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Nouveau mystère à Stonehenge ? La pierre de l’autel pourrait provenir du nord de l’Écosse, et non du pays de Galles

Alors que l’on pensait que les pierres centrales du site mythique anglais provenaient du Pays de Galles, l’une d’elles provient en réalité du nord de l’Ecosse. Une surprise qui nous prouve que les sociétés néolithiques avaient atteint un très haut niveau d’organisation sociale.

Il existe des sites archéologiques dont le nom seul évoque le mystère, le mysticisme, voire la magie. Stonehenge, dans le sud de l’Angleterre, est sûrement le plus emblématique. Cet ensemble monumental de mégalithes érigé entre 2900 et 1500 avant J.-C. n’en finit pas d’attirer les curieux et d’alimenter fables et mythes. Certains ont voulu y voir l’œuvre de Merlin, le magicien de la légende d’Arthur, qui aurait déplacé les pierres d’Irlande en hommage aux nobles tués par les Saxons. D’autres ont tenté une approche plus scientifique et ont voulu y voir un temple druidique ayant un lien fort avec l’astronomie. Si l’on peut sans risque écarter l’hypothèse liée à Merlin et même celle liée aux druides, le rôle de cet édifice reste un mystère que, petit à petit, les scientifiques tentent de percer.

Le consensus tend désormais à considérer Stonehenge comme un sanctuaire dédié aux morts où un grand nombre de personnes se rassemblaient régulièrement pour de grandes cérémonies. Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature nous offre une nouvelle énigme en dévoilant l’origine de la pierre centrale du sanctuaire, « l’autel », datée d’environ 2200 avant J.C. Elle aurait été transportée depuis le nord de l’Écosse, à 750 kilomètres de là par mer. Une découverte qui confirme le rôle central de Stonehenge pour toute l’île de Bretagne, mais qui n’est pas sans ouvrir de nouveaux mystères !

Deux types de pierres composent Stonehenge. Les premières, des blocs monolithiques qui pèsent en moyenne 20 tonnes et qui, assemblés, forment les immenses fers à cheval, proviendraient de Marlborough Downs, à 29 kilomètres au nord du site. Les autres, les pierres bleues, sont les plus petites (mais chaque bloc pèse tout de même de 2 à 7 tonnes). Elles composent l’intérieur des cercles. Elles ont été traînées, portées ou roulées depuis l’ouest du Pays de Galles, à 290 kilomètres de là. C’est en tout cas ce que nous apprend une étude publiée en 2020 dans la revue Progrès scientifiques . Mais cet ensemble de pierres bleues n’est pas homogène. L’une d’entre elles, et pas n’importe laquelle, puisqu’elle se trouve au centre du sanctuaire, vient d’Écosse.

«  Bien que la découverte soit surprenante, elle confirme d’autres données archéologiques et archéozoologiques.juge Cyril Marcigny, archéologue à l’Institut national d’archéologie préventive (INRAP). Stonehenge joue un rôle central dans un très vaste territoire ! L’analyse isotopique des restes osseux découverts sur le site voisin de Durrington Walls a indiqué que certains d’entre eux avaient été déplacés depuis l’Écosse. » Dans un article publié en 2023 dans la revue Journal des sciences archéologiques une partie des auteurs de la nouvelle publication dans Nature Les scientifiques avaient déjà constaté que la signature géologique de l’autel ne correspondait pas à celle du bassin gallois. Les scientifiques se sont alors rapprochés des équipes de l’université Curtin de Perth, dans l’ouest de l’Australie. Un laboratoire spécialisé dans l’étude des roches anciennes et doté d’une technologie de pointe en géochimie. En analysant les grains par ultrasons, on peut créer une empreinte digitale de l’âge des minéraux, qui peut être utilisée pour établir l’équivalent d’un profil ADN de la pierre.explique le premier auteur, Anthony Clarke, doctorant à l’Université Curtin. Une fois ce profil ADN établi, il faut chercher quel bassin en est le plus proche. » Et selon ces données, la signature chimique de la pierre de l’autel correspond à des roches du bassin orcadien, au nord-est de l’Écosse, à au moins 750 kilomètres de Stonehenge. «  Les signatures de tous les bassins environnants, y compris la Bretagne française, ont été vérifiées.expliquer les auteursC’est le seul qui correspond à 95 %. » « On pense que l’autel a été transporté vers 2500 av. J.-C.ajoute Nick Pearce, co-auteur de cet ouvrage et géologue à l’Université d’Aberystwyth au Pays de Galles. Mais cette date n’est pas certaine. Les autres pierres bleues sont arrivées environ 400 ans plus tôt.. »

Le transport d’une pierre pesant entre 6 et 7 tonnes sur une telle distance implique des réseaux commerciaux de longue distance et un niveau d’organisation sociale plus élevé que ce que l’on pense généralement en Grande-Bretagne à cette époque. Selon les auteurs, le transport d’une telle charge par voie terrestre aurait été très compliqué, d’autant plus que la pierre provenait probablement d’une des nombreuses îles des Orcades. Ils pensent que les constructeurs de Stonehenge ont utilisé la voie maritime, probablement le long de la côte britannique. «  Une hypothèse tout à fait crédiblejuge Cyril Marcigny. L’archéologie montre que les gens ont parcouru de longues distances pour atteindre le site, et il existe de nombreuses preuves qu’ils utilisaient déjà des bateaux. »

Quant à la signification de cet assemblage, elle reste mystérieuse. Tout comme il est compliqué d’expliquer pourquoi une pierre de sept tonnes a été récupérée et amenée à parcourir plusieurs centaines de kilomètres, pour la placer au centre d’une telle construction.. «  C’est même la grande question sans réponse de cet ouvrage.commenter les auteurs. C’est véritablement une opération mystérieuse que ces hommes ont entreprise. » « En Europe, deux autres sites comparables ont été découvertscommentaires Cyril Marcigny. Les sanctuaires de Pömmelte et Schönebeck en Allemagne, mais contrairement à Stonehenge sont en bois. Tout ce que l’on peut dire c’est que nous sommes à une période cruciale en Europe qui est le début de l’âge du bronze. Avec une transition démographique qui s’accompagne d’une forte transition sociale. » Les sociétés sédentaires des steppes pontiques, au nord de la mer Noire, se sont installées sur tout le continent. Elles ont apporté avec elles de nouvelles pratiques culturelles et cultuelles. Ces vastes sanctuaires ont sûrement eu une place particulière dans leur symbolique. Plusieurs cavités funéraires et certains des 56 trous d’Aubrey qui entourent les pierres de Stonehenge ont accueilli des tombes à incinération.

Les nombreux restes animaux découverts sur le site anglais suggèrent la récurrence de grands repas. Les victuailles étaient même ramenées vivantes sur plusieurs centaines de kilomètres. Les participants ont donc délibérément choisi de consacrer à ces rassemblements des animaux qu’ils avaient eux-mêmes élevés et non chassés sur place. Ces lieux de pèlerinage étaient sans doute chargés d’une très forte représentativité si bien que les convois traversaient tout ce territoire. «  Ces banquets sont les plus anciens événements connus de ce type et semblent lancer une nouvelle dynamique dans les relations entre les hommes, ajoute Cyril Marcigny. On peut imaginer des centaines de personnes se rassembler autour de ces lieux pour festoyer. On sait que Stonehenge possède une acoustique particulière. Il est probable que les hommes y jouaient de la musique en plus de manger les cochons qu’ils avaient amenés avec eux. »

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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