Kanaks, dont certains reçoivent une balle dans la tête.

Ce drame fait l’effet d’un électrochoc en Nouvelle-Calédonie. Le 26 juin 1988, Jean-Marie Tjibaou et son adversaire caldoche, Jacques Lafleur, fondateur du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR), signent les Accords de Matignon, à l’initiative du Premier ministre Michel Rocard, tout juste nommé après la réélection. -élection de François Mitterrand. Cet accord prévoit un statut provisoire de dix ans et, à l’issue, la tenue d’un référendum d’autodétermination. Mais ce premier pas vers la réconciliation déplaît aux séparatistes les plus radicaux. Jean-Marie Tjibaou et la secrétaire générale du FLNKS, Yeiwéné ​​​​Yeiwéné, sont assassinés le 4 mai 1989.

● 1998 : de l’accord de Nouméa aux référendums

Ce drame ne met pas fin au processus de réconciliation. Un nouveau texte est signé dix ans après les accords de Matignon. L’accord de Nouméa, conclu le 5 mai 1998 par le premier Lionel Jospin, le FNLKS et le RPCR, a été adopté à 72 % par référendum. Le texte évoque les « ombres » et la « lumière » de « la période coloniale », reconnaissant une « double légitimité », d’une part celle des « premiers occupants », les Kanaks, et de l’autre celle des « nouveaux occupants ». populations » arrivées après 1853. L’objectif est de forger un « destin commun » pour la Nouvelle-Calédonie, qui tienne compte à la fois de « l’identité kanak et de l’avenir partagé entre tous ».

Loin d’être une simple déclaration d’intention, l’Accord de Nouméa introduit une souveraineté partagée entre la France et la Nouvelle-Calédonie, avec un transfert progressif de toutes les compétences non régulières de l’une à l’autre. ‘autre. Défense, sécurité, justice et monnaie échappent à ce mouvement qualifié d’« irréversible ». L’accord introduit également une citoyenneté calédonienne spécifique, puisqu’il limite le droit du sol pour privilégier uniquement le droit du sang. Elle n’est en effet accordée qu’aux Français domiciliés en Nouvelle-Calédonie au moins depuis 1998, ainsi qu’à leurs descendants. L’accord prévoit enfin l’organisation d’un référendum d’autodétermination d’ici 2018.

Le 4 novembre 2018, à la question « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », le « non » l’emporte avec 56,4 % des votants. Deux autres référendums sont autorisés par l’accord de Nouméa. En 2020, le non l’a de nouveau emporté avec 53,26 % des votants. L’année suivante, le 12 décembre 2021, le dernier référendum est boycotté par une partie des indépendantistes. Avec seulement 44% de participation, le non à l’indépendance est soutenu par 96% des votants. La légitimité du vote est alors contestée par les indépendantistes.

Ray Richard

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