Plus de deux mois après le début des violences en Nouvelle-Calédonie, un homme a été tué mercredi par la police dans le sud du territoire. Il s’agit du dixième décès depuis le début des émeutes le 13 mai.
Ce qui s’est passé ?
L’incident s’est produit ce mercredi matin (heure locale) à proximité de l’église Saint-Louis située à Mont-Dore, dans l’est de l’agglomération de Nouméa.
Des gendarmes mobiles étaient déployés pour sécuriser une route à proximité de la tribu de Saint-Louis lorsqu’ils ont été ciblés par plusieurs tirs.
Selon le procureur de la République, « quatre hommes armés au visage masqué » ont pénétré dans l’église vers 9h30. Ces individus sont soupçonnés d’avoir occupé les lieux de manière sporadique depuis plusieurs jours. L’un d’eux s’était positionné à une fenêtre située à l’étage, avec une arme longue.
Vers 11h15, un drone de la gendarmerie, ainsi qu’un groupe de gendarmes du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui se trouvaient à 650 m de l’église, ont été visés par des tirs. L’un des militaires a localisé l’un des tireurs et a riposté, selon le procureur.
L’individu, touché au flanc, est décédé. Son corps a été transporté par ses complices à la tribu de Saint-Louis.
Qui est la victime ?
L’homme décédé a été identifié dans la soirée par les autorités. Il s’agit de Roch Victorin Wamytan, un militant indépendantiste de 38 ans. Cet habitant de la tribu kanak de Saint-Louis était également connu sous le surnom de « Banane », précisent nos confrères de 1re.
Il était le neveu de l’homme politique Rock Wamytan, actuel président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
L’homme, soupçonné d’avoir participé à une dizaine de vols de véhicules avec usage ou menace d’une arme, faisait l’objet d’un mandat de recherche depuis le 2 juillet. Roch Wamytan avait été condamné par le passé pour violences volontaires avec arme, destruction de biens par incendie et participation à une association de malfaiteurs en vue de préparer un crime. Il était sorti de prison en juillet 2023.
Deux enquêtes ouvertes
Une autopsie du corps de la victime a été ordonnée par le parquet.
Deux enquêtes ont été ouvertes. L’une pour tentative d’homicide volontaire sur personne ayant autorité, après des coups de feu tirés sur les gendarmes, sera menée par la section de recherche de Nouméa. La seconde portera sur le décès de l’homme lié à l’usage de l’arme par le gendarme du GIGN et sera menée par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale.
Une recrudescence des tensions
Les violences, les plus graves localement depuis les années 1980, se poursuivent depuis le 13 mai sur le territoire océanien. Elles ont fait jusqu’à présent dix morts, dont deux policiers. Les dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages, etc.) sont estimés à plus de 2 milliards d’euros.
Un regain de tension a été constaté après un raid de grande ampleur contre les milieux indépendantistes mené à partir du 19 juin. Le couvre-feu a été prolongé jusqu’au 15 juillet.
Treize personnes accusées d’avoir joué un rôle dans l’orchestration des émeutes du « Caillou » ont été mises en examen. Cinq d’entre elles restent incarcérées en métropole, dont Christian Tein, le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusé par les autorités d’avoir organisé les violences.