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Nouvelle-Calédonie : malgré sa fermeture programmée, l’usine de nickel de KNS croit en son avenir : Actualités

Près de 1.200 salariés de l’emblématique usine Koniambo Nickel (KNS), dont l’existence était censée rééquilibrer l’écart économique entre le sud et le nord de la Nouvelle-Calédonie, seront licenciés fin août, faute de repreneur. Mais l’actionnaire majoritaire veut croire à une « bonne nouvelle » et appelle l’Etat à l’aide.

Karl Therby, PDG de la Southern Pacific Mining Company (SMSP), affirme qu’il n’est pas un « vendeur de rêves ».

« Je ne le cacherai à personne, rien n’est gagné et le chemin sera difficile », a-t-il déclaré à l’AFP, en évoquant l’avenir de l’usine KNS de Voh (nord).

En coulisses, les discussions pour une reprise du site se poursuivent toutefois. « Deux groupes sont toujours intéressés (…), un autre est intéressé mais avec qui les discussions sont moins avancées. Et le projet est d’y faire de la métallurgie, pas seulement de l’exploitation minière », poursuit-il.

Actionnaire à 51% de KNS, la SMSP, société détenue indirectement par la Province Nord de la Nouvelle-Calédonie, est à la recherche d’un nouveau partenaire industriel depuis l’annonce en février du retrait du géant anglo-suisse Glencore, qui détenait les 49% restants.

Jamais rentable, le site affiche une dette abyssale de 13,5 milliards d’euros, un passif qui repose entièrement sur Glencore. La faillite de KNS symbolise les difficultés du secteur du nickel, qui représente 25% de l’emploi privé de l’archipel et la quasi-totalité de ses exportations mais traverse une crise majeure.

Cela a contraint les acteurs traditionnels (Australie, Japon, etc.) à réduire leur voilure voire à fermer des sites, tandis que de nouveaux acteurs, notamment l’Indonésie, ont inondé le marché de nickel à bas coût.

En février, Glencore avait accepté de financer six mois de salaires supplémentaires pour permettre l’entretien « à chaud » des fours et donc une reprise rapide de l’activité si un repreneur se présentait.

Le délai étant passé, « 1.150 personnes seront soumises à une procédure de licenciement collectif pour motif économique », indiquait fin juillet la direction de KNS. Ne resteront plus que 50 salariés, chargés de l’entretien à froid des immenses fours de l’usine.

Mais « la perspective d’une reprise n’est pas terminée », assure Karl Therby, qui estime que les discussions avec les groupes intéressés prendront encore « trois à six mois ».

– « Tout à reconstruire » –

Une fois les fours arrêtés, «tout est à reconstruire», estime Karl Therby. Une reconstruction qui prendra des mois, voire des années, avec probablement «une réorientation vers une clientèle qui veut rompre avec l’hégémonie chinoise» sur le nickel.

C’est-à-dire abandonner le ferronickel destiné à l’acier, tel que produit actuellement KNS, au profit de la production de matte de nickel (produits obtenus à partir de la première fusion du minerai) susceptibles d’être intégrés dans les lignes de production de batteries électriques.

Une stratégie réaliste, selon Karl Therby, car elle a déjà été mise en œuvre dans l’usine que SMSP possède en copropriété en Corée du Sud avec l’entreprise coréenne Posco.

La SMSP espère y parvenir « d’ici la fin de l’année ». Et pour éviter une déperdition de compétences, elle a demandé le 25 juillet une aide de l’Etat dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, pour « un montant estimé entre 25 et 55 millions d’euros, correspondant au coût du maintien de la masse salariale de KNS pendant une période de trois à six mois ».

Dans ce courrier, resté jusqu’ici sans réponse, la SMSP souligne que les deux autres usines de nickel de Calédonie, Prony Resources et SLN, ont « bénéficié de plusieurs centaines de millions d’euros de financements au cours des huit dernières années », contrairement à KNS.

Une source proche du dossier affirme que la Province du Nord, à majorité indépendantiste, « n’a jamais voulu que l’Etat intervienne directement ou finance de quelque manière que ce soit (…) l’usine KNS ».

Les syndicats se montrent toutefois réservés sur les perspectives de reprise. « Bien sûr qu’on veut croire en un repreneur », assure Frédéric Narcissot, du Syndicat général des travailleurs de l’industrie de Nouvelle-Calédonie (SGTI-NC) : « Mais quand on regarde la réalité de la situation, on se demande qui va venir faire de la métallurgie ici, avec le coût de l’électricité tel qu’il est. »

« C’est l’une des questions que (…) les entreprises et les institutions ont évitées pendant des années », regrette-t-il.

Fin 2023, Bercy avait proposé un pacte sur le nickel, promettant en échange de subventionner l’énergie nécessaire aux trois usines calédoniennes, mais il n’avait pu se concrétiser, notamment en raison de l’opposition des indépendantistes à la libéralisation des exportations de minerai brut, une des revendications de l’État.

publié le 10 août à 09:18, AFP

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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