La série Les anneaux de pouvoir revient dans une saison 2 à partir du 29 août sur Prime Video. Numerama a pu découvrir en avant-première les huit épisodes de cette œuvre dérivée de la Le Seigneur des Anneauxdont la suite est attendue depuis deux ans. Voici notre critique, sans spoilers.
C’est la tragédie des séries qui vont au-delà de la première saison : il n’y a plus aucun élément de surprise. L’émotion initiale que l’on a ressentie en découvrant les premières images de la Anneaux de pouvoiren 2022, c’est passé. Même si la série a réussi à conserver son excellente qualité visuelle pour cette saison 2, qui arrive le 29 août 2024 sur Prime Video, on avance désormais dans un univers familier. Apprivoisé.
Cependant, ce constat ne rend pas cette nouvelle saison Anneaux de pouvoir une mauvaise saison. Au contraire : ce n’est plus le côté clinquant de l’image qui nous accroche, même si elle est toujours aussi rutilante, mais le début – enfin ! – de l’histoire avec un grand H. Celle qui va conduire les peuples de la Terre du Milieu à la souffrance, à la dévastation et à la guerre.
La fin de l’insouciance : le retour du mal
Fini le temps où la série était quelque peu contemplative, presque en train de se regarder elle-même. Les personnages ont été exposés, les présentations sont faites, les lieux sont fixés. Maintenant, l’histoire commence, car le plan de Sauron est enfin mis en marche. Le seigneur du mal s’est révélé et Mordor est sorti des entrailles de la Terre. Là, bien plus tard, le destin de la Terre sera déterminé. Le Seigneur des Anneaux.
Signe supplémentaire que le Mal est désormais plus présent, la série est parfois plus sombre et plus angoissante. Parfois plus violente. Des créatures effrayantes surgissent de tombeaux ou de grottes. La grandeur, la poésie et la beauté qui caractérisaient la première saison cèdent désormais la place à la pourriture croissante du monde et à la propagation des ténèbres.
L’influence croissante des anneaux
Surtout, cette deuxième saison met enfin en avant les anneaux magiques tant attendus, qui constituent à la fois le titre de la série et la raison pour laquelle Amazon a accepté d’investir des centaines de millions de dollars dans ce projet. Ils deviennent également presque des personnages à part entière, de par leur nature surnaturelle, et l’influence qu’ils auront sur les protagonistes.
Ce n’est un secret pour personne que les anneaux magiques auront, pour la plupart, une très mauvaise influence sur les héros de la Anneaux de pouvoir. On l’avait déjà vu avec l’Anneau Unique à l’époque de la Hobbit et de Le Seigneur des Anneaux — Frodon, Bilbo ou Gollum pourraient facilement en témoigner. Ces artefacts ont été largement influencés par le Seigneur des Ténèbres, qui est vu à l’œuvre pour les corrompre.
Tout cet arc narratif est en grande partie dû à la performance scénique de Charlie Vickers, qu’il faut saluer. L’acteur australien, choisi pour incarner les différents visages de Sauron, a été remarquable dans le portrait de ce personnage qui manigance, complote et manigance, se donnant des airs de bienfaiteur bienveillant, mais dont le regard semble toujours recouvert d’un voile de ténèbres. Parfois, ces nuances étaient à peine perceptibles. Parfois, les sautes d’humeur étaient plus marquées, donnant l’impression que Sauron luttait constamment contre lui-même pour maintenir son imposture.
Les petites histoires emportées dans la grande
Hélas, le plaisir que l’on ressentait en voyant Sauron à l’écran ne se retrouve pas forcément pour les autres personnages. Si Celebrimbor, Círdan, Elrond et autres Galadriels parviennent toujours à nous accrocher, les nouveaux protagonistes ont toujours la même difficulté à nous intéresser – à l’exception d’Adar, qui a subi un changement d’acteur, mais dont la dynamique personnelle est passionnante. Cet écart n’a rien d’étonnant : pour qui connaît l’univers de Tolkien, ces héros et héroïnes sont des points de repère, des contacts familiers et rassurants. Comment, en effet, avoir le même attachement pour une Estrid, une Merimac ou une Glüg ?
Bien sûr, on se doute que ces ajouts sont là pour donner corps à l’intrigue – la série, rappelons-le, ne repose principalement que sur les annexes de la Le Seigneur des Anneauxqui n’offrent pas beaucoup de matière. Il faut faire le lien entre les chronologies et les lieux, créer des intrigues secondaires et les mélanger au récit central. Bref, ce sont ces petites histoires qui finiront par être emportées par la grande. Il n’en demeure pas moins que leur sort nous laisse plutôt froid.
Une liberté d’adaptation qui va loin
La série de Anneaux de pouvoir suppose évidemment une adaptation assez libre de l’univers de J.R.R. Tolkien. Il ne pouvait en être autrement, vu la faible quantité d’éléments sur lesquels la production pouvait s’appuyer. La saison 2, à cet égard, prend le risque de bousculer encore plus les fans en faisant entrer dans l’intrigue des personnages emblématiques (et très sensibles) du légendaire.
Nous ne dirons pas ici qui sont ces personnages qui surgissent, même si certains d’entre eux ont été rendus publics lors de la promotion. Nous ne dirons pas non plus qui est l’Étranger – il est révélé en fin de saison. Quelle que soit la théorie (Gandalf, ou un mage bleu), la découverte de la boîte de Pandore promet des discussions très animées sur la toile.
Malgré les libertés prises dans cette saison 2, souvent justifiées par des raisons techniques, l’histoire générale reste sur des rails prévisibles. On est toujours dans cette perspective d’affrontement du Bien contre le Mal, de faillibilité de l’humanité, d’aveuglement face à des signaux inquiétants. C’est de la fantasy comme on a l’habitude d’en lire ou d’en voir. Rien qui ne bouscule le genre. Mais chaque adaptation doit-elle être une révolution artistique ou narrative ?
Dans cette affaire, Les anneaux de pouvoir fait des choix surprenants pour cette saison 2. Avouons-le, les partis pris semblent difficilement justifiables et justifiables, si ce n’est par pur fan service. Mais il reste encore trois saisons avant la fin de cette aventure. Et avec elles, sans doute bien d’autres surprises, qui vont enflammer le fandom de Tolkien.
La série Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir sera diffusée pour la première fois le 29 août 2024 sur Amazon Prime Video.
Le verdict
Nous avons aimé
- La qualité visuelle époustouflante
- Un récit d’une histoire fascinante de l’Église adventiste du septième jour
- Une saison 2 palpitante et prometteuse
- La performance de Charlie Vickers dans le rôle de Sauron
Nous avons moins aimé
- Une première saison lente
- Personnages inventés sans intérêt
- Des intrigues secondaires oubliables
- Des préjugés qui sentent le fan service
La première saison de Anneaux de pouvoir était magnifique et contemplative, mais aussi apathique. La saison 2 développe enfin une intrigue et des manigances, autour de la création des célèbres anneaux magiques.
Si certains personnages peinent à retenir notre attention, d’autres développements narratifs parviennent largement à nous emporter – et plusieurs protagonistes sortent largement du lot.
La série apporte sans aucun doute un nouveau souffle épique et frais à l’œuvre de JRR Tolkien. Ceci, au prix d’une certaine liberté et de partis pris difficilement justifiables.