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Nous expliquons la crise politique en Géorgie, déclenchée par le projet de loi sur « l’influence étrangère »

Ce texte, une initiative du parti au pouvoir, a généré un mouvement de protestation massif dans les villes du pays. C’est le symbole d’une Géorgie prise entre les aspirations européennes de ses habitants et les positions pro-russes du gouvernement.

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Les manifestants protestent contre "droit russe" à Tbilissi, Géorgie, le 3 mai 2024. (TAKASHI ITODA / YOMIURI / AFP)

En Géorgie, la colère ne s’est pas calmée depuis début avril. Des manifestations mobilisent des dizaines de milliers de personnes à Tbilissi et dans d’autres grandes villes. En cause : un projet de loi sur« influence étrangère » à l’initiative du parti au pouvoir et inspiré d’un texte utilisé depuis plus d’une décennie par la Russie.

Des personnalités politiques géorgiennes (dont la présidente Salomé Zourabichvili) et des citoyens mobilisés dénoncent un projet de loi répressif et contraire aux aspirations européennes du pays. Ces opposants, soutenus par les Occidentaux, sont la cible de violences et de menaces, ont affirmé jeudi 9 mai deux ONG internationales. Le texte pourrait être définitivement adopté d’ici quelques jours. Franceinfo vous explique les tenants et les aboutissants de cette crise politique.

Une loi sur « l’influence étrangère » contestée

Un projet de loi sur « l’influence étrangère » a été adopté le 1er mai en deuxième lecture par le Parlement. Le parti majoritaire, le Rêve géorgien, souhaite que le vote final ait lieu d’ici la mi-mai. Si le texte entre en vigueur, il obligera les ONG et les médias recevant plus de 20 % de leurs financements de l’étranger à s’enregistrer comme «organisations poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère », passible d’une amende. Une loi similaire, visant les « agents étrangers », est déjà appliquée en Russie depuis 2012. Elle a contribué à faire taire de nombreuses voix d’opposants à Vladimir Poutine.

Le gouvernement dirigé par Irakli Kobakhidze parle d’une simple obligation de « transparence ». Mais PPour ses détracteurs, cela affaiblirait les activités des associations concernées. L’opposition y voit également un projet répressif, contraire au processus d’adhésion à l’Union européenne. Elle accuseancien chef du gouvernement et du Rêve géorgien, l’oligarque pro-russe Bidzina Ivanishvili, pour tirer les ficelles de la réalisation de ce projet. L’exécutif géorgien avait déjà tenté de faire adopter un projet de loi similaire en mars 2023, mais avait fait marche arrière suite à des manifestations massives.

Des manifestations violemment réprimées

La contestation gronde dans le pays depuis plus d’un mois, avec des manifestations à Tbilissi et dans les grandes villes. Des rassemblements réguliers, rassemblant des dizaines de milliers de personnes, ont lieu devant le Parlement et d’autres lieux emblématiques de la capitale, comme lesur la Place des Héros, où se dresse un monument à la mémoire des soldats géorgiens morts au combat.

Ces mobilisations sont marquées par de violents affrontements avec la police. Les citoyens reçoivent « menace » tandis que les politiciens et les militants impliqués sont la cible de « attaques et représailles organisées », a dénoncé jeudi l’ONG anti-corruption Transparency International. Human Rights Watch a pour sa part déploré le fait que certains manifestants, dont un lycéen de 17 ans, aient été « violemment battu par la police ».

Ainsi, le Le 30 avril, les forces de l’ordre sont intervenues sans sommation, utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, battant et arrêtant des dizaines de personnes. Levan Khabeishvili, le président du Mouvement national uni, principal parti d’opposition, a publié le 30 avril sur le réseau social une photo de son visage gonflé. Plusieurs journalistes ont également été visés. Le ministère géorgien de l’Intérieur a assuré de son côté que la police avait fait usage de la force de manière « légitime » parce que la manifestation était « est devenu violent ».

Opposée au Premier ministre, la présidente Salomé Zourabichvili veut soutenir les manifestants « jusqu’à la fin »a-t-elle déclaré le 2 mai sur France Inter. Sur le plan international, la France a exprimé sa « profonde préoccupation » concernant cette répression et a exhorté le gouvernement géorgien « garantir le respect du droit de manifester pacifiquement ainsi que de la liberté de la presse ». L’Union européenne a également condamné le « violence » de la police. L’ONU a dénoncé une utilisation « force disproportionnée ».

Un avenir européen compromis par la puissance pro-russe

Ce projet de loi est aujourd’hui devenu le symbole d’une Géorgie prise entre les aspirations européennes de ses habitants et la proximité du gouvernement avec la Russie. Le 15 avril, des députés en sont même venus aux mains en plein hémicycle. « La Géorgie n’a jamais été pro-russe et ne le sera jamais »a déclaré Salomé Zourabichvili sur France Inter. « Ce qui est en jeu, c’est l’avenir européen de la Géorgie et c’est plus que l’avenir européen, c’est son indépendance », estime le président. Moscou occupe également, depuis la guerre russo-géorgienne de 2008, deux régions de Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

En décembre, l’UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel, mais a déclaré que Tbilissi devrait réformer ses systèmes judiciaire et électoral, accroître la liberté de la presse et limiter le pouvoir des oligarques avant le lancement officiel des négociations d’adhésion. « Au-delà de cette loi (…) il y a un certain nombre de lois qui vont dans un sens radicalement contraire à ce que demande l’Union européenne pour ouvrir les négociations d’adhésion à la fin de l’année »s’inquiète Salomé Zourabichvili, alors que 80% des Géorgiens souhaitent adhérer à l’UE, selon les sondages.

Le texte est également critiqué par les Occidentaux. L’UE a appelé à plusieurs reprises La Géorgie à « reste concentré » vers les Vingt-Sept. A l’occasion de la Journée de l’Europe, le président du Conseil européen, Charles Michel, a adressé jeudi un message à Tbilissi. « L’UE soutient pleinement votre désir d’une société démocratique et libre fondée sur l’État de droit »il a écrit sur. Le 2 mai, l’ONU a également exhorté « aux autorités géorgiennes de retirer ce projet de loi et d’engager un dialogue, notamment avec la société civile et les médias.

Cette crise politique a également conduit l’ambassadeur de Géorgie en France à présenter sa démission jeudi. LE « des tensions » liés au projet de loi entravent, selon lui, les relations du pays avec ses partenaires étrangers. Dans une interview avec MondeGotcha Javakhishvili appelle « retrait » du texte et espère que sa décision « va vous faire réfléchir » ceux qui soutiennent son adoption.

Cammile Bussière

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