Divertissement

« Nous sommes tombés amoureux en travaillant ensemble »

Certaines personnes détestent parler de leur vie privée. En revanche, ils en font des films. Et tout ce qu’ils ne disaient pas, ils le montraient par 4 mètres sur 10. Ainsi le couple Arné-Boon. Pour ceux qui ne le savent pas encore, ils se sont rencontrés il y a huit ans, sur le tournage de « Radin ! », dont le titre résume tout le scénario. Dany Boon est alors la star du box-office, Laurence explose dans la série « WorkinGirls » et au cinéma dans « L’amour vaut mieux à deux », de Dominique Farrugia.

Ils vivent désormais ensemble, en prenant quelques précautions : Bruxelles pour lui, Paris pour elle, à 300 kilomètres l’un de l’autre – mais à une heure et demie du Thalys, qu’est-ce que c’est quand on a des scénarios à lire ? Alors ils ont reconstruit leur cellule familiale, il est arrivé avec s

il a cinq enfants nés de trois unions, Mehdi, l’aîné, puis Noé, son fils avec Judith Godrèche (marié en 1998). Et puis les trois de Yaël Harris, avec qui il est resté près de quinze ans. Sans oublier Danièle, la mère fusion.

De son côté, Laurence Arné a un fils de 12 ans, dont le père, Jérôme Duchamps, est publicitaire. Bref, le bonheur d’une famille recomposée. Eh bien, soi-disant. Car si l’on en croit « La Famille Hennedricks », le premier film de Laurence derrière la caméra, ce n’est pas si simple. Dans cette tendre comédie, les adultes s’aiment, les enfants se disputent. Alors on cherche des stratagèmes pour resserrer les liens : le road trip, la musique… On ne sait pas quoi des déplacements chez Arné et Boon, mais on a remarqué que dans leurs salons respectifs il y a une batterie et un piano . Les deux aînés de Dany Boon ne cachent pas leur ambition : l’un est étudiant dans une école de jazz, l’autre, intégré dans un groupe appelé les Faux amis, tout un programme. Il s’agit d’un film de fiction, certes, mais qui pourrait bien ressembler à un miroir tendu à la réalité.

C’était une surprise qu’elle m’offre le rôle

Dany Boon

Et comme le film se déroule sur la côte atlantique, c’est là que, en mai, Laurence débute avec une série d’avant-premières. Le premier (avant-premières… c’est un peu les soirées « après » entre collègues, qui se transforment en « avant » au fur et à mesure qu’elles s’éternisent) vient de se dérouler à Tarnos, ville industrielle avec une très jolie plage appelée Métro… puis arrive Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Tarbes, Mérignac, Bordeaux… Un tour de France à travers les salles de cinéma qui se terminera à Noirmoutier le 22 juin. Alors, enfin, le film peut sortir… Ça tombe bien, pour le moment, Dany tourne « Regardez ! » à Hossegor, station balnéaire des Landes, une comédie dramatique avec Audrey Fleurot. La feuille de service le convoque à 10 heures. Pas le temps de s’attarder à la table du petit déjeuner.

Le reste après cette annonce

Entre eux, les plaisanteries volent autant que les élans de tendresse.  Comme Dany Boon, Laurence Arné a débuté sa carrière dans le one-(wo)man-show.

Entre eux, les plaisanteries volent autant que les élans de tendresse. Comme Dany Boon, Laurence Arné a débuté sa carrière dans le one-(wo)man-show.

©Luc Braquet

Certaines personnes pensent que le meilleur moment pour s’aimer est en vacances ou sur la piste de danse. Pour les Arné-Boons, c’est le cinéma. Ils tournent ensemble depuis « La ch’tite famille » et « 8 rue de l’Humanité ». Ainsi, lorsqu’il s’agissait de « The Hennedricks Family », leur quatrième expérience partagée, il était évident qu’il ne s’agirait à nouveau que d’eux deux. Mais apparemment pas pour tout le monde. «C’était même une surprise qu’elle me propose le rôle», jure Dany. C’est difficile à croire.

Une fois le scénario terminé, je me suis dit : « Ce serait quand même génial d’emmener Dany dans cette aventure. »

Laurence Arné

Cependant, Laurence confirme. « Je voulais conserver une certaine liberté. Mais une fois le scénario terminé, je me suis dit : « Ce serait quand même génial d’emmener Dany dans cette aventure. » Tout d’abord, c’est un bon musicien, ce qui va nous aider. Et puis j’ai su que je pouvais espérer de lui des choses plus fragiles, plus touchantes, que le public connaît moins. »

Dany, de son côté, est impressionné par le travail d’écriture et de réalisation de sa compagne : « Il y a une grande sincérité et beaucoup de réalisme dans ce qu’elle dit. Elle s’est évidemment inspirée de sa propre enfance mais aussi de ce que nous avons construit tous les deux, de ce que nous vivons ensemble », avoue-t-il.

