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« Nous avons une pénurie de main d’œuvre, il faut rendre le secteur plus attractif », assure le président de Siemens France

« Nous avons une pénurie de main d’œuvre, il faut rendre le secteur plus attractif », assure le président de Siemens France



Le président de la République, Emmanuel Macron, sera à Lyon mardi 10 septembre au soir pour la cérémonie d’ouverture des Worldskills, le championnat du monde des métiers. Siemens France sera également sur place. Cette entreprise spécialisée dans les logiciels, les solutions pour la gestion des réseaux électriques et pour les opérateurs de transport, compte 6 000 salariés en France, et quatre sites industriels et de recherche et développement.

franceinfo: Une entreprise aussi connue et prestigieuse que l’allemand Siemens, qui réalise 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, a-t-elle du mal à recruter comme les autres ?

Doris Birkhofer, Présidente de Siemens France : Tout d’abord, je suis également ravi d’avoir la chance de participer aux Worldskills, les Jeux olympiques des métiers. Il est absolument nécessaire que ce genre d’événement ait lieu et nous sommes très heureux qu’il ait lieu en France. Il faut absolument promouvoir les métiers. Nous avons une pénurie de main d’œuvre. Il est difficile pour l’industrie de recruter, il faut rendre l’industrie plus attractive. Et pour nous, en tant que Siemens, la formation des jeunes et l’apprentissage font vraiment partie de notre ADN, la formation des jeunes et l’apprentissage.

60 000 postes à pourvoir dans le secteur en France, cela paraît incroyable. Avez-vous plus de difficultés à recruter ou à trouver les compétences dont vous avez besoin ?

Siemens est par exemple à l’origine de la ligne 14 entièrement automatisée du métro parisien. Nous équipons des milliers de bâtiments avec des solutions de climatisation en détection incendie, nous équipons des centaines d’usines en France, de la Giga Factory, de la production de batteries à la PME qui produit des baskets en Ardèche. Et pour cela, il faut deux choses : les technologies et les compétences. Sans compétences, ça ne marche pas. Et c’est pour cela que l’apprentissage est un outil absolument nécessaire. Vous avez parlé de 60 000 emplois.

« Si nous réussissons la réindustrialisation, nous parlons de 500 000 emplois. »

Doris Birkhofer, Présidente de Siemens France

à franceinfo

Pour cela, nous avons besoin de plus de personnes intéressées par ce secteur, en particulier de jeunes femmes. Seulement 30 % des femmes travaillent dans ce secteur. C’est une formidable opportunité.

Est-ce en mettant des femmes à la tête d’entreprises comme la vôtre que l’on crée des vocations chez des jeunes femmes encore sous-représentées dans les domaines scientifiques ?

Absolument. Il existe de grandes opportunités pour les jeunes femmes. Par exemple, je me suis fixé comme objectif pour nos campagnes de recrutement de recruter 50 % de filles, car ces filles constituent le vivier de notre future main-d’œuvre.

En matière de recrutement, n’est-ce pas le cas aujourd’hui ?

Ce n’est pas encore le cas, mais nous avons déjà, grâce à nos efforts, augmenté le pourcentage à 40 %. C’est grâce à nos salariés sur le terrain qui vont dans les écoles, qui incitent aussi les jeunes femmes à s’intéresser à nos métiers. Les Worldskills, on parle de 59 métiers où les jeunes vont concourir. On parle de boulangerie, de pâtisserie, mais il y a beaucoup de métiers industriels qui sont représentés et on se soutient avec du matériel d’une part et d’autre part, avec le temps de nos salariés, nos concurrents. Et là, on parle de métiers comme le contrôle industriel, la fabrication additive ou les énergies renouvelables où les jeunes vont concourir. On montre leurs compétences.

L’Education nationale est partenaire de cet événement. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de promotion de ces métiers alors que l’on sait que l’industrie, en règle générale, paye mieux que les services.

C’est un secteur très compétitif. Et il ne faut pas oublier que l’industrie est en fait la réponse à beaucoup de défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. C’est dans l’industrie que sont produits les médicaments dont nous avons besoin, les puces électroniques qui entrent dans nos téléphones portables. Et tout cela, c’est dans l’industrie que nous pouvons contribuer à créer toutes ces solutions dont nous avons aussi besoin pour la transition énergétique. C’est donc à nous, ensemble, de changer notre regard sur l’industrie. Worldskills, on peut y aller, c’est ouvert au public, je pense que c’est important que les parents et les jeunes y aillent et découvrent la richesse de ces métiers.

Après deux mois d’attente, un nouveau Premier ministre a été nommé la semaine dernière, Michel Barnier. Nous avons entendu de nombreux chefs d’entreprise demander une stabilité budgétaire. Est-ce également votre cas ?

Il est très important d’avoir une visibilité, une stabilité, par rapport à nos maisons mères. Elles attendent aussi que les choses ne changent pas tous les jours. C’est ça, la stabilité fiscale. Il faut continuer à accompagner les entreprises avec des programmes spécifiques pour l’apprentissage. Il y a par exemple des aides financières. Il faut maintenir le crédit d’impôt recherche pour soutenir l’innovation, dans laquelle la France a vraiment un avantage compétitif par rapport aux autres pays. Ce sont des éléments très importants que nous espérons voir maintenus.

Avez-vous ressenti une quelconque gêne de la part de votre société mère en Allemagne ?

On nous a posé des questions.

Vous a-t-on posé des questions sur la réforme des retraites ?

Bien sûr, on nous pose des questions sur la façon dont les choses vont évoluer. Nous avons un nouveau gouvernement qui va se constituer, et ces choses-là vont continuer à être discutées. Et nous sommes, avec d’autres entreprises, disponibles pour partager notre expérience et nos attentes.

L’ancien patron de la Banque centrale européenne, l’Italien Mario Draghi, a remis aujourd’hui à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, un rapport sur la compétitivité de l’Europe. Un sujet qui vous préoccupe évidemment. Mario Draghi affirme que l’Europe est en retard sur la Chine et les États-Unis. Parmi ses recommandations, il y en a une qui pourrait vous intéresser. Il appelle notamment à doubler le budget de l’innovation à 200 milliards d’euros sur sept ans. Est-ce quelque chose qui vous parle ?

C’est vrai que par rapport aux États-Unis et à la Chine, le pourcentage du PIB qui est consacré à l’innovation est d’environ la moitié en Europe. Donc on a vraiment du rattrapage à faire. C’est très important d’investir dans l’innovation, dans les technologies de pointe. Il faut le faire au niveau européen parce que les investissements sont intenses. Donc la collaboration entre les différents pays est essentielle. Cela commence par la création, le renforcement de l’excellence des universités, des professeurs pour attirer les jeunes, c’est tout un package qu’on doit mettre en place et ça ne peut fonctionner que dans un écosystème, entre les universités, les entreprises publiques et privées ont un rôle très important à jouer là-dedans.

Il nous faut créer un effet de levier sur certains points où il faut commencer, où les choses doivent évoluer très rapidement. Il nous faut donc trouver des mécanismes qui permettent d’accélérer l’innovation.

francetvinfo

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