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nous vous emmenons à la « fourmilière » de l’hôtel Drouot

Au cœur de Paris, entre galeries d’art et antiquaires, trône majestueusement l’Hôtel Drouot. Le lieu est si emblématique qu’il a donné son nom au quartier. Plus de 800 ventes aux enchères y sont organisées chaque année, elles-mêmes composées de 350 objets en moyenne. Unique en son genre, Drouot n’est rien de moins que la plus grande salle de ventes publiques. Et ce depuis 1852.

Dès l’entrée dans le bâtiment, on est immédiatement frappé par le calme et l’agitation qui règne à l’intérieur. Une vente aux enchères vient de commencer quelques minutes plus tôt. Une centaine de connaisseurs et de curieux se pressent dans l’une des 15 salles de ventes de l’hôtel. Costume de Claude François, dessin d’Edgar Degas, fossile de ptérosaure… Les 15 lots de cette « grande vente » sont présentés comme « exceptionnels ».

Un cérémonial vieux de plusieurs siècles

On assiste alors à une pièce dont le dernier acte n’est jamais écrit à l’avance. Côté cour, on retrouve le public qui n’a pas trouvé de place. Côté jardin, les commis, téléphone à la main, prêts à enchérir sur les commandes d’un client. Mais c’est au centre que se déroule le véritable spectacle, orchestré par le commissaire-priseur, assisté d’un crieur et d’un expert différent pour chaque lot.

Les objets d’art défilent mais les ventes aux enchères ont leur propre rythme. Un somptueux sabre de combat du XIXème sièclee siècle, pièce maîtresse de la vente, ne vaut pas le prix estimé (entre 500 000 et 800 000 euros). Mais une paire de tableaux d’Hubert Robert, réalisés à la même époque, fait l’objet d’une âpre bataille entre deux enchérisseurs. Elle a finalement été vendue 197 000 euros (253 562 euros avec frais), soit bien plus que l’estimation. Applaudissements dans la salle.

Pour tous les budgets

Alors oui, l’ambiance est cosy et la déco raffinée. Mais ne vous y trompez pas : « Drouot n’est pas un lieu élitiste réservé à une clientèle fortunée », assure le commissaire-priseur Rodolphe Tessier. Ouverte à tous, la maison de ventes abrite « une gamme d’objets d’une valeur allant de 10 euros à… un million ». Rodolphe Tessier nous le promet : venir à Drouot, c’est aussi la possibilité de « décorer une maison de A à Z en dépensant moins cher que dans une grande enseigne de meuble ».

En tout cas, Drouot ne manque pas de choix. Et il suffit de descendre aux étages inférieurs du bâtiment pour le voir. Armoires, canapés, tapis, tableaux, bibelots, trophées de chasse… Dans un immense espace de 2 500 m², aux allures de caverne d’Ali Baba, des montagnes d’objets attendent que leur nouveau propriétaire vienne les récupérer.

Une « organisation quasi-militaire »

Un peu plus haut, des magasiniers réceptionnent et sortent chaque jour des milliers d’articles, avec une « organisation quasi-militaire », selon les mots de Bruno Deschand, le directeur de l’hôtel Drouot. « Il n’y a jamais de casse même si le matin, c’est plus encombré que sur le périphérique parisien », affirme-t-il avec fierté. A chaque nouvelle vente, c’est le même ballet en coulisses : tout doit être installé avant 11 heures et le début de l’exposition publique, puis tout doit être démonté le lendemain soir, une fois les enchères terminées.

Après les passages, on trouve une autre sorte de « fourmilière ». Débutants et connaisseurs déambulent de salle en salle, entourés d’une foule d’experts, de commis et de commissaires-priseurs. En perpétuel mouvement, l’hôtel Drouot voit défiler chaque jour plus de 3 500 visiteurs. «C’est un excellent endroit pour vendre. Certainement l’un des meilleurs au monde, sinon le meilleur », s’émerveille Rodolphe Tessier. On le quitte avec des images plein la tête et l’envie de provoquer un coup de marteau. Juste pour rêver un peu.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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