Nouveau test pour le premier décollage avec les astronautes du vaisseau spatial Boeing Starliner
Après une première tentative de décollage annulée au dernier moment début mai, deuxième test : le vaisseau spatial Starliner de Boeing doit s’envoler samedi vers la Station spatiale internationale, avec à son bord pour la première fois des astronautes.
Le décollage est prévu samedi à 12h25 depuis Cap Canaveral en Floride (16h25 GMT), avec des prévisions météo favorables.
Les astronautes de la NASA Butch Wilmore et Suni Williams, deux vétérans de l’espace qui forment l’équipage, ont été installés samedi matin à bord de la capsule Starliner. Il sera propulsé en orbite par une fusée Atlas V du groupe ULA.
Il y a dix ans, la NASA a commandé deux nouveaux véhicules aux sociétés américaines Boeing et SpaceX pour transporter ses astronautes vers la Station spatiale (ISS), afin de ne plus dépendre des navires russes.
Si SpaceX joue déjà ce rôle de taxi spatial depuis quatre ans, le géant Boeing a connu une série de déboires entraînant des années de retard.
Déjà ébranlé par des problèmes de sécurité sur ses avions, le groupe mise sa réputation sur cette mission test, qui doit servir à démontrer que son navire est sûr avant d’entamer des missions régulières vers l’ISS.
Pour la NASA, l’enjeu est également de taille : disposer d’un deuxième véhicule lui permettrait de mieux gérer d’éventuelles situations d’urgence.
« Petite évasion »
Début mai, les deux astronautes étaient déjà installés à bord lorsque le décollage a été annulé. La raison : un problème avec une valve sur la fusée, qui a depuis été changée.
Une petite fuite d’hélium est alors découverte sur l’un des propulseurs du navire. Mais Boeing et la NASA ont décidé de ne pas le réparer, ce qui nécessiterait le démontage du Starliner.
« Nous pensons vraiment pouvoir gérer cette fuite, en l’observant avant le décollage, et même si elle s’agrandit en vol »Steve Stich, responsable du programme de vols spatiaux habités commerciaux à la NASA, a déclaré vendredi.
Ces revers ne sont que les derniers d’une série de mauvaises surprises.
En 2019, lors d’un premier test sans équipage, le vaisseau spatial n’a pas pu être placé sur la bonne trajectoire et est reparti sans atteindre l’ISS. Puis en 2021 un problème de valves bloquées sur la capsule a conduit au report d’une nouvelle tentative.
Le véhicule vide a finalement réussi à rejoindre l’ISS en mai 2022.
D’autres problèmes découverts par la suite, notamment au niveau des parachutes freinant la capsule lors de son retour dans l’atmosphère, ont encore provoqué des retards jusqu’à ce premier vol habité.
Pompe à urine
Starliner doit s’amarrer à l’ISS dimanche vers 17h50 GMT et y rester un peu plus d’une semaine, avant de ramener ses deux passagers sur Terre.
Butch Wilmore, 61 ans, et Suni Williams, 58 ans, se sont déjà rendus à deux reprises sur l’ISS, chacun à bord de l’ancienne navette spatiale américaine puis d’un vaisseau spatial russe Soyouz.
Mais il s’agit cette fois de tester un tout nouveau véhicule, dont cet exemplaire a été baptisé Calypso, en hommage au navire du commandant Cousteau. Tous deux issus de l’US Navy, ils participèrent activement à son développement.
Une fois dans l’espace, les astronautes doivent passer temporairement au pilotage manuel pour tester ce mode.
Le vaisseau emporte également avec lui des équipements ajoutés à la dernière minute : de quoi réparer le système permettant de recycler l’urine des astronautes en eau dans l’ISS.
Une pompe a soudainement cessé de fonctionner cette semaine, et l’urine doit être stockée à bord en attendant, mais ces capacités sont limitées.
Une poignée de navires
Seule une poignée de navires américains ont transporté des astronautes dans le passé.
Après l’arrêt des navettes spatiales en 2011, les astronautes de la NASA ont dû voyager à bord du vaisseau spatial russe Soyouz.
C’est pour mettre fin à cette dépendance qu’en 2014, l’agence spatiale américaine a signé un contrat de 4,2 milliards de dollars avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX pour le développement de nouveaux vaisseaux.
À la surprise générale, SpaceX a largement battu Boeing en transportant ses premiers astronautes vers l’ISS en 2020.
Une fois Starliner opérationnel, la NASA souhaite alterner les vols de SpaceX et de Boeing pour transporter ses astronautes.
Après le retrait de l’ISS en 2030, les deux vaisseaux pourraient servir à transporter des humains vers de futures stations spatiales privées, sur lesquelles travaillent déjà plusieurs entreprises américaines.