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« Nos mains sont un peu liées » : pourquoi les collectivités achètent parfois leurs équipements à des prix élevés

Alors que l’heure est aux économies massives du côté de l’État, les collectivités locales paient régulièrement leurs approvisionnements à des prix très élevés.
Un phénomène d’autant plus inquiétant que les dépenses dans ce domaine représentent chaque année 15 % du total des marchés publics.
Alors, y a-t-il un gaspillage de l’argent public ? Le 20h de TF1 apporte quelques éléments de réponse.

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Le message est devenu viral. Il y a quelques jours, un employé d’un lycée français a manifesté sur X contre la nécessité pour les écoles d’acheter leur matériel auprès de certains fournisseurs. L’exemple qu’il donne, celui d’une ampoule acquise pour la coquette somme de… 48 euros, a déclenché un début de polémique à l’heure où le gouvernement traque la moindre économie et incite tous les secteurs à se serrer la ceinture. Les équipes de TF1 se sont rendues sur le terrain pour voir quels étaient réellement ces éventuels surcoûts pour les collectivités locales, sachant que les dépenses de fournitures représentent 15 % des marchés publics, soit plus de 13 milliards d’euros.

L’enquête commence à Fleury, petite commune de la Manche. C’est dans ce village aux mille âmes que la municipalité a installé une nouvelle cour de récréation dans l’école, il y a un an et demi. Mais, pour ce faire, elle a dû respecter une multitude de règles. « Ce sont des tapis amortisseurs pour enfants. Avant, on utilisait du sable par exemple, qui coûtait beaucoup moins cher. Maintenant, c’est pratiquement une obligation de l’utiliser.souligne le maire (SE) Daniel Vesval. En raison de ces normes, la mairie a dépensé 6 000 euros pour cette structure, hors installation. « Cela représente quand même un budget assez important par rapport au budget communal »fait remarquer l’élu.

Pour construire cette structure, la municipalité a consulté les nombreux catalogues envoyés par les centrales d’achats publiques, ces revendeurs spécialisés qui ciblent les écoles, les hôpitaux et les administrations. Tous proposent des prix comparables, mais surtout trop élevés, selon Daniel Vesval. « Par exemple, vous voyez celui-là, 1700 euros. Ben oui, ce sont les prix. L’avantage c’est qu’on est sûr d’avoir du matériel conforme. Maintenant, on a un peu, je dirais, les mains liées par rapport au prix »déplore l’édile. Le matériel scolaire en est sans doute la meilleure preuve. Le tableau, proposé dans les catalogues à 500 euros, coûte environ 200 euros sur Internet. Le kit de traçage (règle, équerre, rapporteur) est vendu 50 euros par les centrales d’achat contre seulement 30 en ligne.

Les communautés ont le choix

Edward Jossa, PDG de l’UGAP

Mais peut-on pour autant parler de gaspillage de l’argent public ? Non, selon l’un des principaux acteurs. « Nous avons du personnel en amont (de l’achat) qui aide les collectivités ou l’ensemble des clients à faire les choix les plus pertinents possibles. Et surtout, nous disposons d’un service après-vente. -disons tout ce travail autour de la qualité de l’achat, du début à la fin, ce qui nous valorise »argumente Edward Jossa, PDG de l’UGAP (Union des groupements d’achats publics), la plus grande centrale d’achats publics, pour justifier ses prix. « Les communautés ont le choix. Ils peuvent passer par nous, mais ils peuvent (aussi) passer par des achats directs »assure-t-il.

Des réglementations strictes qui encouragent l’utilisation des centrales électriques

En effet, rien n’oblige les acheteurs – en l’occurrence les collectivités territoriales et les établissements publics – à passer par ces centrales d’achat. D’ailleurs, au lycée professionnel Georges Charpak, à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain), pas question de se limiter au catalogue. Le secrétaire général de l’établissement passe de longues heures à écumer les meilleurs prix sur Internet. Exemple anodin mais révélateur, elle a trouvé les chasubles, demandées par les professeurs de sport, bien moins chères que celles via les circuits officiels. « 10 euros et quelques quatre, au lieu de 18,52 euros. Il vaut donc mieux, effectivement, commander ailleurs qu’à l’UGAP”plaisante Christine Teston, au micro de TF1.

Toutefois, le lycée, comme tous les autres établissements publics, est soumis à des règles strictes. Il doit donc demander au moins trois devis à différentes sociétés et saisir les factures sur une plateforme en ligne. En clair, économiser de l’argent demande beaucoup de travail au personnel chargé des différents achats. « C’est un investissement personnel, du temps. Ce n’est pas toujours facile à trouver car nous n’avons pas que des commandes à gérer »souligne le secrétaire général. Autant dire que de nombreuses administrations font le choix de la facilité et de la rapidité en se tournant vers les centrales d’achat.

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Ceci étant dit, ces formalités, conformes au droit européen, sont nécessaires, assure le gouvernement. « C’est une manière d’assurer une certaine équité et un accès égal aux différents fournisseurs dans toute l’Union européenne, et même au-delà, aux commandes des acheteurs publics dans toute l’Europe »fait valoir François Adam, directeur des achats de l’État (DAE), rattaché au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Il n’est donc pas question d’explorer cette piste pour aider l’État à réaliser les économies qu’il recherche désespérément pour l’année 2025.


MG | Reportage : Léa KEBDANI, Pauline LORMANT

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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