« Nous avons une obligation de résultats » : le Nouveau Front populaire prépare sa riposte au hold-up d’Emmanuel Macron
C’est traditionnellement l’un des débats les plus suivis de l’Agora, celui des leaders de la gauche. Dans cette année politique qui s’est accélérée depuis la dissolution prononcée par Emmanuel Macron au soir des élections européennes, l’Agora est en surchauffe.
Avec 11 millions de voix aux législatives, le poids du RN « nous place devant une immense responsabilité, envers vous, les citoyens et la République »souligne Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF. Ajoutant : « Nous avons l’obligation d’obtenir des résultats »et la première condition de cette obligation est que « Il faut rester unis, être plus forts pour changer la France, changer la vie des gens ».
« Préserver cette unité comme un bien commun »
Mais que faire quand Emmanuel Macron a choisi d’assurer sa survie politique en donnant les clés de Matignon à la droite ? « C’est la préservation de cette unité comme bien commun qui nous permettra de construire et d’avancer, rappelle le leader communiste. C’est de continuer à avancer ensemble, comme nous le faisons depuis deux mois, de débattre, devant vous comme nous le faisons actuellement. » « Nous avons réussi à faire élire 193 députés, ce qui fait de nous la première force de coalition à l’Assemblée nationale. C’est un point d’appui pour s’opposer aux politiques de la droite et de l’extrême droite. »
Le réalisme prévaut également chez Fabien Roussel : « Il faut aussi se dire que ce n’est pas suffisant. On a gagné, mais on n’a pas gagné suffisamment. La prochaine fois, il faudra gagner davantage. »
Dans une Agora bondée de monde de tous côtés, quelqu’un crie « une seule fête ! » Réponse de l’écologiste Marine Tondelier : « Je ne crois pas à un seul parti. En tant qu’écologiste, je crois beaucoup à la biodiversité. Si le NFP a fonctionné, c’est parce qu’il est passé de Philippe Poutou à François Hollande. » La salle, jamais avare de plaisanteries, nous laisse voir de quel côté elle penche et scande : « Poutou ! Poutou ! Poutou ! »
Alors oui, « Nous sommes quatre forces politiques avec des histoires, des propositions qui nous rassemblent mais qui sont aussi différentes. Ces différences et ces nuances doivent continuer à être débattues entre nous, dans le respect, sans insultes et sans disputes. »note Fabien Roussel.
« Je ne veux plus qu’on se fasse des tacles. »
Marine Tondelier ajoute : « Je ne veux plus qu’on se fasse des tacles. » Le leader environnemental continue : « Je le dis à tout le monde, y compris aux adversaires internes d’Olivier Faure. Je les ai trouvés très réceptifs aux critiques des macronistes. Quand j’entendais des gens du NFP dire : vous avez eu Michel Barnier, c’est de votre faute. Vous n’avez pas voulu de Cazeneuve, je ne suis même pas sûr que tous les socialistes passent le contrôle technique macroniste… »
En fait, poursuit Olivier Faure, « La droite a peur que nous gagnions ». « Le problème n’était pas les ministres rebelles, mais le programme du Nouveau Front populaire. » Il regrette d’avoir entendu « A chaque fois les mêmes arguments quand la gauche est proche du pouvoir ; la gauche c’est la faillite, c’est l’incapacité à bien gérer, ce sont ceux qui vident les poches » peuple. Au contraire, proclame le premier secrétaire du PS, « Je prends comme un honneur qu’il y ait des Français de droite qui ont peur de nous voir ensemble. Ils nous aiment divisés. ». Et pour avertir : « Sans les rebelles, un Front populaire devient un front minoritaire. »
61% des électeurs de gauche pensent qu’il devrait y avoir une candidature unique du PFN en 2027 selon un récent sondage. Avant cette échéance majeure, il y a l’urgence selon Manuel Bompard (FI). Face au coup de force de Macron qui ne veut pas reconnaître la réalité de l’ancien, « Je pense que nous devons répondre de la manière suivante : censure, mobilisation, licenciement « . « Oui, j’assume de dire que face au coup d’Etat antidémocratique (…) d’Emmanuel Macron, il faut utiliser tous les moyens à notre disposition. Oui, la procédure de destitution du président est un de nos moyens. Elle sera examinée ce mardi au bureau de l’Assemblée. Le NFP y étant majoritaire, je pense que cette procédure va pouvoir continuer à avancer (…) Peut-être qu’il ne tombera pas parce qu’il y a eu un accord secret entre Emmanuel Macron et le RN »Mais, assure le rebelle, rien n’est possible. « sans mobilisation populaire ».
« La question qu’on nous pose est : comment allons-nous le faire ? »
« Quand l’essentiel est en jeu, résume Olivier Faure, La gauche a toujours su se retrouver. La gauche a toujours été antifasciste. Il n’en fallut pas plus pour déclencher un interlude musical dans la salle : le public a naturellement chanté Siamo tutti antifascisti !
Lutte contre l’extrême droite, « Personne ne dira le contraire, approuve Manuel Bompard. La question qu’on nous pose est : comment y parvenir ? « Il est déjà temps pour le leader rebelle de faire un bilan. « J’ai déjà dit que l’idée de mettre de côté certaines questions pour vaincre l’extrême droite est contreproductive, il faut faire face à la substitution du clivage de classe par un autre clivage, basé sur l’origine, la couleur de peau », il défend. « Ne faisons pas l’erreur de penser que la fracture dans le pays est géographique, ne faisons pas l’erreur de croire que les quartiers de jeunes et de travailleurs n’existent que dans les villes et les métropoles », Il poursuit, dans une allusion à la position de François Ruffin. Et de souligner un chiffre : 45 % des logements sociaux sont situés hors des agglomérations de plus de 200 000 habitants.
Marine Tondelier assure que même s’il y a eu une forte participation aux dernières législatives, la crise démocratique n’est pas encore résolue : « Quand on retourne voter pour la première fois depuis longtemps et qu’ensuite on met Barnier à Matignon, ça ne donne pas envie de recommencer. » C’est pourquoi elle prône une action qui dépasse les partis, et qui rassemble associations, syndicats, etc. Ce qu’elle appelle une « Écosystème NFP »Quand on est écologiste, on ne peut pas changer ses habitudes.
Face à l’extrême droite, ne baissez pas les bras !
C’est pas à pas, argument contre argument, que nous devons combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
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