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« Nous voulons faire tellement de choses que nous sommes toujours sous tension »

L’amour au temps de l’Europe 2/5. Carrière, amis, logement, enfants : comment les Européens trentenaires fondent-ils une famille en 2024 ? Nous sommes allés à leur rencontre, à l’heure où les citoyens de l’Union sont appelés à voter. Aujourd’hui, direction la France avec Estelle et Alexandre, 33 et 32 ​​ans, un couple parisien.

Le mode de vie des Européens a évolué au cours des dernières décennies, et le couple n’a pas échappé à ces transformations. Aussi, alors que les débats de ces élections du 9 juin tournent principalement autour des frontières, de la taxe carbone, de l’industrie ou de la PAC, nous avons préféré plonger dans l’intimité de quatre familles. L’objectif? Décryptez leurs aspirations, leurs rythmes, leurs joies et leurs frustrations. «De nouvelles formes familiales se sont développées un peu partout en Europe», observe Brienna Perelli-Harris, professeur de démographie à l’université de Southampton, au Royaume-Uni*. La cohabitation, la procréation, le divorce, la séparation et le remariage sont tous devenus plus courants, même là où les chercheurs ne pensaient pas que ces comportements émergeraient.

Le couple d’aujourd’hui n’a plus grand chose en commun avec celui de nos grands-parents. Selon les chiffres d’Eurostat, le taux de nuptialité dans l’Union européenne a chuté de près de 50 % depuis 1964, lorsque le taux de divorce a pratiquement doublé (1,9 million de mariages ont été célébrés en 2022 contre 600 000 divorces enregistrés). « L’épanouissement personnel pèse de plus en plus dans la décision de se marier », ajoute le chercheur. Ce qui pourrait expliquer, au moins en partie, la hausse des naissances hors mariage (environ 42 % des naissances en Europe en 2022, 65 % en France). La forme du couple change, mais qu’en est-il des relations homme-femme ?

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Selon Niels Blom, un autre chercheur britannique, il y a de quoi se réjouir : « Même s’ils ne sont pas encore complètement égaux, les couples sont devenus plus égalitaires. L’écart salarial entre hommes et femmes s’est réduit. Il reste encore plus élevé en Italie et en Grèce, par exemple, et plus faible en Norvège, aux Pays-Bas et en France.» Selon diverses enquêtes, les pays qui offrent des systèmes de protection sociale solides, des niveaux élevés d’égalité des sexes et une bonne qualité de vie, comme les pays nordiques, favorisent logiquement le bonheur de leurs tourtereaux. De la France à la Pologne en passant par la Suède, l’Allemagne et l’Espagne, cinq couples européens nous ouvrent leurs portes et nous tendent le miroir de leur vie.

Le couple français : Estelle et Alexandre

Il est 20 heures, Estelle Fourcade et son mari sortent du « tunnel » en fin de journée : après avoir quitté la garderie, pris leur bain, dîné, couché leur fille de 2 ans et demi, ils s’installent enfin. Pour discuter du travail. Après plus d’un an de recherche, le couple parisien, en manque d’espace et d’espaces verts, a enfin trouvé un appartement pour accueillir un deuxième enfant. Ils ont dû revoir leurs critères, s’éloigner davantage vers Montreuil et opter pour un bien à rénover. « On ne pouvait pas se permettre quelque chose de plus grand avec les prix parisiens », concède Alexandre Mentec. Et ce, malgré un budget généreux, après avoir vécu dix ans dans un appartement familial. Douze années de vie commune scellées par un pacsage civil.

« Nous ne voulions pas nous marier », explique le trentenaire. Pour moi, cela n’avait pas beaucoup de sens, à part une norme sociale à laquelle je ne voulais pas adhérer. On s’est construit davantage avec l’idée d’avoir des enfants », ajoute-t-il. Dans leur entourage, très peu de couples semblent enthousiasmés à l’idée de se marier. Estelle, bien que moins réticente, reconnaît que le mariage n’était pas une priorité : « On dépensait beaucoup de temps et d’argent en investissements locatifs, donc on se disait qu’on verrait plus tard, et ça n’avait pas d’importance. Cela n’a jamais été fait. Le pacs était essentiellement pour une question financière», explique-t-elle. Un contrat signé un matin de semaine, avant d’aller travailler. Il faut dire que le couple est sur tous les fronts.

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Une vie toujours sous tension

Orthophoniste indépendant et consultant en économie sociale et solidaire, passionnés par leur métier, ils courent après le temps. Il est souvent en déplacement, elle se retrouve chaque jour coincée dans les embouteillages. « Départ à 7h45, retour jamais avant 18 heures », explique le Parisien. Je vais vite récupérer Nina à la garderie, car je sais qu’elle a passé une grosse journée. » En plus de leur vie professionnelle, de leur travail et de la gestion de trois appartements, ils partent en week-end plusieurs fois par mois, cuisinent tous leurs repas et entretenir une vie sociale active. « Ce n’est pas un quotidien calme, on a tellement envie de faire qu’on est toujours sous tension », confirme le consultant, qui se dit à la fois surmené et attaché à la vie parisienne. suffisamment de temps pour s’impliquer dans des œuvres caritatives.

Avec ce rythme effréné, ils reconnaissent que la fatigue et le stress créent souvent des frictions au sein de leur relation. « Notre principale difficulté est d’équilibrer les charges de travail quotidiennes », concède Estelle. Il y en a toujours un qui trouve qu’il fait plus que l’autre. Nous n’avons pas de relais dans les parages. » Avec des parents dispersés entre l’est et le sud de la France, elle dit comprendre désormais les couples qui se rapprochent de leur famille. « Je ne fais plus de choses superflues », regrette-t-elle. Avant, j’allais à la poterie, à la danse. Maintenant, je fais du yoga avec une application lorsqu’un patient annule une séance.

Conscients de ce problème de temps, ils se fixent pour objectif de faire deux soirées romantiques par mois. « On sait qu’il faut être vigilant là-dessus, mais on se laisse entraîner dans le quotidien », reconnaît Alexandre. Un quotidien trépidant qui ne fragilise cependant pas leur lien : « Nous sommes un couple heureux, fort et épanoui », sourit le Parisien.

* Brienna Perelli-Harris est l’auteur de l’étude « Universel ou unique ? Comprendre la diversité des expériences de partenariat en Europe.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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