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« Nous vivons sous l’illusion de l’environnementalisme » – POLITICO


Vient ensuite l’hypocrisie stratégique de l’Europe en matière de climat.

Dans le cadre de notre préoccupation pour le climat, nous avons délocalisé nos usines à forte consommation d’énergie hors du continent. L’industrie sidérurgique en est un exemple frappant : l’acier est indispensable à l’économie dans pratiquement tous les investissements, petits ou grands. Or, notre industrie est en train de mourir, le déficit commercial des produits sidérurgiques ayant augmenté de 20 millions de tonnes au cours de la dernière décennie.

Alors que la côte nord de l’Allemagne produit de grandes quantités d’énergie éolienne offshore, elle a du mal à la transmettre aux zones industrielles du sud. | Sean Gallup/Getty Images

Mais quel est l’intérêt pour le climat si ces gaz à effet de serre issus de la production d’acier sont encore émis par des entreprises en Turquie, en Ukraine ou en Asie plutôt que par celles de l’UE ? Nous vivons dans l’illusion de l’écologie, alors qu’en réalité, nous n’avons pas réduit les émissions mondiales, mais nous nous sommes simplement privés d’emplois, de profits, de souveraineté sur les matières premières et, par conséquent, de sécurité.

En ce qui concerne les matières premières, le rythme de la transition énergétique de l’Europe dépendra de son accès aux matières premières critiques, dont elle aura besoin en quantités bien plus importantes que jamais auparavant. La production d’un véhicule électrique, par exemple, nécessite plus de 200 kilos de terres rares, soit six fois plus qu’un véhicule conventionnel. L’Agence internationale de l’énergie prévoit une forte augmentation de la demande en ressources critiques d’ici 2050.

L’UE dépend actuellement fortement de la Chine et de la Russie pour ces matières premières. La Chine fournit 95 % de son manganèse, 89 % de son magnésium et 87 % de son cobalt. Et malgré son agression contre l’Ukraine, la Russie reste l’un des principaux fournisseurs européens de nickel, d’aluminium et de cuivre.

Ce n’est qu’au cours des derniers mois que l’Union a finalement pris des mesures pour accroître sa propre extraction, transformation et recyclage de matières premières critiques, la loi sur les matières premières critiques établissant des critères de référence pour la capacité de l’UE – extraire au moins 10 % de la consommation annuelle de ses ressources, traiter 40 % de la consommation annuelle et recycler 25 % de la consommation annuelle – le tout à atteindre d’ici 2030.


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