Parmi les mystères insondables de l’univers, il y a la Poste. Et si l’on ne sait toujours pas expliquer pourquoi une minute de file d’attente dans une agence postale équivaut à un an dans la vraie vie, on pense désormais savoir comment une carte postale peut mettre des décennies à être livrée à son destinataire. Allez, on vous explique ça.
Début novembre, le facteur glisse dans la boîte aux lettres d’un couple de retraités habitant l’Aisne une carte postale envoyée quarante-sept ans plus tôt depuis la Bretagne. Dans le Loiret, en janvier dernier, une carte déposée en 1989 est enfin arrivée à destination. En décembre 2014, une carte postale a mis quatre-vingt-dix ans pour parvenir à son destinataire en Charente. Mais la palme revient à une lettre distribuée dans le Nord, en 2015, cent trente-huit ans après son envoi.
Fold tombé derrière une machine ou perdu dans un accident
Des histoires comme ça, il y en a bien d’autres, « mais ça reste très marginal », assure la direction du groupe La Poste à 20 minutesprécisant qu’en 2023, « six milliards de lettres ont été distribuées ». Cependant, pour expliquer ces cas isolés, La Poste avance plusieurs théories : « une lettre découverte par un particulier lors d’un déménagement ou une lettre trouvée derrière une machine lors de la réorganisation d’un site de tri qui est remise dans le circuit de distribution ». Stéphane, un Lillois contacté par 20 minutesexplique qu’il a fini par mettre dans une boîte aux lettres une carte postale arrivée par erreur chez lui dix ans plus tôt.
Pour Bernard-Hubert Dedieu, expert en histoire postale à Bordeaux, les « accidents » expliquent aussi des livraisons très tardives. « La recherche du courrier peut prendre un certain temps après un accident d’avion ou après le naufrage d’un bateau, par exemple. Il faut ensuite retrouver le destinataire ou l’expéditeur et remettre le courrier dans le circuit», explique-t-il.
Livrer le courrier à tout prix
Cependant, il existe une autre raison, plus incroyable, qui explique pourquoi les lettres livrées des décennies plus tard sont essentiellement des cartes postales. « Il existe une grande communauté de collectionneurs de cartes et certains les remettent dans le circuit de distribution, soit pour faire parler d’elles, soit pour d’autres raisons », assure la direction du groupe La Poste. «C’est vrai que ça arrive», reconnaît Bernard-Hubert Dedieu. « Au lieu de trouver par hasard des cartes un peu exceptionnelles, il y a des collectionneurs qui vont ainsi provoquer cet intérêt », ajoute l’expert.
Une fois le courrier ancestral remis dans la boucle, c’est le problème de La Poste. « Dans nos missions de service public, nous avons ce principe fondamental de remettre dans le circuit et d’acheminer les objets qui nous sont confiés, même s’il s’agit d’une carte postale ancienne avec un cachet ancien », assure La Job.
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Après, c’est du cas par cas. Soit le bénéficiaire, soit un descendant habite toujours à l’adresse indiquée et l’affaire est réglée. Soit l’article est renvoyé à l’expéditeur si celui-ci est mentionné et que l’adresse est toujours valable. « Soit l’enveloppe est envoyée à notre centre d’objets perdus de Libourne où elle sera ouverte pour tenter de retrouver des informations afin de pouvoir la faire suivre », explique La Poste. En dernier recours, s’il n’y a rien, ces objets orphelins sont archivés, « on ne jette rien », assure la direction du groupe.
