Nouveau Front populaire : fin du « choc des savoirs » et ambition de reconstruire l’école publique
Déclarée « priorité » dès le premier quinquennat de Macron, l’éducation est l’un des domaines qui a le plus souffert depuis 2017. Ceux qui se sont battus dès le début et encore aujourd’hui contre l’enchaînement de « réformes » au rythme infernal (nouveau baccalauréat, Parcoursup , lycée professionnel, « choc des savoirs »…), conduisant à la déconstruction méthodique de l’enseignement public, se réjouiront de ne pas l’avoir fait pour rien : le programme Nouveau Front Populaire (NFP) reflète l’essence de leurs revendications. La co-secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, le souligne : «Nos messages ont été entendus»elle apprécie, se moquant au passage « ceux qui disent que les syndicats ne servent à rien »…
Abrogation du choc des savoirs, Parcoursup, SNU, gratuit…
L’abrogation du « choc des savoirs » – et le tri social des étudiants qu’il a dû organiser dès l’entrée au collège – font en effet partie des mesures considérées comme les plus urgentes, à mettre en œuvre dès les quinze premiers jours de la nouvelle année scolaire. législature si le NFP gagne.
Mais pas seulement : à partir de cet été aussi, il s’agira de « faire les premiers pas vers une scolarité totalement gratuite : cantine scolaire, fournitures, transports, activités périscolaires ». Le ton est donné : en matière académique comme dans le reste du programme, il s’agit de commencer à combler le gouffre des inégalités qui n’a cessé de se creuser au détriment des familles populaires.
Puis, en cent jours, l’ambition éducative se dévoile, à commencer par la suppression de l’infernale machine Parcoursup et de la sélection universitaire qu’elle entérine, accompagnée de la création d’une allocation d’autonomie accessible. à partir de 18 ans pour les ménages et les étudiants en dessous du seuil de pauvreté (qui en 2024 sera de 1 158 euros par mois selon l’Insee), et même à partir de 16 ans pour les élèves des lycées professionnels.
Spécifiquement pour les étudiants, le repas à un euro pour tous est rétabli. Alors que cette mesure avait permis à des milliers de jeunes de survivre pendant la crise du Covid, le gouvernement en réservait depuis l’accès aux seuls boursiers.
« Investir dans l’éducation nationale pour répondre aux besoins »
Un cap clair est également fixé : « Réduire le nombre d’élèves par classe pour faire mieux que la moyenne européenne de 19 élèves »tandis que, du fait des suppressions d’emplois et des fermetures de classes, la France est l’un des pays où l’effectif moyen par classe (22 en primaire, 26 au collège, 30 au lycée général) est l’un des plus élevés d’Europe.
Pour cela il faudra « investir dans l’éducation nationale en fonction des besoins » : revalorisation des grilles salariales, renforcement de la vie scolaire et du personnel de médecine scolaire sont annoncés. La création d’une école véritablement inclusive est également à l’ordre du jour, avec la création d’un « service public d’accompagnement des étudiants handicapés, par la formation et la constitution d’accompagnateurs actuels d’étudiants handicapés (AESH) ».
Enfin, les personnels et les familles de Seine-Saint-Denis qui se battent depuis fin février pour un plan d’urgence en partie vétuste, voire insalubre comme dans beaucoup d’autres territoires, seront ravis de lire que l’ANP les a entendus. sur ce point dans « réinvestir dans les locaux scolaires » dès ses trois premiers mois de mandat.
A plus long terme, une autre attente majeure serait comblée par une majorité NFP : la suppression du SNU (Service National Universel), ce système paramilitaire coûteux et au mieux inutile. Les professeurs d’éducation physique et sportive voient leur première revendication prise en compte, puisque l’EPS serait amenée « quatre heures par semaine pendant toute la durée de l’école ».
Une mesure qui s’accompagnerait d’un plan de rénovation des installations sportives existantes et de création « 10 000 équipements sportifs supplémentaires ». Enfin, la défense d’une laïcité bien comprise n’est pas oubliée, avec l’engagement de« un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité » Et « les principes juridiques de la loi de 1905 »accompagné d’un renforcement de « la pédagogie de la laïcité dans l’Éducation nationale pour accompagner les enseignants ».
Après les drames des meurtres de Samuel Paty en 2020 et de Dominique Bernard en 2023, après les dérives vers une laïcité d’exclusion constatées notamment sous Jean-Michel Blanquer, la volonté de revenir vers une laïcité du vivre ensemble, à la fois sûre d’elle, protectrice de tous et pacifique, constituerait une excellente nouvelle.
« Le progrès social ne s’obtient que par la lutte »
Sophie Vénétitay déplore néanmoins deux domaines sur lesquels l’émission reste muette : « La réforme du parcours professionnel, avec de lourdes conséquences pour les étudiants populaires »et ceux du baccalauréat et du lycée général, jugés « très déstabilisant » en amont de Parcoursup. Mais, prévient-elle, « nos organisations syndicales continueront à se mobiliser, car nous savons que, quel que soit le futur gouvernement, le progrès social ne peut se faire que par la lutte ». Une mobilisation pédagogique qui doit commencer, rappelle-t-elle, par « allez voter pour battre l’extrême droite ».
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