nouveau dérapage en vue pour 2024, plus de 5 % du PIB contre 4,4% initialement prévu
Initialement, le gouvernement avait prévu un déficit de 4,4% du produit intérieur brut pour 2024. Mais il sera, selon nos informations, supérieur à 5% du PIB…. Dans le nouveau programme annuel de stabilité, un document que le gouvernement qu’il enverra à Bruxelles, et qu’il présentera au Conseil des ministres ce mercredi matin, sera probablement de 5,1 ou 5,2% du PIB.
Et c’est une très mauvaise nouvelle pour l’exécutif, qui se retrouve toutes les quelques semaines à devoir justifier une telle erreur. Et pour cause, une nouvelle fois, il revoit sa copie. En mars dernier, le gouvernement révélait un déficit pour 2023 bien supérieur à ses estimations : 5,5% contre 4,9% initialement anticipés. La raison en est la baisse des recettes fiscales collectées l’année dernière. Cela représente une différence de 15 milliards d’euros.
Des dizaines de milliards d’euros supplémentaires à trouver
Après avoir déjà annoncé un plan d’économies de 10 milliards d’euros, le gouvernement se retrouve dans l’obligation de serrer encore la vis. Bien sûr, il mise sur la croissance, mais le pari est pour le moins audacieux. Car si la croissance française est restée positive, elle est bien plus faible que prévu. Et là aussi, le gouvernement a dû revoir ses attentes à la baisse : 1% contre 1,4% prévu.
Il promet également de réduire les dépenses. Il a déjà commencé à le faire mais la pilule s’annonce difficile à avaler. Il ne cache pas son intention de durcir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi avec une nouvelle réforme de l’assurance chômage, y compris pour les seniors. En vue également : des économies pour les collectivités, mais aussi du côté des dépenses sociales, où il faut s’attendre, par exemple, au déremboursement des soins de santé, à la mise en place de jours de carence, etc.
Autant de mesures impopulaires qui risquent de fragiliser la majorité présidentielle à quelques semaines des élections européennes. D’où le flou sur le calendrier et les modalités pour ne pas effrayer ses électeurs.
La majorité sous pression
Reste que la manière de renouer avec la trajectoire financière divise la macronie. Comment y parvenir sans augmenter les impôts des plus riches ? Faut-il revoir le modèle social français comme le suggère le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ? Tout le monde n’est pas d’accord et les tensions sont de plus en plus palpables entre Bercy et l’Elysée. Une première depuis 7 ans : jusque-là les positions entre Emmanuel Macron et son ministre de l’Économie, numéro deux du gouvernement, avaient toujours été plutôt alignées.
Sans compter que sur cette question budgétaire, les oppositions se déchaînent. Ils ne manquent pas de poursuivre le gouvernement en justice pour manque de sincérité et incompétence. Les LR n’hésitent pas à menacer de dégainer des motions de censure. Eric Ciotti accuse ainsi la macronie d’un projet caché d’augmentation des impôts des Français. Le RN pointe aussi une mauvaise gestion, quand LFI s’insurge contre le fait que l’effort à faire retombe majoritairement sur les plus vulnérables, et épargne les plus aisés.
De tous côtés, le gouvernement se trouve politiquement sur la défensive.
Pression des agences de notation
Le dernier point d’excitation, enfin, pour l’exécutif, c’est l’attente du verdict des agences de notation Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s. Tous doivent se prononcer dans les prochaines semaines sur la notation financière de la France. Ces nouvelles prévisions de déficit revues à la hausse ne vont pas dans le bon sens, elles risquent de miner encore davantage la crédibilité de la France quant à sa capacité à tenir ses comptes et à réduire sa dette. De quoi affaiblir la France face à ses partenaires européens.