L’ancien kickboxeur britannique de 37 ans, assigné à résidence jeudi, fait l’objet de plusieurs procédures dans les deux pays.
C’est une saga judiciaire qui a des allures de mille-feuille. L’affaire d’Andrew Tate, l’un des influenceurs les plus célèbres au monde, critiqué pour ses discours sexistes, violents et complotistes, fait à nouveau la une de la presse européenne après son placement en garde à vue puis en résidence surveillée en Roumanie, jeudi 22 août. Banni de plusieurs réseaux sociaux, dont TikTok et Instagram, l’ancien kickboxeur britannique de 37 ans, devenu coach financier, est dans le viseur de la justice au Royaume-Uni ainsi qu’en Roumanie, où il vit depuis 2017. Franceinfo revient sur les différentes enquêtes et soupçons de faits graves qui pèsent sur cette affaire. « misogyne » Et « souteneur » supposé.
Rapports de violences sexuelles au Royaume-Uni depuis 2015
C’est en participant à l’émission de télé-réalité « Big Brother » en 2016 au Royaume-Uni (qui repose sur le même concept que « Loft Story » et « Secret Story » en France), qu’Andrew Tate, alors âgé de 29 ans, a acquis une certaine notoriété médiatique. Déjà champion international de kick-boxing, il a fait la une des journaux en étant évincé du programme par la production au bout de six jours seulement, après la révélation par le tabloïd Le soleil d’une vidéo le montrant en train de frapper une jeune femme avec une ceinture. Andrew Tate avait alors soutenu qu’il s’agissait d’une « jeu de rôle filmé »Aucune plainte n’a été déposée.
Un an plus tôt, en 2015, l’homme avait eu maille à partir avec la justice après des accusations de viol et de violences de la part de plusieurs femmes, toujours au Royaume-Uni. En juillet 2015, Andrew Tate avait été arrêté par la police pour être interrogé, avant d’être relâché. En 2019, la justice britannique avait abandonné les poursuites faute de preuves suffisantes, comme le rapporte TuteurL’affaire a néanmoins provoqué une onde de choc, notamment après la révélation début 2023, par le média VICE News, de messages envoyés par Andrew Tate à l’une des plaignantes, dans lesquels il prononçait la phrase « J’adore te violer ».
Prochain procès pour viol et trafic d’êtres humains en Roumanie
Sur les réseaux sociaux, Andrew Tate est devenu à la fin des années 2010 une figure du masculinisme décomplexé, s’affichant avec des voitures de sport et des femmes nues dans ses vidéos. Une vitrine alléchante pour l’une de ses nombreuses activités : vendre des formations en ligne promettant aux hommes la chance de faire fortune et de multiplier leurs conquêtes féminines. Selon un documentaire de la BBC diffusé en septembre 2023, un « une sorte de secte » s’est créée autour de l’influenceur, impliquant notamment son frère Tristan, aujourd’hui âgé de 36 ans, qui a déménagé avec lui en Roumanie en 2017.
C’est dans ce pays que les graves ennuis ont commencé pour le duo sulfureux. Fin 2022, les deux frères ont été arrêtés et a passé trois mois en détention à Bucarest, avant d’être placé sous contrôle judiciaire en janvier 2023 avec interdiction de quitter le territoire. Le dossier qui les concerne est particulièrement grave : ils sont accusés d’avoir manipulé des jeunes femmes afin de les forcer à jouer dans des films pornographiques. Andrew Tate est également accusé de deux viols, qu’il nie formellement. Sur le réseau social X, où son compte a été rétabli juste après le rachat de la plateforme par Elon Musk fin 2022, l’influenceur crie régulièrement à ses près de 10 millions d’abonnés qu’il est victime d’un complot « politique ».
En juin dernier, la justice roumaine a formellement demandé l’ouverture d’un procès contre les frères Tate et deux femmes roumaines, les accusant d’avoir créé un réseau criminel organisé exploitant des femmes dans ce pays, au Royaume-Uni et aux États-Unis, comme le rapporte Le New York TimesAu moins sept jeunes femmes se sont plaintes d’avoir été attirées dans une relation, puis hébergées dans une résidence et forcées d’apparaître dans des vidéos pornographiques publiées en ligne.
Ce sujet déjà brûlant pourrait devenir encore plus épais après une perquisition effectuée mercredi au domicile des frères Tate par la police. Direction roumaine d’investigation sur le crime organisé et le terrorisme (Diicot), au cours de laquelle l’équivalent de 60 000 euros en devises diverses, du matériel informatique et 16 voitures de luxe ont été saisis. Dans un communiqué, la Diicot révèle que la justice roumaine estime désormais à 34 le nombre de victimes de ce trafic sexuel, dont une mineure de 17 ans. Les nombreuses vidéos tournées avec cette jeune fille auraient rapporté plus d’un million d’euros aux accusés, précise la police. Sans le nommer, la Diicot accuse également l’un des « accusés étrangers » d’avoir eu des relations sexuelles à plusieurs reprises avec une mineure de 15 ans au cours de l’hiver 2020.
Parallèlement, une nouvelle procédure ouverte par la justice britannique
En attendant ce procès, les charges et le nombre d’accusés – en tant que victimes – pourrait être amené à évoluer, la justice britannique a émis deux mandats d’arrêt européens contre Andrew et Tristan Tate. Après avoir été déboutés en 2019, trois plaignants britanniques ont finalement porté l’affaire devant la Haute Cour de justice du Royaume-Uni, a expliqué le Tuteur en mai, pour une procédure civile de « la dernière chance »Selon leurs avocats, ces demandes ont conduit à l’arrestation des deux frères le 12 mars par la police roumaine, afin de les informer de l’existence des mandats d’arrêt.
Dans la foulée, un tribunal de Bucarest a accepté la demande d’extradition des frères Tate vers le Royaume-Uni, mais seulement après la fin du procès contre eux en Roumanie. Les investigations se poursuivent dans ce pays après la perquisition, mercredi, de trois autres lieux de la région de Bucarest, explique le Diicot, en lien avec des soupçons « de trafic de mineurs, traite d’êtres humains, relations sexuelles avec un mineur, corruption de témoin et blanchiment d’argent ».
Après 24 heures de garde à vue dans le cadre de cette nouvelle enquête, Andrew Tate a été placé jeudi soir en résidence surveillée pour 30 jours. Le parquet de Bucarest a également placé son frère Tristan sous contrôle judiciaire pour deux mois, avec obligation de se présenter régulièrement dans un commissariat de police. Immédiatement après leur libération, les deux hommes ont diffusé une vidéo en direct sur le site « mensonges calomnieux » dont ils prétendent être victimes. Tout en faisant la promotion d’une nouvelle crypto-monnaie qu’ils sont sur le point de lancer. Leur porte-parole a déclaré que les frères Tate « Nous nions fermement toutes les allégations portées contre nous, soulignant que ces accusations sont sans fondement et non étayées par des preuves substantielles ».