« Notre pays, comme une grande partie du monde, traverse une série de crises majeures : urgence climatique, crise démocratique, crise économique, crise du logement, montée de la précarité. Face à cela, les grandes villes, les communes, les communautés urbaines et les métropoles résistent. Ils mettent en œuvre des plans climatiques pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux conséquences déjà existantes du changement climatique. Ils investissent dans la mobilité décarbonée de demain ou dans l’enseignement supérieur et la recherche. Ils soutiennent la création culturelle. Ils s’impliquent dans l’éducation de nos enfants en organisant des activités périscolaires de qualité. Ils redonnent confiance dans l’action publique grâce à une démocratie locale qui reconstruit le lien social. Ils luttent contre les déserts médicaux et s’engagent pour réduire la grande précarité. Ils contribuent à la sécurité des résidents en renforçant les forces de police municipales.
Ce ne sont là que des exemples variés et non exhaustifs de l’ampleur de l’investissement des grandes villes dans la vie quotidienne de leurs habitants. On pourrait dire qu’ils ont la chance de pouvoir réaliser de tels projets grâce aux ressources dont ils disposent. Il ne faut jamais oublier que ces grandes villes offrent des services qui dépassent largement les frontières de leur territoire. Les habitants des zones rurales ou périurbaines bénéficient de services publics métropolitains également conçus pour eux, que ce soit en matière de santé, d’éducation, de formation, d’emploi ou de culture.
Compte tenu du nombre de missions entreprises par les collectivités locales, les attaques de l’État central contre une prétendue « mauvaise gestion » des finances publiques locales sont aussi inacceptables qu’infondées. N’oubliez pas que les budgets communautaires doivent être en équilibre. Contrairement à l’État, ils ne peuvent pas s’endetter pour des dépenses de fonctionnement, mais uniquement pour financer des investissements.
70% des investissements publics
Ces investissements représentent 70% des investissements publics civils constituant un véritable pilier de l’économie. Cependant, en 30 ans, la part de la dette des collectivités locales dans le PIB est restée stable autour de 9 % tandis que la dette de l’État hors sécurité sociale est passée de 29 à 89 %. Et cela n’est pas seulement imputable au « quoi qu’il en coûte » du Covid, mais aussi à des choix politiques faits au niveau de l’État, comme la récente suppression de la CVAE qui faisait partie des recettes fiscales locales.
Dans le même temps, des pans entiers de l’action publique ont été soumis à d’importantes coupes budgétaires. C’est le cas de la culture qui a perdu 200 millions d’euros de budget ou encore des activités périscolaires qui pourraient perdre son enveloppe dédiée alors même que des engagements avaient été pris et que les collectivités se sont engagées sur le long terme. Le fonds vert pourrait être réduit de 60 % tant que l’urgence écologique ne recule pas.
Et comme si cela ne suffisait pas, le Gouvernement demande aux collectivités locales de contribuer au moins 5 milliards d’euros au redressement des comptes publics. Les conséquences d’une telle mesure seraient dramatiques en termes d’investissement public à l’heure où le pays en a tant besoin.
De plus, la volonté du gouvernement de concentrer la demande d’effort sur les 450 plus grandes communautés est incompréhensible.
A-t-il oublié que les deux tiers des Français en situation de pauvreté vivent dans les grandes villes ? Ils ont besoin des services publics que nous leur fournissons.
C’est pourquoi Urban France a dénoncé la méthode brutale et l’ampleur des mesures annoncées qui sont inacceptables. Nous demandons au gouvernement d’engager un véritable dialogue.
La pérennité d’un service public local ne peut se réaliser qu’à la condition d’une mobilisation réelle et collective pour construire quelque chose de commun et préparer un avenir durable. L’État, les collectivités locales et les citoyens doivent travailler main dans la main pour garantir la stabilité de ces services. Cela implique une confiance qui nous semble essentielle pour retrouver sous peine de détériorer davantage la relation entre les Français et leurs institutions. »
Les élus signataires du texte de l’association nationale « France urbaine » : Johanna Rollandprésident de France Urbaine, maire de Nantes, président de Nantes Métropole ; Jean-Luc Moudenc1er vice-président de France urbaine, maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole ; Éric Piolle2e vice-président de France urbaine, maire de Grenoble ; Nathalie Appérésecrétaire général de France Urbaine, maire de Rennes, président de Rennes Métropole ; François de Mazièrestrésorier de la France urbaine, maire de Versailles, président de la communauté urbaine Versailles Grand Parc ; Benoît Arrivémaire de Cherbourg-en-Cotentin ; Martine Aubrymaire de Lille ; Frédéric Augisprésident de Tours Métropole Val de Loire ; François Astorgmaire d’Annecy ; Jeanne Barseghianmaire de Strasbourg ; Patrice Bessacmaire de Montreuil, président de l’EPT Est Ensemble ; Bruno Bernardprésident de Lyon Métropole ; Olivier Bianchimaire de Clermont-Ferrand, président de Clermont Auvergne Métropole ; Michel Bissonprésident du Grand Paris Sud ; Christine Bostprésident de Bordeaux Métropole ; Damien Castelainprésident de la Métropole Européenne de Lille ; Gérard Caudronmaire de Villeneuve-d’Ascq ; François Cuillandremaire de Brest et président de Brest Métropole ; Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, président de la communauté urbaine de Bourg-en-Bresse ; Emmanuel Denismaire de Tours ; Grégory Doucetmaire de Lyon ; Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur ; Irène Félixprésident de Bourges Plus ; Christophe Ferrariprésident de Grenoble Alpes Métropole ; Brigitte Fouré, maire d’Amiens ; Alain Gestprésident d’Amiens Métropole ; François Grosdidiermaire de Metz et président de l’Eurométropole de Metz ; Mathieu Hanotinmaire de Saint-Denis et président de Plaine Commune ; Cécile Hellemaire d’Avignon ; Pierre Hurmicmaire de Bordeaux ; Jardin de Florenceprésident de la communauté urbaine de Grand Poitiers ; Jean-Paul Jeandonmaire de Cergy, président de la communauté d’agglomération Cergy-Pontoise ; Matthieu Kleinmaire de Nancy, président de la métropole du Grand Nancy ; Frédéric Léturque, président de la communauté urbaine d’Arras ; Émile Roger Lombertiemaire de Limoges ; David Marti, maire du Creusot et président de la Communauté Urbaine Creusot-Montceau ; Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, président de la Métropole Rouen Normandie ; Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers ; George Mothronmaire d’Argenteuil ; Benoît Payanmaire de Marseille ; Gaël Perdriaumaire de Saint-Étienne, président de Saint-Étienne Métropole ; François Rebsamenmaire de Dijon, président de Dijon Métropole, ancien ministre ; Cédric Van Styvendaelmaire de Villeurbanne ; Anne Vignot, maire de Besançon, président du Grand Besançon Métropole.