Nous savons pourquoi l’Apple Vision Pro est si cher
3 999 euros. C’est la somme qu’il vous faudra débourser pour mettre la main sur le dernier produit d’Apple, le Vision Pro. Mais que se cache-t-il derrière ce prix vertigineux ? Une analyse nous aide à mieux comprendre.
Depuis vendredi dernier, le Vision Pro d’Apple est enfin disponible en France. Ce casque de réalité mixte, attendu depuis des années, promet de révolutionner notre façon d’interagir avec le numérique. Mais à 3 999 euros, son prix est une douche froide pour de nombreux consommateurs.
Alors, ce prix est-il justifié par sa technologie hors du commun ou s’agit-il d’une stratégie marketing audacieuse de la part d’Apple ? Une analyse permet de mieux comprendre ce qui se cache derrière son coût astronomique.
Des écrans révolutionnaires au cœur de l’appareil
Le composant le plus cher du Vision Pro se trouve juste devant vos yeux : son écran. Selon une analyse publiée par CNBCbasé sur des études menées parRecherche Omdiales deux écrans Micro-OLED de 1,25 pouce représentent à eux seuls 456 dollars du coût de production. Ces écrans ne sont pas de simples dalles OLED comme celles que l’on retrouve dans nos smartphones.
La technologie Micro-OLED permet une densité de pixels incroyable : 3 660 x 3 200 pixels par œil, soit 3 386 pixels par pouce ! Pour mettre cela en perspective, l’iPhone 15 « classique » n’affiche « que » 460 pixels par pouce.
Cette densité exceptionnelle n’est pas qu’un argument marketing. Elle est essentielle pour offrir une expérience de réalité mixte convaincante, en éliminant l’effet « screen door » (un aspect de maillage qui se produit lorsque des espaces visibles entre les pixels sont visibles sur un écran) que l’on peut observer sur des casques moins performants. Chaque pixel du Vision Pro mesure environ 7,5 microns, soit moins de la moitié de la taille d’un globule rouge ! Cette prouesse technologique a un coût, d’autant qu’Apple est l’un des premiers à utiliser des écrans Micro-OLED à cette échelle.
Si les écrans sont le visage du Vision Pro, son cerveau n’est pas en reste. Le casque embarque deux processeurs qui constituent le deuxième poste de dépenses le plus important :
La puce M2, estimée à 120 dollars, est le processeur principal. Il s’agit de la même puce que l’on retrouve dans les derniers MacBook Air, garantissant des performances élevées pour la gestion des applications et l’interface du casque.
La puce R1, spécialement conçue pour le Vision Pro et estimée à 60 $, est dédiée au traitement des flux vidéo et des données des nombreux capteurs du casque. C’est cette puce qui permet une latence ultra-faible, essentielle pour une expérience de réalité mixte confortable. Ces deux puces fonctionnent de concert pour offrir une expérience fluide et réactive, malgré la quantité phénoménale de données à traiter en temps réel.
Une marge confortable pour Apple, mais avec quelques réserves
D’après l’analyse deRecherche OmdiaLe coût total de production du Vision Pro s’élèverait à 1 542 dollars. Avec un prix de vente de 3 499 dollars aux États-Unis (3 999 euros en France), cela représenterait une marge bénéficiaire de 55,9 % pour Apple. C’est même légèrement supérieur à la marge de l’iPhone 15 Pro Max, estimée à 53,5 %.
Il est toutefois important de nuancer ces chiffres. Les coûts de production ne prennent en compte que les éléments matériels. Ils n’incluent pas :
- Les coûts de recherche et développement, qui doivent être colossaux pour un produit aussi innovant. Tim Cook, le PDG d’Apple, a également souligné que le Vision Pro est protégé par plus de 5 000 brevets.
- Coûts de marketing et de distribution.
- Les investissements nécessaires au développement de l’écosystème logiciel Vision Pro.
De plus, les premiers produits d’une nouvelle catégorie ont souvent des coûts de production plus élevés, qui diminuent avec le temps et l’optimisation des lignes de production.
Un pari sur l’avenir, mais à quel prix ?
Il est indéniable que le Vision Pro représente un investissement massif pour Apple. La firme de Cupertino ne se contente pas d’assembler des composants existants : elle pousse l’industrie à innover, notamment dans le domaine des écrans. Cette stratégie, déjà utilisée par le passé avec l’iPhone, peut avoir des avantages à long terme en réduisant les coûts pour l’ensemble du secteur.
Le prix élevé du Vision Pro reste néanmoins un pari risqué. Si le produit est initialement destiné aux early adopters et aux professionnels, Apple devra rapidement élargir sa base d’utilisateurs pour récupérer son investissement et convaincre les développeurs de créer des applications pour sa plateforme.
La question est désormais de savoir si Apple baissera ses prix dans les futures itérations du Vision Pro, comme il l’a fait par le passé avec l’iPhone, ou s’il maintiendra un positionnement premium en se concentrant sur des fonctionnalités toujours plus avancées.
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