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« Notre histoire de France », une série documentaire pour déconstruire le roman national

« Notre histoire de France », une série documentaire pour déconstruire le roman national

« Nous misons sur Clovis et Charlemagne en prime time. C’est un choix fort», estime Nicolas Daniel, directeur des magazines à France Télévisions. Il parle de « Notre Histoire de France », la série documentaire dont les deux premiers épisodes sont diffusés ce mardi 8 octobre, à partir de 21h05, sur France 2.

Inspiré du format danois Historien du Danemark lancé en 2017, ce programme ambitieux aborde en 52 minutes le destin d’un personnage historique tout en évoquant le quotidien de ses contemporains anonymes. Au milieu des scènes reconstituées, Tomer Sisley surgit pour apporter des éléments de contexte ou souligner l’importance historique de tel ou tel événement.

« Certaines époques sont le miroir des questions que l’on se pose aujourd’hui. Par exemple, à l’époque de Clovis, les Syriens étaient accusés d’apporter une religion, la religion chrétienne, accusée de déstabiliser le royaume », raconte Nicolas Daniel. Le résultat est très cinématographique, souvent épique. Bref, c’est une nouvelle façon de raconter l’histoire à la télévision.

Les équipes de production d’ITV Studios ont travaillé avec un comité d’historiens experts des périodes concernées. « Nous avons interrogé d’autres personnes pour apporter une multiplicité de points de vue et d’éléments d’information, de contextualisation, d’éclairages sur les conditions de vie, les relations hommes-femmes, etc. », raconte la productrice Cécile Lévy.

« Par rapport à ce que j’ai appris à l’école, les choses ont changé »

Ainsi, le premier épisode, consacré à Vercingétorix, rappelle que les femmes gauloises étaient loin d’occuper une position subordonnée dans la société, qu’elles disposaient d’une autonomie financière et qu’elles avaient le droit de divorcer tout en conservant leurs biens. .

Un historien souligne également qu’il était courant que les guerriers gaulois aient des relations charnelles sans que cela n’engendre d’hostilité. Vercingétorix, quant à lui, apparaît avec les cheveux courts et sans grosse moustache, loin des représentations qui imprègnent l’imaginaire collectif et les manuels scolaires. « L’histoire est une discipline en mouvement, ce n’est pas quelque chose de figé », insiste Cécile Lévy. Même par rapport à ce que j’ai appris à l’école, les choses que les historiens ont récemment réalisé ont déjà changé. » Il faut donc le dire.

L’un des enjeux du projet était de « déconstruire un certain nombre de mythes issus du roman national, c’est-à-dire la manière dont l’histoire a été réécrite pour la mettre au service de certaines idéologies, nationalistes ou autres, et influencer le présent par rapport à cette réécriture », indique Nicolas Daniel. Alors oublie ce que tu penses savoir La chanson de Roland. « Contrairement à ce que dit le texte, il n’a jamais affronté des Sarrasins mais des Basques. Il y a eu ensuite une réécriture de l’histoire qui visait à mobiliser les Français contre les Sarrasins », poursuit le directeur des revues du service public.

« Certains ont une vision de l’histoire qui vise à diviser »

« Notre histoire de France », raconte donc, pour reprendre les mots de Nicolas Daniel, « une histoire nationale ». « Nous proposons une histoire qui rassemble, qui ne fait pas polémique. Cela nous sera certainement reproché puisque certains ont une vision de l’histoire visant à diviser. Un certain nombre de personnes et de médias veulent nous expliquer que c’était mieux avant, que certains gens ne font pas partie de la France, etc. Il y a toujours eu ça, les historiens ont toujours vécu avec ça. »

Damien Piscarel, directeur adjoint des programmes en charge des documentaires aux Studios ITV, tergiverse quelque peu : « Nous sommes conscients que l’histoire est une science humaine. Nous avons tout fait pour qu’il n’y ait pas de débat sur ce que nous pouvons dire au sein des six épisodes. »

Outre Vercingétorix, Clovis et Charlemagne, Saint Louis, Jeanne d’Arc et Henri IV sont au menu de cette première saison qui, en cas de succès, en appelle d’autres. 20 minutespartenaire de « Notre Histoire de France », n’a pas regardé tous les épisodes, mais nul doute que la manière dont certains personnages seront abordés, dans une émission aussi exposée, fera grincer des dents les tenants d’une histoire de France rigide. , forcément blanc, forcément chrétien.

« Mettre l’histoire au centre des débats sur notre identité »

« Nous serons heureux de débattre avec eux s’ils le souhaitent. Mais je pense que les critiques qui pourraient être formulées par certains auront moins pour but de débattre que de galvaniser leurs troupes autour de l’idée que France Télévisions a des partis pris et des partis pris idéologiques, prédit le directeur des magazines de France Télévisions. S’il y a des gens qui veulent y croire, nous ne pouvons rien y faire si ce n’est leur rappeler la réalité de notre travail. »

Tomer Sisley est conscient que raconter une histoire implique « une responsabilité ». « Que disons-nous et pourquoi le disons-nous ? Comment cela résonne-t-il dans nos vies d’aujourd’hui ? Mon père, passionné d’histoire, m’a inculqué que comprendre l’histoire permet de mieux comprendre aujourd’hui et de mieux comprendre demain », confie l’acteur.

L’objectif de France Télévisions, à travers ces six épisodes, est de rendre l’histoire « plus proche de nous » en rassemblant le public le plus large possible en termes d’âges, de classes sociales et d’origines. Il s’agit de « mettre l’histoire au centre des débats sur notre identité, sur la manière dont nous devons former une nation, interagir les uns avec les autres », résume Nicolas Daniel. Et de conclure : « Nous faisons ce spectacle pour que les gens parlent de l’histoire. Débattre de l’histoire suscite un échange, cela crée la démocratie. »

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