Dans

Dans « La Famille Hennedricks », Dany Boon, 57 ans, et Laurence Arné, 42 ans, partent en road trip pour donner une dernière chance à leur clan désintégré.

©Luc Braquet

Depuis 2021, ils en assument la responsabilité. « On ne va pas nier que nous sommes en couple, explique Laurence. Et je dois parler de choses qui me touchent, de sujets que je connais. Je voulais vraiment explorer le thème de la recomposition familiale. Comme nous étions en plein milieu… Malgré les séparations, il faut redonner aux enfants le goût de la famille, cet optimisme, préserver leur insouciance, leur donner envie d’y croire. Les jeunes sont trop pessimistes aujourd’hui. Ils ne veulent même plus avoir d’enfants. Sans parler des réseaux sociaux, qui les isolent encore plus. »

Danny hoche la tête. « Et c’est aussi pour ça qu’on fait de la musique avec eux, pour créer du lien… Quand mes enfants étaient petits, j’avais des « jours d’ennui ». J’ai tout interdit : téléphone, ordinateur ou autres. » Que de bons souvenirs… Être parent, c’est aussi avoir un talent d’animateur de camp.

Laurence avait une vision claire et précise du film qu’elle souhaitait faire

Dany Boon

Seize ans après la sortie de « Bienvenue chez les Ch’tis », personne n’a enlevé son disque à Dany Boon. Il est toujours l’auteur du film avec le plus grand nombre d’entrées de l’histoire du cinéma français : près de vingt et un millions de spectateurs. Rien qui ne puisse pétrifier Laurence. Au contraire. « Nous sommes tombés amoureux en travaillant ensemble. C’est vraiment très stimulant. Ce que nous aimons dans notre relation, c’est que nos scripts se lisent mutuellement. Nous avons un échange très dynamique, très créatif, et nous adorons ça. De plus, nous sommes plutôt intransigeants les uns envers les autres. Donc ça nous booste vraiment. Sur le plateau, je savais ce que je voulais, je n’avais pas peur de me laisser absorber par l’univers très fort de Dany. »

Il évoque une équipe soudée, toujours à l’écoute. « Laurence avait une vision claire et précise du film qu’elle voulait faire. » Elle l’a notamment encouragé à chanter en live sur le plateau plutôt que d’utiliser une des chansons préenregistrées. Mais préfère que Dany, qui a aussi produit des films très divers (« Houria » ou « Falcon Lake »), ne se mêle pas de celui-ci. « Il était important de tracer une frontière. » Le film est coproduit par Laurence et sa sœur, Dany lui a également présenté Michaël Gentile, le producteur de Julie Delpy, avec qui il a tourné dans « Lolo », sentant un rapprochement évident dans les univers des deux femmes.

Judith Godrèche est très courageuse et je soutiens évidemment toutes ses positions.

Laurence Arné

Il croit à la sororité. Elle est l’une des ressources du mouvement #MeToo, et l’acteur se sent à l’avant-garde : toujours uni à Judith Godrèche par leur fils qui a d’ailleurs accompagné sa mère au Festival de Cannes, où elle a présenté son court métrage, « Me aussi », hommage aux victimes de violences sexuelles. « Elle est très courageuse et je soutiens évidemment toutes ses positions », confie Laurence Arné. Ce mouvement a renversé un tabou, la discussion est désormais partout, même dans les familles. Et tant mieux. J’ai moi-même vécu des situations comme celle-ci lorsque j’étais très jeune mannequin. A l’époque, j’avais la chance d’avoir des parents très protecteurs. »

Dany confirme : « Judith va au bout de son combat, notamment pour sa fille. Elle dit des choses qu’elle n’a jamais dites auparavant. Je pense qu’elle fait quelque chose avec ce traumatisme qu’elle avait enterré. Elle construit. C’est très beau. »

Dès janvier 2025, Dany Boon prendra les routes

Cette liberté, cette générosité, cette envie de mettre en lumière les autres font partie de la séduction de Dany, explique Laurence. Dans sa démarche artistique comme dans son quotidien. Même si elle note une petite dose de mauvaise foi. Quant à lui, il dit admirer sa compagne, son envie d’entreprendre, sa créativité, il aime la voir évoluer et grandir. Et douter d’elle-même. Un sentiment qu’il partage. Après plusieurs propositions infructueuses et sept longues années loin de la scène, il revient enfin à ses premières amours, le one-man show. Il annonce la couleur : « Boon va faire mieux ! » » Injonction à un dilettante qui promet de se réformer…

Dès janvier 2025, il prendra les routes avant une escale prévue en octobre au Casino de Paris. On espère que Laurence pourra dévoiler quelques secrets sur le texte. Elle n’en connaît aucun ! « Dany m’a dit un jour : ça te dérange si je parle de toi dans l’émission ?  » Elle rit. Chacun a sa manière de déclarer son amour. Ils sont plutôt du gâchis. Sur scène et devant la caméra.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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