« Nous, les Leroy », tourner la page
R.récompensé par le Grand Prix du Festival de l’humour de l’Alpe d’Huez en janvier, « Nous, les Leroy » surprendra – et pas forcément dans le bon sens du terme – les spectateurs en quête d’une comédie familiale, voire d’une simple distraction… Le film ne provoque qu’une poignée de sourires et se concentre frontalement sur le drame d’un couple…
R.récompensé par le Grand Prix du Festival de l’humour de l’Alpe d’Huez en janvier, « Nous, les Leroy » surprendra – et pas forcément dans le bon sens du terme – les spectateurs en quête d’une comédie familiale, voire d’une simple distraction… Le film ne provoque qu’une poignée de sourires et se concentre frontalement sur le drame d’un couple à l’aube de leur séparation… Une situation d’autant plus délicate que la décision a été prise unilatéralement par Madame qui, prise dans la monotonie du quotidien et le poids des années de mariage, ont longtemps mûri sa décision.
Il prend le revers à bras le corps et va tenter, le temps d’un week-end, de bousculer le passé dans l’espoir de reconquérir celle qu’il aime. Retourner dans leur premier appartement, se promener dans leur parc préféré, dans leur premier restaurant… Amener avec eux leurs deux adolescents, plus préoccupés par leurs propres problèmes. Un programme conçu avec urgence et une bataille perdue d’avance dans laquelle José Garcia se plonge pourtant corps et âme, avec son énergie débordante, voire étouffante, pour les membres de son entourage, qui le suivent sans enthousiasme.
Un capital sympathie rarement exploité
Une performance honnête et inattendue de l’artiste révélée dans « Nulle part ailleurs », mais en retrait de celle de Charlotte Gainsbourg, touchante et étonnante, dans la peau de cette femme qui tient son cap en faisant preuve de fermeté et de douceur. Le point culminant arrive au milieu du film lors d’une scène de karaoké qui jongle habilement avec les émotions. Un cas isolé.
L’interprétation donne donc le tempo de cette comédie dramatique bancale, qui a gagné à se concentrer sur les enjeux psychologiques, à l’image de « Marriage Story » de Noah Baumbach. Les tentatives de Florent Bernard d’alléger le sujet en insérant quelques plaisanteries maladroites, liées à la faiblesse des seconds rôles, et à la maladresse de l’écriture, avec un suspense manipulateur sur le tempérament de la fille aînée, qui déstabilisent le public lorsqu’il ne le fait pas. donne-toi le blues.
A déplorer également le placement de produit excessif, donnant l’impression d’assister à des tunnels publicitaires parfois longs, comme « Camping » en son temps… Conséquence, là où on était en droit d’espérer une analyse sociologique sur le couple et la prise de conscience qu’une page est en train de se tourner, ce n’est pas le cas. De plus, le cinéaste peine à faire passer un point de vue et n’a aucune ambition de dépaysement, contrairement à « On sourit pour la photo », film qui abordait, il y a deux ans, exactement la même problématique, avec Jacques Gamblin prenant toute sa famille en Grèce dans l’espoir de reconquérir son épouse sur le lieu de leur lune de miel… Une comparaison qui ne joue donc pas en faveur de la famille Leroy, dont le capital sympathie, bien que présent, n’est que rarement exploité.
« Nous les Leroy », de Florent Bernard. 01h43 Sortie le 10 avril.