Nicolas Maduro, au pouvoir depuis la mort d’Hugo Chavez en 2013, entend prolonger son mandat jusqu’en 2030.
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Un sentiment de déjà-vu ? Le Venezuela est entré lundi 29 juillet dans une période d’incertitude, au lendemain de la réélection annoncée de Nicolas Maduro pour un troisième mandat. L’opposition a également revendiqué sa victoire et rejeté les résultats annoncés dimanche soir par le Conseil national électoral (CNE), entachés selon elle de nombreuses irrégularités. Franceinfo fait le point sur la situation.
Nicolas Maduro en route pour un troisième mandat malgré un bilan économique catastrophique
Il est un peu plus de minuit lorsque le président du CNE, Elvis Amoroso, prend la parole. Après le dépouillement de 80% des bulletins, ce militant chaviste, proche de Nicolas Maduro selon Le pays, proclame la réélection du président sortant avec 5,15 millions de voix (51,2%), contre 4,45 millions (44,2%) pour l’adversaire Edmundo González Urrutia, 74 ans. Selon lui, il n’est pas nécessaire d’attendre les résultats définitifs : la tendance est « irréversible ».
Devant le palais présidentiel de Caracas, les partisans de Nicolas Maduro jubilent. Sur scène, l’ancien chauffeur de bus, vêtu d’un survêtement aux couleurs du Venezuela, célèbre sa victoire : « Je peux dire devant le peuple vénézuélien et le monde entier : ‘Je suis Nicolas Maduro Moros, réélu président de la République bolivarienne du Venezuela’. Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue. »il ajoute.
Au lendemain de cette séquence, le Conseil national électoral persiste et signe : « Les Vénézuéliens ont exprimé leur volonté absolue en élisant Nicolas Maduro (…) pour le mandat 2025-2031. Nous proclamons Nicolas Maduro Moros président de la République bolivarienne du Venezuela »a déclaré Elvis Amoroso, lors d’une cérémonie en présence de l’héritier d’Hugo Chávez.
Après 11 ans au pouvoir, Nicolas Maduro entend briguer un nouveau mandat, malgré un bilan économique catastrophique. Le PIB du pays, longtemps considéré comme l’un des plus riches d’Amérique latine, s’est effondré de 80%, selon un rapport Les échos. Résultat, plus de 7,7 millions de personnes ont quitté le pays depuis 2015, soit plus d’un Vénézuélien sur quatre, selon l’ONU. A ces difficultés macroéconomiques s’ajoute un autre problème endémique : la corruption. Caracas se classe 177e sur 180 dans l’Indice de perception de la corruption 2023, calculé par l’ONG Transparency International.
L’opposition dénonce la fraude et revendique également la victoire
Dimanche, la leader de l’opposition Maria Corina Machado s’est exprimée pour annoncer la victoire de sa candidate et dénoncer la fraude électorale. « Le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez »Elle a déclaré aux médias, affirmant que le représentant de la Plateforme démocratique unie (PUD) avait recueilli près de « 70% des voix. » « Les résultats ne peuvent pas être cachés. Le pays a choisi le changement pacifique »a également revendiqué Edmundo Gonzalez sur X.
L’opposition a dénoncé plusieurs irrégularités lors du vote. « Toutes les règles ont été violées à tel point que la majorité des rapports n’ont pas encore été remis »Selon Edmundo Gonzalez, dans la capitale, plusieurs dizaines de motards et d’automobilistes ont intimidé des citoyens ainsi que des observateurs de l’opposition dans un bureau de vote, a rapporté le site d’information argentin infobae.
Avant le vote, les sondages prédisaient une victoire massive pourEdmundo Gonzalez, a rapporté la chaîne américaine CNN. Cet ancien diplomate est devenu candidat de l’opposition après l’invalidation de la candidature de Maria Corina Machado. Dans quelques semaines, cet inconnu « est devenu un puissant emblème du changement »selon l’écrivain vénézuélien Elias Pino Iturrieta, cité par le quotidien Le pays.
La campagne électorale s’est déroulée dans un climat particulièrement tendu. Selon l’ONG de défense des droits de l’homme Foro Penal, 135 personnes ont été arrêtées en lien avec la campagne de l’opposition. Fin mai, le Conseil national électoral a retiré son invitation à l’UE d’envoyer des observateurs pour assister au scrutin.
L’Union européenne et les États-Unis exigent la transparence
Isolé sur la scène internationale, le chef de l’Etat vénézuélien a reçu le soutien de plusieurs régimes autoritaires. La diplomatie chinoise a transmis à Nicolas Maduro les félicitations de Pékin pour son « la victoire » Et « pour le bon déroulement de son élection présidentielle »Allié traditionnel de Caracas, le président cubain Miguel Diaz-Canel a qualifié son « frère » Après « le triomphe électoral historique obtenu ».
Terre d’asile pour de nombreux réfugiés vénézuéliens depuis le milieu des années 2010, la Colombie a fait appel à X « à un audit indépendant (…) dans les meilleurs délais ». « Les résultats des élections d’un jour aussi important doivent avoir toute la crédibilité et la légitimité possibles pour le bien de la région et, surtout, du peuple. Vénézuélien »selon Bogota.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit préoccupé par les résultats annoncés par les autorités électorales. « Il est essentiel que chaque vote soit compté de manière juste et transparente »il a dit, exigeant le partage de « informations auprès de l’opposition et d’observateurs indépendants »En Europe, le haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell, a également appelé à la transparence dans le processus électoral. « Le peuple a voté massivement et pacifiquement (…). Sa volonté doit être respectée »il a écrit sur X. Lundi soir, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a à son tour appelé à une « transparence totale ».