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Nouvelle-Calédonie. Incarcéré, « rassembleur »… Qui est Christian Tein, nouveau président du FLNKS ?

Nouvelle-Calédonie. Incarcéré, « rassembleur »… Qui est Christian Tein, nouveau président du FLNKS ?

Le leader kanak Christian Tein, détenu en métropole après les violences déclenchées par la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, a été nommé samedi président de l’alliance indépendantiste FLNKS, a indiqué dans la nuit un dirigeant, à l’issue d’un congrès auquel deux composantes du Front ont refusé de participer.

Le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), soupçonné d’avoir orchestré les troubles qui ont fait 11 morts, est à l’isolement à la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin) depuis le 23 juin. En nommant Tein, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) reconnaît la CCAT comme un outil de mobilisation du Front et pas seulement de l’Union calédonienne (UC, principal parti indépendantiste, composante du FLNKS), a expliqué Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien (RDO), autre parti membre du FLNKS et qui préside actuellement son bureau politique.

« Tonton Bichou »

Surnommé « Tonton Bichou », Christian Tein, né en 1968, a gravi les échelons au sein de l’UC avant d’être chargé par le parti, en novembre 2023, de diriger le CCAT, tout juste créé. Les militants louent le côté « leader » et « fédérateur » de cet homme de terrain issu d’une famille animée par la cause indépendantiste.

La désignation du leader kanak s’est faite en l’absence des deux autres composantes du FLNKS : le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste mélanésienne (UPM). En raison de divisions internes et de désaccords sur le rôle du CCAT, ceux-ci avaient annoncé leur refus de participer au 43e congrès du Front, vendredi et samedi à Koumac, dans le nord de l’archipel français. Tous deux avaient également prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas les motions politiques issues de la réunion.

Crise économique

La Nouvelle-Calédonie est plongée dans une profonde crise économique, politique et sociale depuis les violences meurtrières consécutives à une réforme visant à élargir le corps électoral calédonien, votée à Paris. Face à l’embrasement du territoire, le président Emmanuel Macron a annoncé en juin que le texte était « suspendu ».

Une position jugée insuffisante par le camp indépendantiste, qui réclame un abandon clair du projet, l’accusant de réduire le poids politique du peuple indigène kanak. Tein, qui se considère comme un « prisonnier politique » et affirme n’avoir pas appelé à la violence, est inculpé pour complicité de tentative d’assassinat et association de malfaiteurs en vue de préparer un crime. Pour les autorités, le CCAT a fomenté les troubles, ce que le mouvement nie.

Les partisans de Christian Tein estiment qu’il a tenté de contrôler un CCAT qui avait échappé à l’UC, tandis que ses ennemis politiques dans le camp loyaliste l’accusent de duplicité et d’être le cerveau d’une organisation « terroriste ». La reconnaissance du CCAT par le FLNKS devrait permettre une meilleure coordination des actions de ses différents relais, alors qu’il agissait jusqu’à présent de manière autonome, estime Humuni.

« Il faut lever certains blocages pour permettre à la population d’avoir accès aux services essentiels, mais cela ne veut pas dire que nous abandonnons notre lutte », a-t-elle déclaré, alors que l’archipel est encore partiellement paralysé par les blocages. Le Front a également exprimé sa volonté de renouer le dialogue, mais uniquement avec l’Etat, excluant le camp non indépendantiste.

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