Actualité politique

Nous avons vérifié trois déclarations d’Eric Coquerel

Le député LFI de Seine-Saint-Denis a tenu plusieurs propos chiffrés dans le journal de 8h30 de Franceinfo, lundi 9 septembre. Le Vrai ou Faux en a vérifié trois.

Publié


Mis à jour


Temps de lecture : 2 min

Éric Coquerel, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, invité du 20h30 de franceinfo du lundi 9 septembre 2024 (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale était l’invité du journal de 8h30 de franceinfo, lundi 9 septembre, et il a donné chiffres sur chiffres. Éric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, a donné une estimation de la fortune des 500 personnes les plus riches du pays et a estimé que la France était le champion européen des dividendes versés aux actionnaires et des aides publiques aux entreprises. Vrai ou faux ?

Eric Coquerel affirme que si « Les 500 personnes les plus riches de ce pays possédaient 20 % (du PIB en 2017). Aujourd’hui, elles possèdent 45 % du PIB ».

C’est à peu près vrai. C’est l’estimation du magazine économique DéfisChaque année, depuis près de 30 ans, il publie un rapport sur les 500 plus grosses fortunes de France. Le magazine compile des estimations de tous leurs patrimoines professionnels, comme leur fortune boursière, les comptes de leurs entreprises, et s’intéresse également à la santé de leur secteur économique, puis livre ses observations.

Selon DéfisLe patrimoine cumulé des 500 personnes les plus riches de France a dépassé l’équivalent de 45% du PIB en 2023, avec un patrimoine estimé à 1 170 milliards d’euros. C’est une estimation qui a été donnée mi-2023, en comparant le montant de ce patrimoine au PIB de l’année précédente qui s’élevait à 2 638 milliards d’euros en 2022 selon l’Insee. Justement, en refaisant le calcul, on retrouve 44% du PIB. L’écart est faible.

En revanche, si l’on refait le calcul avec le montant de cette fortune dans le PIB annuel de l’année 2023 qui est désormais connu et qui est de 2,805 milliards d’euros selon l’INSEE, alors la fortune des 500 plus riches de France représente 42%. Un peu moins donc que le chiffre indiqué par Défis et Éric Coquerel.

Pour 2024, le magazine estime leur fortune à 1 228 milliards d’euros. L’année n’étant pas encore terminée, il n’est pas encore possible de comparer cette estimation au PIB de 2024. Si l’on fait le même calcul que le magazine Défis en prenant le PIB de l’année précédente, alors les 500 plus riches possèdent l’équivalent de 44 % du PIB.

« La France est aussi le pays champion européen des dividendes versés. Sur environ 150 milliards de bénéfices du CAC40, la moitié est versée en dividendes. Chaque année, nous battons ces records. »a également dénoncé le président de la Commission des finances de l’Assemblée.

Et c’est plutôt vrai. Selon le fonds d’investissement Janus Henderson Investors, qui publie chaque année une étude sur le sujet, les dividendes versés ont dépassé les 63 milliards d’euros en 2023, devant l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Un record.

En revanche, si l’on considère l’ensemble de l’Europe comme un continent, la France n’est pas première, mais deuxième sur le podium juste après le Royaume-Uni.

Eric Coquerel assure également que « La France est aussi le champion européen en matière d’aides non conditionnelles aux entreprises. Nous atteignons 211 milliards d’euros en cumul par an. »

Sur ce sujet, il est plus difficile de répondre vrai ou faux, voire de répondre tout court. Contacté par franceinfo, Éric Coquerel dit s’appuyer sur un rapport de France Stratégie, service public rattaché au Premier ministre. Ce « Rapport sur les politiques industrielles » tentait de donner une estimation des aides de l’État aux entreprises mais ne trouvait qu’une fourchette très large allant de 139 milliards d’euros à 223 milliards d’euros en 2019, selon les aides qui entrent ou non dans le calcul. Le député insoumis s’est trompé sur le chiffre de 211 milliards, il voulait plutôt parler de 223 milliards d’euros.

Cet écart entre la plus petite et la plus grande estimation montre à quel point il est difficile de quantifier ces aides. Il existe plus de 600 dispositifs selon ce rapport, mais près de 2 000 selon le site Vie publique. Parmi eux, le Crédit d’impôt compétitivité, le Crédit d’impôt recherche ou encore la TVA à taux réduit. Mais certaines aides se chevauchent, ce qui les rend difficiles à lire même pour des observateurs avertis et encore plus difficiles à comparer avec d’autres pays. Il faut aussi noter que le rapport se concentre sur l’année 2019, avant la pandémie de Covid et avant la guerre en Ukraine, qui ont toutes deux poussé l’État à débloquer de nouvelles aides pour les entreprises. Bref, tout est flou, au point que le Sénat a lancé une mission d’information pour éclaircir tout cela, mais elle n’a pas encore rendu ses conclusions.

Par ailleurs, le rapport France Stratégie sur lequel s’appuie Éric Coquerel ne fournit qu’un classement permettant une comparaison européenne et ne mentionne pas l’ensemble des aides aux entreprises mais seulement les participations publiques au capital des entreprises. La France se situe au troisième rang européen, derrière la Suisse et la Pologne. Elle est en revanche au premier rang européen en termes de degré d’intervention de l’État dans l’activité des entreprises.

La Cour des comptes a néanmoins produit une note thématique sur les aides d’Etat en temps de crise et a noté que la France était le pays qui avait le plus aidé ses entreprises pendant la pandémie dans l’Union européenne, à égalité avec l’Allemagne, avec 208 milliards d’euros d’aides en 2020-2021.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page