Nouveau retard : les trains « Oxygène » pour la ligne Paris-Nevers-Clermont ne seront pas livrés à la SNCF avant 2027
La SNCF devra attendre, et donc les usagers de la ligne Paris-Clermont aussi : les nouveaux trains Oxygène appelés à remplacer les Intercités Corail seront livrés en retard par rapport au calendrier annoncé. Le constructeur, CAF, l’accepte, déplorant « de nombreuses vicissitudes depuis la signature du contrat ».
Ne pouvant garantir une amélioration rapide de son infrastructure ferroviaire sur la ligne Paris-Clermont en souffrance, SNCF Réseau avait annoncé la mise en service de nouveaux trains baptisés Oxygène, pour remplacer le Corail presque cinquantenaire. Si les trains n’arrivent pas toujours à l’heure, au moins ils seront super confortables !
Ces 28 trains « d’une qualité exceptionnelle, comparable à celle des TGV les plus modernes » qui circuleront à 200 km/heure, seront répartis entre les Intercités de la ligne Clermontoise et la ligne Paris-Limoges-Toulouse, et auraient dû être déployés. sur ces réseaux à partir du second semestre 2025.
Des trains de « qualité exceptionnelle »… mais pour longtemps !
Cet horaire ne sera pas tenu le constructeur espagnol CAF (Construcciones y auxiliar de ferrocarriles), qui a remporté le marché, a expliqué les raisons de La montagne,
ce vendredi 26 avril.
Alain Picard, directeur de CAF France, qui emploie 900 salariés sur deux sites (l’un à Bagnères-de-Bigorre au Pays basque, et l’autre à Reichshoffen, le site alsacien Alstom ayant rejoint le groupe CAF en 2022), énumère les écueils qui, depuis le début, ont ralenti l’avancée du projet.
Sièges confortables, wifi, prises et ports USB, écrans « dignes des TGV les plus modernes ». Photo Franck Boileau
Les travaux sur un « cahier des charges extrêmement exigeant et complexe » ont débuté en décembre 2019 « en partant d’une feuille blanche ». » Puis vint le Covid et son confinement, les difficultés de recrutement et de mobilisation des ressources humaines nécessaires, puis la guerre en Ukraine et les difficultés d’approvisionnement…
Deux problèmes techniques à résoudre
Année après année, la construction continue de progresser dans les ateliers de la CAF (80 % de la fabrication en France et 20 % en Espagne) et quatre trains sont actuellement presque terminés. Le premier est en phase de test en République tchèque depuis fin 2023.
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Des essais qui ont révélé, en février, deux problèmes techniques : « un problème au niveau des freins et un problème au niveau des moteurs », explique, en mode transparence, Alain Picard.
Il précise que « ce sont des problèmes ciblés, qu’il faut maintenant résoudre, et nous ne pourrons pas éviter un retard de livraison ; nous sommes actuellement en discussion avec la SNCF pour gérer cet écart ; nous faisons notre maximum pour livrer un premier train fin 2024 et des trains en 2025 pour que la SNCF puisse l’exploiter (sans passagers) puis nous nous engageons à livrer un maximum de trains d’ici décembre 2026, et la totalité courant 2027″. Une fois la livraison effectuée, il faudra quelques mois à la SNCF pour mettre les trains en circulation.
Transport. Ligne Paris-Clermont : la locomotive de secours positionnée à Nevers fait ses preuves
Cet accord conclu avec l’État et la SNCF pourrait également permettre à la ligne Paris-Clermont de réduire de dix minutes le temps de trajet. Neuf allers-retours quotidiens sont prévus (au lieu de huit actuellement en semaine et six le week-end).
Initialement annoncée pour décembre 2023, l’autorisation de circulation est désormais prévue pour décembre 2026, soit trois ans plus tard.
Réactions – Pour Stéphanie Picard, présidente du collectif des usagers de la ligne Paris-Clermont-Ferrand« Ce retard n’est pas une énorme surprise, tant il y avait beaucoup de flou dans les dates, qui ont été repoussées à plusieurs reprises, mais c’est une énorme déception, qui génère une énorme inquiétude. Cela ne doit pas pénaliser tout le reste, et il faut maintenir la pression sur le calendrier pour tous les autres projets de cette ligne, mais malheureusement ce ne sont pour l’instant que des mesures de rattrapage, alors que nous méritons une réelle ambition pour notre territoire, c’est-à-dire soit une liaison avec Paris en 2h30 maximum.
Patrick Wolff, président d’Objectif Capitales
considère que « cela crée une dette par rapport au traitement qui nous est infligé depuis des années. En conséquence, cela accélère et actualise le programme indispensable pour moderniser cette ligne. Nous n’attendrons pas 2035 pour avoir une ligne compétitive ; nous avons demandé des réunions qui nous espérons obtenir auprès des différents décideurs. Pour compenser le retard technique, il faut une accélération du programme de modernisation, dont les trains ne sont qu’un aspect et le problème se pose de la même manière pour Clermont et pour Limoges ; «
Laurence Couperier