« Nos enfants sont les grandes victimes de la société numérique », déclare Jean-Noël Barrot

Trois clics. Longtemps reléguée au second plan des vidéoclubs, la pornographie est désormais accessible à tous sur la toile, y compris aux plus jeunes. Un problème, alors que les jeunes Français passent de plus en plus de temps sur les écrans. Alors, le gouvernement planche sur le sujet depuis plusieurs mois, afin d’empêcher l’accès aux sites pour adultes aux mineurs. Une promesse qu’Emmanuel Macron avait faite il y a quatre ans, et qui se heurte depuis à de nombreux obstacles.

« Des mercenaires cupides et sans cœur »

« Nos enfants sont les premières victimes de la société numérique », a déclaré sur Europe 1 Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications. « Chaque mois, deux millions d’enfants sont exposés à des images pornographiques. Si vous avez un enfant de douze ans, il y a une chance sur trois qu’il ait déjà été exposé à ce type d’images. Pourquoi ? Parce que les sites pornographiques ne vérifient pas l’âge de leurs utilisateurs », déplore-t-il.

« Ce sont des mercenaires avides, sans cœur, irresponsables ; qui placent le trafic, les profits, les revenus publicitaires au-dessus de la santé de nos enfants puisque l’exposition précoce à des contenus pornographiques a des conséquences néfastes sur le développement affectif de l’enfant », poursuit-il. Dans le collimateur notamment, cinq géants du secteur comme Pornhub ou XVideos, déjà visés par une procédure lancée par l’Arcom, chargée de veiller à ce que les sites pornographiques respectent leur obligation de vérifier l’âge de leurs visiteurs, qui ne peut plus être une simple déclaration de majorité depuis une loi de 2020.

Plus besoin de juge

La décision de justice doit être rendue le 7 juillet, mais le blocage n’est pas acquis, les plateformes contestant la demande au motif que la loi n’est pas suffisamment précise sur les modalités de vérification de l’âge.

Ainsi, « je propose que l’on puisse aller beaucoup plus vite en donnant par exemple à l’Arcom le pouvoir de bloquer l’accès à des sites pornographiques en quelques semaines, un mois maximum, à condition qu’ils ne vérifient pas l’âge des utilisateurs », souligne Jean-Noël Barrot. « Ce blocage pourrait se faire sans passer par un juge. Et la décision pourrait être complétée par un déréférencement sur les moteurs de recherche ainsi qu’une amende pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires », précise le ministre délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications.